La marque Is(h)ere, outil stratégique pour faire consommer local

Après un démarrage en douceur, les choses s'accélèrent. La marque Is(h)ere s'installe dans les rayons de la grande distribution. Avec une trentaine de mises en relation comptabilisées au début de l'année 2019, les producteurs agréés commencent à récolter les fruits du travail de communication mené par le Pôle agroalimentaire auprès du grand public et des distributeurs depuis près d'un an. Outre les réseaux spécialisés Biocoop et L'eau vive, certaines enseignes comme Metro, Super U, Carrefour ou Intermarché se mettent à jouer le jeu, référençant progressivement des dizaines produits estampillés Is(h)ere.
Audit express
« Souvent, c'est un magasin qui s'intéresse à la marque et me contacte », explique Nathalie Garçon, en charge du développement du Pôle Agroalimentaire de l'Isère. Le rendez-vous pris, la chargée de mission se rend dans le magasin et réalise un rapide état des lieux avant de rencontrer le responsable. Cet audit express permet de recenser les produits locaux en vente et d'inventorier ceux qui manquent, de façon à proposer une liste pertinente de nouveaux produits, établie en fonction de différents critères (gamme, prix, zone géographique...). C'est ainsi qu'une enseigne comme Intermarché à Revel-Tourdan a récemment référencé cinq nouveaux fournisseurs (Motte Viandes, Le Val qui rit, les Eleveurs de saveurs, les bières Mandrin et la Laiterie du Mont-Aiguille) et que le Super U de Biviers s'est laissé convaincre d'étoffer sa gamme de miels avec les produits d'un apiculteur du Grésivaudan agréé Is(h)ere.
Partenariat durable
Une fois ce premier contact établi, producteurs et distributeurs sont mis en relation par le Pôle, à charge pour eux d'entreprendre des négociations commerciales qui s'inscrivent dans le cadre d'un « partenariat durable ». Pour aider les producteurs dans leurs démarches, le Pôle est en train d'élaborer une charte de bonnes pratiques qui permette à chacune des parties d'engager la relation commerciale le plus sereinement possible. Il s'agit d'une sorte de vade mecum qui liste les points de vigilance, mais aussi les engagements réciproques de chacun. Si le distributeur s'engage par exemple à ne pas exiger la reprise des invendus ni appliquer des pénalités de retard, le producteur doit en retour s'engager à livrer des produits conformes et à signaler tout retard en cas de problème. « Un magasin peut très bien comprendre qu'il y a un souci de récolte, mais il faut le prévenir et ne pas le mettre devant le fait accompli », précise Nathalie Garçon.
Prix juste
Côté rémunération, la marque implique que le produit agricole brut ou transformé soit fixé « à un prix juste qui tiendra compte des coûts de production dans un contexte de marché ». Mais pas question de laisser le Pôle définir ce prix. « Nous n'en avons pas le droit, explique Nathalie Garçon. La loi nous interdit de fixer des prix de vente a minima. En 2012, les producteurs d'endives ont été condamnés par l'Autorité de la concurrence à verser une amende de près de quatre millions d'euros pour cela. » Même avec les meilleurs arguments du monde, le secteur agricole n'échappe pas au droit de la concurrence.