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Tourisme vert

La taxe de séjour fait des remous

Lors de l'assemblée générale des Gîtes de France, il a longuement été question de l'application de la taxe de séjour aux hébergeurs, à géométrie variable selon les communautés de communes.
La taxe de séjour fait des remous

Du remue-ménage dans la gouvernance nationale, un nouveau logo et de nouveaux panneaux, des pubs qui passent sur les grandes chaînes télévisées, une activité départementale en progression, un nouveau président avec le départ de Philippe Riboulleau et l'arrivée de Marc Boulot : l'actualité brossée par les Gîtes de France Isère lors de leur assemblée générale au Palais du Parlement à Grenoble, le mercredi 27 mars dernier, était pourtant soutenue, mais c'est un autre sujet qui a retenu toute l'attention des « gîteurs ».

La réforme de la taxe de séjour*, à laquelle tous les hébergeurs sont assujettis depuis le 1er janvier 2019 en raison de l'application de la loi Notre et du transfert de la compétence tourisme aux communautés de communes, fait grincer les dents. Non pas que les adhérents de Gîtes de France Isère s'opposent à cette taxe utile à l'attractivité touristique, mais ils dénoncent une mise en place arbitraire.

Barème maximum

« Dans le Grésivaudan, se sont produites des choses aberrantes, dénonce Agnès Ferrari, propriétaire d'un gîte à Crêts-en-Belledonne. Le montant de la taxe de séjour a été décidé par l'intercommunalité sans implication des hébergeurs, ni de la plateforme. »

 

Agnès Ferrari, propriétaire d'un gîte rural de trois épis et quatre étoiles à Crêts-en-Belledonne dénonce l'application sans concertation de la taxe de séjour dans le Grésivaudan.

 

Votée à l'unanimité par lés élus communautaires à l'automne 2018, les hébergeurs n'en ont été informés qu'au mois de décembre, découvrant que le barème maximum avait été appliqué.

Face à l'émoi suscité dans le Grésivaudan, une réunion a eu lieu le 3 décembre avec les hébergeurs du secteur.

« Le 10 décembre, la communauté de communes a accepté de revoir ses tarifs, mais le vice-président nous a informés qu'il s'agissait de tarifs provisoires renégociables au mois de juin », indique Agnès Ferrari.

Allez voir les élus !

Elle dénonce l'absence de concertation et de réflexion. « Personne n'a fait le calcul », poursuit-elle. Dans la cas de son gîte classé 4 étoiles et d'une capacité d'accueil de huit personnes, le surcoût s'élève à 130 euros la semaine.

« Pour que les gens ne trichent pas », elle défend le principe « d'une taxe raisonnable, qui ne dépasse par un euro ».

A l'unisson avec d'autres hébergeurs de la salle, elle interroge : « Quel est l'intérêt de rester classé ? Nous sommes obligés de renégocier à la baisse à cause de la taxe de séjour. »

Le risque est en effet de voir de nombreux hébergements jusqu'alors classés trois ou quatre étoiles déclassés en une étoile pour retrouver une taxation raisonnable. «  On obtient le résultat inverse au but affiché de qualité », regrette Bruno Bernabé, le directeur du relais départemental des Gîtes de France Isère.

« Surtout ne déclassez pas, rétorquent d'autres hébergeurs. Mais allez voir les élus ! »

Mobiliser le réseau local

Frédéric Astrua, hébergeur à Saint-Honoré, a apporté un contre-exemple vertueux, la négociation s'étant passée dans les règles en Matheysine où 49% de socio-professionnels des activités pleine nature et 51% d'élus siègent à la commission tourisme.

« La question a été abordée en Codir et entérinée par la communauté de communes. Il y a eu concertation », explique-t-il. En sorte que les barème appliqués restent raisonnables ne dépassant jamais les 1,50 euro dans le haut du classement.

 

L'assemblée générale de Gîtes de France Isère s'est déroulée le 27 mars au Palais du Parlement à Grenoble.


Au regard des problèmes rencontrés dans certaines communautés de communes, le président Marc Boulot a assuré que Gîtes de France Isère s'emparerait de la question et interpellerait les élus.

« Nous allons devoir être de plus en plus présents face aux élus et mobiliser le réseau local », a appuyé Philippe Riboulleau, le président sortant.

Organisme collecteur de la taxe de séjour qu'il reverse aux intercommunalités, mais aussi labellisateur, Gîtes de France a du poids et peut se faire entendre, surtout « si des dépenses auparavant affectées au développement touristique le sont aujourd'hui au fonctionnement des structures », ajoute l'ex-président.

Isabelle Doucet

* La taxe de séjour est due par personne et par nuit. À partir du 1er janvier 2019, son montant varie selon le type d'hébergement (hôtel, meublé de tourisme, camping, etc.) et selon que l'hébergement est ou non classé (étoile-s, classement préfecture). Des tarifs minimaux et maximaux ont été fixés : de 0,70 euros à 2,30 euros pour un hébergement quatre étoiles, 0,50 à 1,50 pour trois étoiles, 0,30 à 0,90 pour deux étoiles et 0,20 à 0,80 pour une étoile.

 

Economie / Le réseau des Gîtes de France Isère affiche d'excellents résultats.

Les bons chiffres du tourisme rural

« Ce sont des chiffres qui font plaisir », a annoncé Bruno Bernabé, le directeur de Gîtes de France Isère à la lecture des résultats du service de réservation (Sirt).
Pour la première fois, le chiffre d'affaires a dépassé les 3 millions d'euros, en progression de 7%.
Le panier moyen s'établit à 638 euros, soit 24 euros de plus qu'en 2017, ce qui témoigne d'une offre de logements plus qualitatifs, mais aussi d'une optimisation des durées de séjour.
Le chiffre d'affaires moyen par gîte est passé de 8 500 à 9 350 euros par an.
Le nombre de propriétaires adhérent au Sirt a également dépassé la barre des 300.
Les classements 3 épis représentent 59% de l'offre. Le taux d'occupation est aussi en progression de 1,5%. « Nous avons dépassé le seuil de 18 semaines », fait remarquer le directeur.
Le secteur des Plaines et collines observe la fréquentation la plus régulière et le Vercors, la Chartreuse ainsi que Belledonne, les plus hauts pics saisonniers.
Ce sont les gîtes de grande capacité et les gîtes un épi qui peinent le plus à faire le plein.
30,8 millions d'euros de retombées touristiques
Pour l'ensemble du réseau Gîtes de France Isère, le nombre d'adhérents est de 672, soit une cinquantaine de plus que l'an passé.
80% sont des gîtes ruraux, 12% des chambres d'hôtes et 8% des gîtes de groupes.
Le Vercors concentre 30% de l'offre, suivi par les Plaines et collines (26%) et l'Oisans (15%).
Le chiffre d'affaires direct du réseau est de 12,1 millions d'euros. L'activité de tourisme rural génère en Isère 30,8 millions d'euros.
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