La productivité d'une filière

« Créer de la valeur plutôt que partager celle déjà existante », c'est le conseil de Patrick Ramet, président de la raclette de Savoie qui vient tout juste d'obtenir son IGP.
L'organisation des filières et leur productivité ont été analysée sous l'œil du retour d'expérience de ceux qui ont osé se lancer à la recherche de valeur ajoutée pour leurs produits à forte empreinte territoriale.
« Dans ce monde ouvert, exposé aux risques mais où il y a des opportunités à saisir, il y a des fondamentaux, déclare le savoyard. C'est la performance et la création de valeur. »
Il met en préalable la capacité d'organisation collective autour d'un objectif économique. « Il faut faire l'effort d'investir dans un outil opérationnel », insiste-t-il.
Georges Champeix, président de l'association Porc de montagne, raconte qu'il a fallu 10 ans aux éleveurs porcins pour construire le cadre juridique de leur production.
Cette filière interprofessionnelle s'est d'abord penchée sur les attentes des consommateurs pour valoriser un produit qui n'avait alors qu'une image industrielle.
« L'important n'est pas le nombre de cochons, mais la valeur ajoutée dégagée par porc produit »
Après l'élaboration du cahier des charges et la structuration de la filière, les parties ont signé un accord sur le retour de la valeur ajoutée fixée pour chaque kilo de produit.
Ainsi 2/3 revient aux producteurs, les abatteurs-découpeurs et les salaisonniers se répartissant le tiers restant.
« L'important n'est pas le nombre de cochons, mais la valeur ajoutée dégagée par porc produit », insiste Georges Champeix.
L'histoire se décline aussi en Italie avec le « parmigiano reggiano » de montagne, valorisé 3 euros de plus qu'un parmesan classique.
« Il ne vient pas remplacer un marché »
« Là où se vend le parmigiano reggiano de montagne s'est développé un marché parallèle, estime Piero Gattoni, producteur laitier et vice-président de CIB, le consortium pour le label parmesan de montagne. Il ne vient pas remplacer un marché normal, mais crée une tradition autour. »
Le producteur croit beaucoup à la diversification des exploitation grâce aux sous-produits agricoles, utilisés dans la production d'énergie.
Aurélien Clavel, producteur isérois et membre du bureau national des JA a insisté sur la stratégie de filière comme point de départ pour le retour de la valeur ajoutée dans les exploitations.
Il attend donc des politiques européennes qu'elles impulsent un effet de levier pour aider les filières à se structurer.
Pascal Denolly, le président de la FDSEA Isère a pour sa part fait valoir la question du leadership paysan dans l'émergence des projets.
Enfin, la prochaine PAC devrait permettre de lever un frein important qui est celui du droit de la concurrence.
ID
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