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La jeune agriculture iséroise dans les salons... de l'Elysée

Quelques heures avant l'inauguration du Salon de l'agriculture, le président Macron a souhaité rendre hommage aux nouveaux visages de la France agricole. Trois Isérois ont fait partie des 850 jeunes installés invités.
La jeune agriculture iséroise dans les salons... de l'Elysée

Sur leurs gardes, mais plutôt séduits. Les trois jeunes agriculteurs isérois représentant « la nouvelle génération agricole » célébrée par Emmanuel Macron à l'Elysée le 22 février ne regrettent pas leur micro-séjour sous les ors de la République.

Certes, ils n'ont pas pas pu « discuter avec le président », mais ils ont apprécié le style et le propos.

« On voit qu'il a un autre état d'esprit que les présidents précédents, juge Steven Clavel, agriculteur à Biol. Ce qu'il dit, ça rebooste, c'est sûr. Mais il faut voir si c'est réalisable. »

Donner un avenir à l'agriculture

En l'occurrence « ce qu'il dit », ou plutôt ce que le chef de l'Etat rappelle aux 850 jeunes installés en 2017 venus l'écouter, c'est que « d'ici à 2020, demain, 40% des agriculteurs seront partis à la retraite ».

 

850 jeunes agriculteurs étaient invités à l’Élysée par le président de la République.
(crédit photo Steven Clavel)

 

C'est donc aujourd'hui que « la nouvelle génération agricole » - avec l'appui de Macron soi-même - a « la responsabilité immense de construire la France agricole ».

Le président souligne qu'il s'agit d'une « transformation radicale », qui s'opère dans un cadre nouveau, « avec une concurrence nouvelle, des marchés nouveaux, des habitudes sociales nouvelles et des technologies nouvelles ».

 

Aurélie Charlaix, Bastien Kocik et Steven Clavel représentent les jeunes installés isérois invité par Emmanuel Macron. (crédit photo Steven Clavel)

 

Et d'ajouter : « Je ne construis pas l'ambiance de samedi [ouverture du salon de l'agriculture - NDLR] : je m'en moque. Je construis le visage de la France agricole des prochaines années. Oui, il y a des décisions difficiles à prendre. Oui, il y a des discours qui ne plaisent pas. Oui, il y a beaucoup d'habitudes à changer. Mais nous allons le faire ensemble parce que nous partageons cette responsabilité (...). Ma volonté, c'est de donner un avenir à l'agriculture française. Mais cet avenir ne se construira ni dans la fermeture, ni dans le sacrifice de la qualité, ni dans les fausses promesses et les faux engagements. »

J'aurais voulu savoir si la bio a de l'avenir

Une manière habile d'introduire les dossiers chauds de l'actualité, à savoir le paiement des aides, la révision de la carte de l'ICHN, la signature des accords de libre-échange avec le Mercosur et la question du glyphosate.

Là encore, les trois jeunes Isérois ont trouvé le président « crédible », bien qu'ils aient eu le sentiment d'un « beau discours un peu général ».

Pour Aurélie Charlaix, du Gaec des Berlioux, à Saint-Théoffrey, « c'est une bonne expérience ».

La jeune femme aurait cependant aimé « échanger plus avec le président », notamment au sujet des petites exploitations qui, comme la sienne, ont « pris le risque de passer en bio », mais se retrouvent dans l'incertitude du fait de la suppression de certaines aides.

« Beaucoup n'ont pas reçu les subventions qu'elles attendaient et se retrouvent en déficit. C'est là que je suis inquiète, déclare la jeune éleveuse. J'aurais voulu savoir si la bio a de l'avenir ou si c'est juste un effet de mode... »

Un « discours à la Macron »

Motivé mais critique lui aussi, Steven Clavel a eu l'impression d'entendre « un discours à la Macron », incitant les jeunes à « avancer », à « arrêter de voir les choses en négatif ».

« C'est son point de vue et c'est son rôle », juge le jeune homme.

 

Steven Clavel, agriculteur à Biol, dans la cours de l'Elysée (crédit photo Steven Clavel).

 

Eleveur à La Forteresse, Bastien Kocik le rejoint : « Il nous a un peu rassurés sur le Mercosur, en nous disant que la France ne fera pas rentrer tout et n'importe quoi. Il était convaincant, mais on attend de voir... »

Il nous dit qu'il faut investir, s'adapter, exporter

Une prudence partagée par beaucoup. « Pour le Mercosur le président nous dit que ce n'est pas une mauvaise chose, ajoute Steven. Selon lui, le problème ne vient pas du Mercosur, mais de la France qui doit savoir faire face à la fraude à la viande aux hormones et réorganiser la filière bovine qui va mal. Il nous dit qu'il faut investir, s'adapter, exporter. Ce n'est pas faux, mais il ne faudrait pas que ce soit toujours les mêmes qui trinquent (...). Exporter du vin, c'est bien, mais les producteurs du Bordelais s'en sortent déjà bien. Pour lui, en gros, il est là pour aider les jeunes qui représentent l'avenir de l'agriculture. Il veut pousser les jeunes à investir. Mais il faut pouvoir le faire dans des productions viables. »

Comme ses collègues, Steven apprécie le travail qui a été fait, notamment sur les prix, mais il s'interroge sur la suite. « C'est ce qu'il faut faire, mais est-ce que ça aboutira ? » Réponse courant mars.

Marianne Boilève