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Politique agricole

La Pac n'est qu'une partie de nos revenus

Le secteur des céréales doit se montrer innovant pour aller chercher la valeur ajoutée qu'il est capable de produire estime Jérôme Crozat, responsable de la section grandes cultures de la FDSEA de l'Isère.
La Pac n'est qu'une partie de nos revenus

Jérôme Crozat, éleveur dans le nord Isère, mais également responsable de la section grandes cultures de la FDSEA, n'est pas déçu par les propositions de François Hollande. « Les orientations formulées s'appuient beaucoup sur des préconisations professionnelles, notamment de la FNSEA, avance-t-il, même si tout n'est pas retraduit. Il y a du bon pour l'élevage et un renforcement de la politique de montagne. Il y a du moins bon pour les céréales, commentaire que l'on peut élargir aux zones de plaine ». Un avis donc mitigé selon les productions que l'on pratique. Mais le jeune agriculteur estime que « globalement, il ne faut pas être déçu par les réformes. Cela amène à repenser la stratégie sur nos exploitations ». Et il le traduit concrètement : « Nous avons des cartes à jouer. D'abord celle des OP* lait. Nous devons les constituer rapidement afin de pouvoir être costauds dans les négociations sur le prix du lait, que ce soit avec les coop ou les privés. Ensuite, nous devons jouer la carte de la valeur ajoutée à aller chercher en céréales. Il y a des segments de marchés spécifiques auxquels nous devons nous intéresser, avec une politique de qualité. Je pense en particulier au blé meunier, aux semences. Nos organismes collecteurs, privés et coop, savent déjà générer de la valeur ajoutée en la matière, mais nous devons renforcer ces démarches ». Il ne faut donc pas tout attendre de la Pac et de sa réforme, selon Jérôme Crozat. « Ce n'est qu'une partie de nos revenus. Nous devons mieux négocier nos contrats de marchés et ne pas hésiter à utiliser de nouvelles formules ». Et sous ce vocable, l'éleveur céréalier entend aussi bien la contractualisation que des négociations à mener avec les collectivités locales dans l'approvisionnement des cantines ou plus largement de la restauration hors foyer. « Le conseil général, comme la Région, veulent du "manger autrement". Bien. Mais pourquoi pas le faire avec nous, avec des produits issus de l'agriculture raisonnée locale ? Souvent les collectivités locales sont heureuse de venir nous trouver pour avoir des surfaces épandables pour les boues des stations d'épuration. Nous devons négocier des contrats d'achat pour les cantines en contrepartie ».

Un point a laissé le responsable agricole sur sa faim dans les annonces faites : celui de la gestion des risques. « C'est un point vital pour la sécurité économique des exploitations à moyen terme, estime-t-il. Alors, qu'est-ce que le gouvernement met derrière cette notion ? L'annonce est maigre, tout reste à transcrire ».

 

*Organisations de producteurs

JME