"La Ruche qui dit oui!" s'installe au lycée de La Côte-Saint-André

« La Ruche qui dit oui ! », les Baratier n'en avaient jamais entendu parlé avant de se lancer dans l'aventure. Eleveurs laitiers à Saint-Siméon-de-Bressieux, Pascal, Béatrice et leur fils Simon avaient jusqu'alors opté pour des circuits de commercialisation classiques, livrant l'essentiel de leur production laitière à la laiterie d'Eydoche, transformant le reste (environ 10%) pour le vendre dans le commerce ou en direct sur les marchés et à la ferme. « C'est Sylvie Francillon, la responsable de la Ruche de la Côte-Saint-André, qui nous a démarchés et nous a expliqué l'intérêt du système, confie Pascal Baratier. Pour nous, c'est un moyen de développer la vente directe et de toucher une autre clientèle. »
Inaugurée mardi 12 mai, la Ruche de La Côte-Saint-André est la dernière née des Ruches iséroises. Lancée à l'initiative de Sylvie Francillon, une « abeille » de Champier qui « cherchait s'investir dans quelque chose pour arrondir ses fins de mois tout en aidant les paysans à vivre de leur métier », la nouvelle Ruche s'est installée dans l'enceinte du le lycée agricole. « J'ai eu vent de l'initiative menée au lycée agricole de la Tour-du-Pin, raconte-t-elle. Comme je cherchais un local pour abriter ma Ruche, j'ai contacté le lycée de La Côte, qui m'a réservé le meilleur accueil. Le directeur est très enthousiaste et nous booste : pour lui, c'est une des vocations des lycées agricoles que de promouvoir ce type d'initiative. »
Recruter des producteurs locaux
Une fois le local trouvé, il a fallu recruter des producteurs locaux. Pas facile : beaucoup avaient déjà leurs propres réseaux et circuits de commercialisation. Il a fallu prospecter jusqu'à Jarcieu, consulter des quantités d'annuaires, des sites ciblés. Un travail de fourmi qui nécessite de la patience et pas mal de force de persuasion, car de nombreux producteurs sont tentés de décliner l'offre. « Le système de commande par Internet a pu en bloquer certains », hasarde-t-elle. Le bouche-à-oreille aidant, elle finit tout de même par convaincre une douzaine de producteurs locaux qui permettent d'offrir aux 90 membres de la jeune Ruche un large éventail de produits fermiers ou artisanaux (produits laitiers, volailles, viandes, fruits, légumes, confitures, plats cuisinés...), ainsi que le miel fourni par le pôle apicole de la ferme du lycée agricole.
Chaque semaine, Sylvie sélectionne pour la plateforme de sa Ruche une série de produits mis à disposition par les producteurs (en fonction de la saison et des stocks) et en informe les clients par mail. Ceux-ci devront passer commande en ligne avant le jour de la « distribution » (la première se déroulera le 22 mai), système qui permet au producteur de ne livrer le jour J que les quantités nécessaires et de repartir sans aucun invendu. « La distribution fonctionne comme un petit marché où les clients rencontrent et échangent avec les producteurs quand ils récupèrent leur commande, précise Sylvie Francillon. Mais ils ne repartent qu'avec ce qu'ils ont commandé à l'avance : ils ne peuvent pas s'approvisionner sur le marché en direct. »
Pas d'intermédiaire
Pour les producteurs qui tentent le pari, l'intérêt est double. Ils savent à l'avance ce qu'ils vont vendre et combien ils vont gagner, dans la mesure où ils fixent librement leurs prix ainsi que le « minimum de commande ». Le jour de la distribution, pas d'intermédiaire, ni d'échange d'argent : tout transite par le site de « La Ruche qui dit oui ! ». Les factures réglées en ligne sont payées au producteur dans un délai de 15 jours maximum, déduction faite des « frais de service » qui correspondent à 16,7% de son chiffre d'affaires hors taxe (8,35% pour le responsable de la Ruche pour son travail d'organisation des ventes et d'animation du réseau, 8,35% pour la plateforme Internet de la Ruche pour le support technique et commercial).
« Pour nous, c'est beaucoup moins contraignant qu'un marché classique, estime Béatrice Baratier. On est présent deux heures sur place, pas plus. » Pour son fils, qui a rejoint l'exploitation familiale l'an dernier, l'aventure mérite d'être tentée : « Les gens achètent tout par Internet aujourd'hui, constate Simon. Ils utilisent le drive. La Ruche, ça ressemble un peu à un drive fermier : autant essayer pour voir si ça marche. »
Marianne Boilève
La France cherche ses fermes d'avenir
Les réseaux « Fermes d'avenir » et « La Ruche qui dit oui ! » lancent un concours pour soutenir les projets emblématiques de l'agriculture de demain. Ouvert jusqu'au 31 mai à tous les agriculteurs porteurs de projets innovants, ce concours récompensera 13 initiatives originales et économiquement viables (une par région selon le nouveau découpage). Celles-ci devront être remarquables par leur créativité, leur viabilité économique, les débouchés et les créations d'emplois qu'elles offrent, leurs impacts positifs sur l'environnement, leur dimension pédagogique, et surtout leur caractère reproductible. Chaque ferme lauréate recevra au minimum 10 000 euros, montant qui pourrait être triplé grâce à une campagne de financement participatif. Formulaire et règlement disponibles en ligne sur www.concoursfermesdavenir.fr.