Accès au contenu
Coup de froid

Le gel frappe inégalement l'Isère

Toutes les productions n'ont pas été affectées, certaines ont pu être protégées, mais les dégâts sont importants dans plusieurs secteurs.
Le gel frappe inégalement l'Isère

Après le stress hydrique, le gel. Annoncé depuis plusieurs jours, le coup de froid de la semaine dernière a laissé des traces. En arboriculture, les dommages varient en fonction des cantons. Dans celui de Roussillon, les arbres ont été épargnés. « Ça a soif, nous arrosons à plein, mais nous n'avons pas eu le gel », témoigne Françoise Thévenas, arboricultrice à Saint-Maurice-l'Exil. Mais à Saint-Prim, quelques kilomètres plus haut, « il n'y a pas grand monde qui y a échappé », indique Jérôme Jury qui a lui-même perdu un tiers de sa production de cerises. « J'ai un hectare qui est grillé à 100% : c'est tout marron autour du noyau... », décrit-il. Pour les abricots en revanche, il est encore trop tôt pour poser un diagnostic. « Ce n'est pas régulier, mais il va en manquer », annonce l'arboriculteur qui a pourtant protégé ses arbres en allumant 4 000 bougies au moment le plus critique.

Jérôme Jury peine à contenir sa colère : « La météo, c'est de la météo pour touriste ! Samedi, personne n'avait annoncé de gel, et on a eu - 4°C ! » La situation est d'autant plus délicate à gérer que l'exploitant vient de passer du temps à éclaircir ses arbres. Un facteur de stress supplémentaire qui, cumulé au manque d'eau et au prochain refroidissement annoncé pour jeudi et vendredi, risque de mettre la production en péril.

Le gel a durement affecté certaines productions, notamment les cerises. (Crédit photo : Franck Jacquin)

Ailleurs, les arboriculteurs ont connu des fortunes diverses. A Charnècles par exemple, Franck Jacquin déclare n'avoir perdu que trois rangées de cerisiers. Mais d'autres ont eu moins de chance. De même à Saint-Chef, où les viticulteurs annoncent des pertes de 80 à 100% selon les parcelles. Chez les nuciculteurs en revanche, les dommages sont fonction de la précocité des variétés. Les lara, ferbel et chandler ont été particulièrement touchées. « Sur certaines parcelles, il n'y aura pas grand chose à récolter », s'inquiète Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d'agriculture. Nuciculteur à Saint-Bonnet-de-Chavagne, il a lui-même constaté des pertes sur les franquettes en pied de coteau : « Ça a gelé sur le chaton, mais comme tout n'a pas encore éclaté, je ne sais pas ce que ça va donner. »

Protéger les cultures

En maraîchage, là aussi, il y a pas mal de fluctuations selon les secteurs. Comme les arboriculteurs, les maraîchers ont fait leur possible pour protéger les cultures, ce qui a permis d'éviter le pire. « Si on ne l'avait pas fait, c'était mort, reconnaît Michel Guillerme, producteur dans la ceinture grenobloise. Mais j'ai tout de même eu un peu de dégâts sur les blettes. » Idem du côté de Revel-Tourdan ou dans la plaine de la Bièvre. « On n'a pas perdu grand chose, mais ça a été énormément de travail pour tout protéger ! », confirme Luc Veyron, des Jardins du Mareytang. Seule bonne nouvelle en ce début de printemps capricieux : le retour de la pluie. La poisse pour les touristes, une aubaine pour les agriculteurs. A condition que le froid ne s'en mêle pas.

Marianne Boilève

Les services de l'Etat mobilisés

Gel dans les vignobles et les vergers : les viticulteurs et les arboriculteurs peuvent solliciter les services de l’État (Crédit photo : Pascal Xicluna / Min.Agri.Fr).
Les dégâts liés aux épisodes de gel de la semaine dernière ont touché de nombreux départements français, avec une concentration dans la moitié Est du pays. Les pertes de récolte du secteur arboricole pourront faire l’objet d’une indemnisation dans le cadre du régime des calamités agricoles, une fois que l’étendue des pertes définitives sera connue, à l’issue de la récolte 2017. Pour le secteur viticole, les pertes de récolte étant assurables, elles ne relèvent pas du régime des calamités agricoles, mais ce dernier pourra être activé, le cas échéant, pour les pertes de fonds, si les dommages impactent la récolte 2018.
Mesures
Les services de l’État sont mobilisés pour évaluer les dégâts et accompagner les producteurs.de façon à ce que les exploitants concernés puissent :
- avoir un accès au chômage partiel pour leurs éventuels salariés ;
- solliciter un dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti pour les parcelles touchées par la grêle. Sur ce point les Maires pourront formuler au nom de l’ensemble des contribuables concernés - de leur commune une demande collective auprès des services fiscaux ;
- solliciter auprès des caisses MSA un report du paiement des cotisations sociales.
Source : ministère de l'Agriculture