« Le contrat d'objectifs est ambitieux et raisonnable »

Qu'apporte ce contrat d'objectifs et de performances 2016-2020 d'un point de vue financier ?
Nous avons fixé un niveau très élevé d'investissements en forêt domaniale : 100 millions d'euros par an. Dans le contrat d'objectifs précédent, nous étions sur 80 millions d'euros par an. Je suis optimiste car les niveaux fixés sont raisonnables.
Le niveau de l'endettement de l'Office est stabilisé depuis trois ans. Il s'agit maintenant d'amorcer la décroissance de la dette. Pour cela, le contrat fixe de limiter le recours aux financements bancaires à 266 millions d'euros à échéance 2020 contre 298 millions d'euros fin 2014. Par ailleurs, nous comptons mobiliser différentes sources de financement comme les Feader, prioritairement outre-mer. La forêt domaniale est en outre nouvellement éligible au fonds chaleur de l'Ademe.
Les Feader et les programmes de développement rural ne sont-ils pas déjà fixés ?
Les programmes de développement ruraux peuvent être révisés. Le ministère de l'Agriculture gère ce sujet avec les conseils régionaux.
Au-delà des investissements prévus pour la gestion des forêts, comment comptez-vous résorber la dette de l'ONF ?
En augmentant les recettes. Nous allons mobiliser davantage de bois. Il s'agit d'une ressource renouvelable en France. Nous visons l'objectif de 15 millions de mètre cube par an d'ici 2020. 6,5 millions de mètres cube pour la forêt domaniale et 8,5 millions de mètres cube pour les forêts communales. Cela demandera un effort significatif car en 2014, les collectivités ont mobilisé 7,7 millions de mètres cube. L'objectif du Cop
2016-2020 est ambitieux, mais raisonnable. Pour la forêt domaniale, on passe d'un objectif de mobilisation de 6,3 à 6,5 millions de mètres cube, inférieur à l'accroissement naturel de la forêt.
Qu'en pensent les communes forestières ?
Les communes forestières sont d'accord. La difficulté est qu'il n'y a pas un seul propriétaire, mais 11 000 communes forestières. Parmi elles, certaines sont habituées à gérer leur forêt, d'autres moins. Les communes forestières ont un intérêt à prélever le bois de leurs forêts, c'est une recette utile.
Sur quelles autres recettes l'ONF peut-elle compter pour résorber sa dette ?
Les activités concurrentielles se développent. Il s'agit de nos opérations avec les gestionnaires d'infrastructures comme la SNCF, Orange, GRDF, etc. Les équipes de l'ONF sont performantes. Par exemple, la SNCF veut investir pour le nettoyage le long des voies ferrées. Nous avons aussi les concessions sur l'utilisation de la forêt domaniale, le renouvellement des contrats de chasse, les golfs par exemple. Les utilisations sont croissantes. Enfin, nous fixons des objectifs de croissance des ventes de bois façonnés : 50 % des volumes commercialisés en forêt domaniale en 2020 et de 30 % pour les forêts des collectivités. La contractualisation avec la filière bois sécurise les ventes de l'Office, augmente la valeur ajoutée captée par l'ONF et assure l'approvisionnement des industriels.
Qu'en est-il de la rémunération des services écosystémiques des forêts ?
C'est un objectif de l'accord de Paris de la Cop21. La rémunération des services écosystémiques des forêts permettra à moyen terme de financer la gestion durable et multifonctionnelle de la forêt publique, mais il y a de nombreuses difficultés techniques à lever.
Face aux recettes, il y a des dépenses. Quels sont les objectifs de ce Cop ?
Le Cop précédent prévoyait de produire plus de bois avec moins d'agents. L'équation de ce Cop est de produire des volumes croissants mais raisonnables avec davantage d'effectifs. Après treize ans de baisse, le Cop prévoit une augmentation des emplois qui passeront de 9 113 en 2016 à 9 313 en 2020.
Quel regard portez-vous sur l'accord climatique du 12 décembre ? Quels sont les enjeux pour le secteur des forêts ?
Cette convention cadre parle pour la première fois de forêt, de l'accroissement des stocks de carbone forestier et de la gestion durable des forêts. Lutter contre la déforestation est un objectif pour la forêt tropicale. C'est l'inverse dans les pays tempérés où la forêt croît. En Europe, ne pas utiliser une ressource renouvelable comme le bois
ne relève pas de la gestion durable. Il faut donc prélever cette ressource sans décapitaliser.
Cette avancée de la Cop21 sera poursuivie lors de la réunion de la Cop22 à Marrakech en décembre 2016, le Maroc étant un pays forestier, bien connu des forestiers français, qui a de forts enjeux de reboisement.