Le Bouchage se mobilise pour ses pommes

« Nous n'avons pas de comice, mais nous avons la fête de la pomme ! » Chaque année, début octobre, Le Bouchage, dont Annie Pourtier est maire, attire quatre à six mille visiteurs venus croquer à pleine dent la production locale. Cette fête, que l'élue décrit comme un « outil de cohésion sociale », a un sérieux impact sur la notoriété et l'activité économique de la commune. Du torréfacteur, qui propose pour l'occasion un « thé à la pomme » aux producteurs locaux, en passant par l'auberge, tout le monde parvient à tirer son épingle du jeu de cette aventure collective. « Pour moi, c'est la foire la plus importante de l'année », confie Julien Harlé, qui propose une vingtaine de variétés sur son stand et vend entre cinq et six tonnes de pommes à chaque édition.
Cet engouement pour la fête et les pommes du Bouchage ne doit rien au hasard. Depuis quelques décennies, le territoire a vu se développer une production fruitière dont la qualité est reconnue bien au-delà de l'Isère. « Nous avons de très faibles rendements pour avoir de meilleurs fruits », explique Philippe Fiard, arboriculteur et président de l'association La pomme au pays des couleurs qui organise la fête depuis 18 ans. Comme ses confrères alentour, ce producteur passionné prend plaisir à cultiver, en plus des « classiques », des pommes anciennes, dont la golden grise, une variété qu'il a miraculeusement sauvée de la disparition il y a une vingtaine d'années et « que l'on ne trouve pas ailleurs ».
Garder son âme
« Cette fête, c'est Philippe et mon père qui l'ont créée pour promouvoir les pommes du village, raconte Julien Harlé. La culture des pommiers remonte à la fin de la guerre. A l'époque, une analyse des sols avait mis en évidence l'intérêt de planter des arbres fruitiers sur le territoire de la commune. Une trentaine de fermes se sont mises à faire de la pomme. Les gens venaient directement les chercher dans les exploitations. Mais dans les années 90, ça a décliné, notamment en raison du développement des magasins de producteurs. D'où l'idée de redynamiser les ventes en lançant une fête de la pomme. » Plutôt rudimentaire au début, la manifestation s'est peu à peu étoffée et même professionnalisée, mais sans jamais dévier de sa vocation : faire la promotion de la pomme du Bouchage et de ses produits dérivés. Rien d'autre. « Vous ne trouverez pas des marchands de tout et de rien chez nous : la fête a gardé son âme », s'enorgueillit Julien Harlé.
Toutes les animations sont en effet construites autour de la pomme et de la vie rurale. A côté des balades à dos de poney ou des circuits en tracteurs, les producteurs et l'association des Croqueurs de pommes font découvrir et déguster d'innombrables variétés, le sou des écoles prépare et vend des mètres de boudin... aux pommes, l'ADMR fait de même avec des beignets... aux pommes et Michel Franchelin, producteur bio à Veyrin-Thuellin, passe tout son dimanche à presser à fabriquer en direct des hectolitres de jus... de pommes.
Marianne Boilève
De 8h à 18h. Au programme : stands des arboriculteurs locaux, animation de l'association des Croqueurs de pommes, jeux et animations pour les enfants, démonstration de tournage sur bois et vannerie et Mix Bike Show (11 h 30, 14 h 30 et 16h).