La vallée des animaux rois

« C'était un vieux rêve de travailler dans le domaine agricole ». Maude Magal s'est installée à Saint-Didier-de-la-Tour en février 2016.
L'exploitation surplombe les Vals du Dauphiné, laissant dérouler un paysage champêtre jusqu'à la Dent du Chat en Savoie. « Un coup de chance », reconnaît elle.
C'est sur Leboncoin qu'elle repère, avec son compagnon, cette affaire, une pension équestre à l'activité déclinante. « Nous avons parlé de notre projet, négocié et racheté tout le foncier, soit huit hectares. »
Amoureuse des chevaux, comportementaliste équine, Maude Margal n'envisageait pas de s'installer sans avoir aussi une production agricole. « La plus accessible, celle qui nous parlait le plus, c'était les poules pondeuses bio ».
A cette deuxième activité s'ajoute aussi celle de ferme pégagogique. Parce qu'il n'y a pas que des chevaux, des poneys et des poules chez Maude Margal, on trouve aussi des oies, des chèvres, des lapins, des cochons et tous les animaux de la basse-cour installés autour d'un parcours de découverte - bientôt couvert - « enfin, si on a le temps », indique la fermière.
Le sens du contact
Aussitôt, elle a rejoint le réseau Bienvenue à la ferme et l'exploitation est largement ouverte aux visiteurs, à l'image des journées l'Automne à la ferme organisées le week-end dernier.
« J'ai effectué beaucoup de stages avec la chambre d'agriculture de l'Isère », explique Maude Magal. La rencontre avec la conseillère Céline Legeay lui fait découvrir les réseaux dont Le chemin des fermes, dédié à l'accueil des groupes et dont elle est devenue membre du bureau.
L'exploitante a la sens du contact et aime faire partager sa passion pour les animaux. « J'ai toujours eu des animaux. C'est mon entourage qui m'a incité à faire ça ». A tel point qu'elle ne se résoud pas à faire abattre ses poules de réforme et préfère les vendre en vif.
En semaine, la ferme reçoit des classes, des groupes d'enfants, de personnes en situation de handicap. Le week-end, l'exploitation ouvre ses portes en participant aux différentes opérations : La clé des champs, Manger bio, manger local, etc. « Il faut qu'on nous voie, mais on ne peut pas aller trop vite car nous avons beaucoup d'aménagements à faire. »
Forte demande en œufs bio
Avec 250 poules pondeuses, l'exploitation peine à répondre à la demande en œufs bio. En raison des scandales qui ont entaché la filière avicole, les œufs bio ont le vent en poupe.
Mais la productrice râle car le prix des aliments bio a subi une augmentation de 15% en quelques mois. Elle s'interroge sur l'effet d'aubaine.
La vente des œufs s'opère en direct, sur les marchés, dans les magasins Biocoop et auprès du restaurateur local, qui travaille le plus possible avec les producteurs du coin.
« Je ne veux pas aller au-delà de 500 poules », explique Maude Margal qui vient d'installer un nouveau poulailler pour une bande de 50 poules supplémentaires.
Les perchoirs, les nichoirs, tout est fait maison et récup, selon les codes de l'économie agricole. Il en va de même pour les locaux d'accueil des groupes réalisés en bungalow modulaires et qui demandent encore à être habillés, notamment d'une terrasse. « Nous faisons dans l'économique et le pratique », souligne l'exploitante.
L'activité équestre réclame le plus de temps. Cécolia, c'est le nom de l'exploitation, signifie Centre éthologique comportementaliste et lien animal. Maude Margal est intarissable sur le travail entre l'humain et l'animal. « Les animaux sont des éponges qui captent nos émotions », rappelle-t-elle.
A la tête d'un petit élevage de onze chevaux de selle et d'une dizaine en pension, elle ne fait pas d'enseignement, mais accompagne le cavalier et son cheval, sur place ou bien en se déplaçant dans les centres équestres.
L'exploitation ne demande qu'à se développer. Son compagnon envisage de s'installer à son tour, à moins qu'un associé ne s'intéresse aux activités de Cecolia. « C'est un projet qui a abouti », considère Maude Margal avec satisfaction.
Isabelle Doucet
Découverte
Les produits d'automne
L'Automne à la ferme, qui se déroule jusqu'au 22 octobre prochain, reprend une intiative lancée à l'échelle nationale par le réseau Bienvenue à la ferme. C'est la deuxième année que cette opération est suivie en Isère. Sept fermes avaient choisi d'y participer. Rien à voir avec la manifestation Prenez la clé des champs qui se déroule au mois de mai et prend chaque année davantage d'ampleur.L'événement revêt une dimension plus modeste mais correspond aux attentes de certaines exploitations dont les productions collent mieux à la saison ou qui sont mieux dimensionnées pour un accueil limité. Ainsi la Grange aux érables à Izeaux peut enfin montrer ses arbustes dans toute la splendeur de leurs feuilles d'automne.
Cette année, une troupe de théâtre est venue agrémenter les portes ouvertes et les marchés fermiers. Trois représentations de ce cabaret rural proposé par la troupe Atheca ont déjà eu lieu, rencontrant le succès. « Les comédiens de la troupe étaient enchantés de jouer dans des lieux si atypiques et ravis de l'accueil qui leur a été réservé », rapporte Céline Legeay, conseillère à la chambre d'agriculture de l'Isère en charge du réseau Bienvenue à la ferme. La dernière représentation est prévue à la Ferme des 13 fontaines, à Brézins, dimanche 22 octobre.
L'Automne à la ferme draine un public plus local qui a flairé la bonne oppportunité d'aller découvrir les produits des fermes iséroises hors affluence du printemps.
Pour les producteurs, c'est une opération de communication avec un format différent, peut-être moins ambitieux que La clé des champs, mais tout aussi prisé dans la qualité de la relation entre le producteur et le visiteur. Et cette année, le beau temps était de la partie.