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Chanas

La Halle des terroirs ouvre ses portes

C'est une offre commerciale de nouvelle génération qui a été lancée le 4 juin dernier à Chanas. la Halle des terroirs est une grande surface de fruits et légumes pilotée à grande échelle par les producteurs roussillonnais.
La Halle des terroirs ouvre ses portes

A armes égales. Et la proximité en plus. La Halle des terroirs, qui ouvre ses portes le 4 juin à Chanas dans la zone commercial Green7, n'a rien à envier aux supermarchés et tout à promettre à sa clientèle. Sur 700m2, cette grande surface de fruits et légumes d'un style inédit s'est donné pour objectif de fournir en circuit court, en grande quantité et avec professionnalisme des produits tracés et de belle qualité, tout au long de l'année, en respectant leur saisonnalité. A cela s'ajoute un certain choix de produits issus de régions plus éloignées de façon à toucher une plus large gamme de consommateurs, ainsi que des produits transformés sur place ou par des exploitants. En effet, le bâtiment dispose d'un espace de transformation d'environ 1 200 m2 qui comprend un atelier traiteur, une boulangerie, un atelier de découpe et de transformation pour les filières viande et volaille, et des chambres froides.

80 agriculteurs

L'initiative est originale car portée par 80 agriculteurs du pays roussillonnais adhérents de la Halle et épaulés par la coopérative Dauphinoise. La structure commerciale est une SAS divisée en six sociétés correspondant chacune à une filière : fruits, légumes, vin et épicerie, produits laitiers, viandes, céréales. Les approvisionnements sont garantis grâce aux contrats souscrits avec les producteurs installés dans un rayon de 50 kilomètres alentour, en Isère, Drôme, Ardèche et dans le Rhône. « Ce concept est une réponse à une urbanisation. Il correspond à un besoin. C'est une relocalisation de l'offre inscrite durablement », indique Alexandre Sevelinge, vice-président de la Halle des terroirs. Il explique que si la vente directe représente un créneau porteur pour un quart des exploitations, ce n'est pas un métier. Produire, transformer et vendre : les limites du système peuvent être rapidement atteintes quand on est agriculteur. C'est la raison pour laquelle les producteurs sont actionnaires de la Halle, qui emploie une vingtaine de salariés à son ouverture dans les métiers de la vente et de la transformation. Les exploitants peuvent donc se détacher du volet commercial, se recentrer sur leur cœur de métier et se professionnaliser, voire créer de nouveaux débouchés, mettre en place de nouvelles productions, produire différemment et mieux. C'est le cercle vertueux imaginé par les producteurs. « La valeur ajoutée est à la base du produit, insiste Alexandre Sevelinge. L'objectif de la halle est de réaliser un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros d'ici à trois ans en conquérant 3 à 4% des parts de marché sur les produits alimentaires frais. » Dans le Roussillonnais, les exploitants ont décidé de prendre leur destin en main. Le point d'équilibre se situe à la croisée d'un prix « raisonnable » pour le consommateur tout en dégageant de la valeur ajoutée pour le producteur. Le modèle n'est réaliste qu'à la condition de faire du volume, de la transformation et donc de disposer de locaux conséquents.

Alexandre Sevelinge, vice président de la SAS Halle des terroirs.

Deux millions d'euros

Le projet est né il y a quatre ans du constat de la demande des consommateurs en produits locaux, d'une volonté politique de voir les territoires se développer en construisant une offre locale et de la tendance grandissante des grandes surfaces à vouloir s'inscrire sur le créneau de la proximité. « C'est un concept nouveau, qu'il est encore difficile de situer dans un environnement économique », note le vice-président de la SAS. « Un des plus gros travaux a été de constituer des groupes homogènes d'agriculteurs par type de production et qui partagent les mêmes objectifs », souligne-t-il. C'est à ce niveau qu'est intervenue la coopérative Dauphinoise, dont nombre de producteurs sont adhérents. Elle a notamment mis à disposition un consultant pendant un an, de façon à permettre au groupe de se structurer pour faire émerger le projet. La jeunesse de beaucoup d'exploitants, car 50% des engagés ont moins de 35 ans, a peut-être contribué à la dynamique de l'expérience. La deuxième étape a été de mettre en place une gouvernance avec la création de la société mère présidée par Julien Dutour et des six sociétés satellites, puis le recrutement des professionnels, dont la directrice. Quant à l'enveloppe du projet, elle s'élève à deux millions d'euros. Elle est constituée de fonds propres, d'un prêt bancaire et d'aides de l'Etat, de la Région et du Département.

« C'est une aventure humaine, considère Alexandre Sevelinge. Il a fallu trouver des gens qui ont envie de s'investir, puis tous se comprendre. » Les réunions de groupes et de comités de pilotage ont été légion ces dernières années mais aujourd'hui, la Halle des terroirs est devenue une réalité.

Isabelle Doucet