La profession agricole fait bloc contre les mensonges de Greenpeace
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Vendredi 30 novembre, les organisations professionnelles invitaient les médias et représentants de l'État à visiter ce qu'est une ferme laitière de l'Ain, qualifiée de « ferme-usine » par l'organisation environnementale, Greenpeance.
À Champagne-en-Valromey, dans le Bugey, les deux associés du Gaec des Eglances, Sylvain et Christophe Vallin, sont à la tête d'un cheptel de 75 vaches laitières et quelques génisses gestantes.
Christophe a repris la ferme familiale en 1992, rejoint un an plus tard par son frère. En 2000, ils ont investi pour mettre les bâtiments aux normes et l'année d'après dans un séchoir à foin pour bottes rondes.
« Mardi, Greenpeace a publié sa carte et nous sommes référencés comme une usine ! Nous avons 75 vaches... ça met en colère ! Et surtout, on se pose des questions sur les conséquences. Après l'incendie il y a quelques semaines, de l'abattoir Gesler, c'est difficile à vivre ! Moi je suis un animalier dans l'âme, et puis là, on nous montre du doigt. C'est insupportable », livre Sylvain Vallin, des sanglots dans la voix.
Une carte truffée d'erreurs
La semaine dernière, Greenpeace publiait ainsi une cartographie interactive des « fermes-usines » de France, provoquant un tollé général au sein de la profession agricole.
Plus de 4 000 exploitations « sélectionnées » à partir de la base de données des installations classées (ICPE) fournie le 7 septembre dernier par le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES).
Ont été « épinglées » sur cette carte les soi-disant « fermes-usines » dépassant les seuils suivants : plus de 400 vaches laitières, plus de 750 emplacements pour les truies et plus de 2 000 emplacements pour les porcs de plus de 30 kg, plus de 800 animaux pour les élevages de veaux de boucherie et/ou bovins à l'engraissement et plus de 40 000 emplacements pour les volailles.
Par exemple, dans le département de l'Ain, la carte montrait près de 70 « fermes-usines ».
Là où le bât blesse, c'est qu'aucun de ces types de ferme n'existe en réalité dans le département !
Contactée mercredi dernier, Greenpeace s'est engagée à retirer dans un premier temps les exploitations bovines de l'Ain de la carte et de corriger toutes les incohérences publiées.
À l'heure où nous bouclons ses pages, la carte indique toujours une petite vingtaine de « fermes-usines » dans l'Ain.
Une communication « d'une extrême violence »
Le réseau FRSEA et JA Aura ainsi que la FDSEA et les JA de l'Ain ont réagi en dénonçant « des pratiques insupportables et d'une extrême violence », rappelant que « derrière les slogans ou les cartes publiées, ce ne sont pas des conglomérats ou des holdings impersonnels, mais des femmes, des hommes et leurs enfants qui sont pointés du doigt et stigmatisés ! ».
Un modèle familial à défendre
Adrien Bourlez, président de la FDSEA, s'est exprimé vendredi devant les nombreux agriculteurs présents, les médias et le préfet de l'Ain, Arnaud Cochet à Champagne-en-Valmorey : « on dénonce encore une fois l'agri-bashing. Là, ça dépasse les bornes ! Greenpeace balance n'importe quoi sur la toile et fait le buzz sur l'agriculture. Aujourd'hui, nous sommes sur un modèle agricole familial et très loin de ce qui se passe sur des fermes usines présentes dans d'autres pays. Notre rôle est de rétablir la vérité » et il appelle à ce que « la famille agricole communique sur ce modèle familial et dénonce ces attaques injustifiées ».
Le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Joux, a ajouté avec fermeté : « Nous allons demander aux éleveurs des fermes ciblées par Greenpeace de porter plainte. Ce dénigrement nous met hors de nous. Nous avons la plus belle agriculture du monde. Il faut que l'on ait la reconnaissance que l'on mérite et en particulier des pouvoirs publics afin d'être soutenus ».
« C'est de la diffamation ! »
Même indignation chez les Jeunes Agriculteurs. Leur président départemental, Gaëtan Richard, utilise la métaphore du « coup de poignard dans le dos » suite à la publication de cette carte et clame sa colère : « quand on voit apparaître son nom sur la carte, ça coupe les bras, ça casse le moral, ça fait mal ! C'est une remise en question de nos pratiques. Des journées comme celles-ci, c'est aussi montrer que les portes des exploitations sont toujours ouvertes, pour expliquer ce que l'ont fait et pourquoi on le fait ».
Gilles Brenon, secrétaire général de la FDSEA de l'Ain, emploie des mots encore plus forts : « On vit notre activité avec nos tripes. C'est de la délation, de la diffamation. Nous sommes jetés en pâture à des extrémistes, ce n'est plus acceptable ! ».
Le représentant de l'État, le préfet de l'Ain, Arnaud Cochet a réagi à la colère du monde agricole en lui renouvelant son soutien : « Nous sommes ici sur une exploitation bien gérée. Nos services connaissent comment sont tenues les exploitations de l'Ain. On est ici tout à fait sur le modèle type d'une exploitation familiale du département. La polémique n'a pas lieu d'être. Les services de l'État sont à vos côtés. »