Le Cese plaide pour une grande cause nationale alimentaire
Réuni en séance plénière le 22 avril, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté un avis prônant une politique volontariste de l’alimentation.

L’avis présenté par les deux conseillers, Jean-Louis Joseph (président de la Fédération des parcs naturels régionaux de France) et Dominique Marmier (président de Familles rurales) a recueilli 94 voix sur 122. Les deux co-rédacteurs de cet avis de 72 pages confirment, une fois de plus, que les dépenses alimentaires sont devenues « une variable d’ajustement dans le budget de nombreux ménages ». Dans les années 1960, les ménages consacraient plus du tiers de leurs ressources financières à l’achat de nourriture. Un chiffre tombé à 20 % au début des années 2000 et entre 14 et 16 % en 2023. L’une des conséquences est « l’augmentation de la précarité alimentaire d’autant que 8 % de la population, soit 5,3 millions de personnes, vivent avec moins de 940 euros par mois », souligne l’avis du Cese. Une enquête C-Ways de 2023 indique que 21 % de la population française se déclare en insécurité alimentaire stricte et de manière plus large, 37 % se déclarent en insécurité alimentaire. Cet état touche notamment les couples avec enfants (36 %), les 18-24 ans (41 %) et surtout les femmes (59 %). Cette mauvaise alimentation est le terreau favorable au développement de pathologies parfois sévères : surpoids, obésité, diabète, troubles cardiovasculaires, etc. Les politiques publiques mises en place comme le plan national nutrition santé (PNNS), le programme national pour l’alimentation (PNA), le plan national santé environnement (PNSE) ne parviennent pas à éradiquer l’ensemble des phénomènes constatés. Les nombreuses actions d’information et de sensibilisation ont des « résultats encore insuffisants » souligne le rapport. De même les associations habilitées pour l’aide alimentaire (Croix-Rouge, Banques alimentaires, Restos du cœur, etc.) peinent à couvrir l’ensemble des besoins.
Les préconisations
Fort de cet état des lieux, les deux corédacteurs, membres de la commission Territoires, agriculture et alimentation, émettent seize préconisations, au premier rang desquelles « mettre en place une véritable politique interministérielle dédiée à l’accès pour tous à une alimentation saine et de qualité et faire de celle-ci une grande cause nationale ». Le Cese souhaite généraliser les projets alimentaires territoriaux (PAT), élargir leur champ d’intervention et pérenniser leur financement et inciter au niveau national à l’utilisation du Nutriscore, pour tous les produits transformés et vendus préemballés. Jean-Louis Joseph et Dominique Marmier suggèrent également de mentionner l’origine géographique des produits pour les « principaux ingrédients végétaux des produits transformés et ultra-transformés, vendus préemballés, fabriqués en France et importés, ainsi que pour les plats servis en restauration hors domicile ». L’avis du Cese préconise également de faciliter l’accès des producteurs ainsi que des artisans et commerçants de proximité à la commande publique locale. Les autres recommandations concernent des mesures plus classiques comme renforcer l’encadrement plus strict aux niveaux français et européens de la publicité à destination des enfants sur les produits trop gras, trop salés et trop sucrés ou l’organisation d’Assises nationales de lutte contre la précarité alimentaire.