Le lait, un Bel avenir

La visite de l'exploitation de la famille Bel en vidéo
La fin des quotas ne l'inquiète pas. Ou pas plus que ça. Installé en Gaec familial en 2012, Mickaël Bel, 23 ans, appartient à cette race d'agriculteurs qui préfèrent foncer plutôt que se lamenter. Il a de qui tenir : son grand-père, son père et son oncle avant lui ont bâti un bel et solide édifice, le Gaec des Noyers, qui, d'une trentaine de vaches laitières au début des années 80, devrait bientôt abriter un cheptel d'une centaine de Holstein (75 actuellement) dans un bâtiment flambant neuf et robotisé. La folie des grandeurs ? Pas du tout. « Beaucoup de producteurs arrêtent le lait alors qu'il y a de plus en plus de gens à nourrir », constate le jeune éleveur. Calme et réfléchi, Mickaël Bel a pris le parti de développer son exploitation au lieu de réduire la voilure ou de se lancer dans une autre production. Dans les environs, deux gros producteurs ont arrêté ou vont le faire prochainement. De quoi envisager l'avenir avec sérénité. Et si les membres du Gaec reconnaîssent que les six prochains mois seront sans doute « compliqués, le temps d'écouler les stocks », leur collecteur - la Fruitière de Domessin, une petite PME qui transforme le lait de 70 producteurs - les a convaincus que « finalement, l'année 2015 ne devrait pas être si mauvaise que cela ». La laiterie de l'avant-pays savoyard, qui soigne ses éleveurs un peu mieux que d'autres semble-t-il, s'est même engagée à lisser les prix sur l'ensemble de l'année. « Avec elle, on peut encore discuter, ce qui n'est pas le cas avec de gros industriels comme Danone ou Sodiaal qui font la pluie et le beau temps », glisse le jeune homme.
Productivité en hausse
Fin janvier, les vaches du Gaec des Noyers vont donc emménager dans un nouveau bâtiment, construit à mi-chemin entre les deux habitations familiales. Une nouvelle vie va commencer pour elles... et pour les éleveurs. Adieu les logettes de l'ancien bâtiment mal ventilé, finies les trois heures de traite matin et soir : place au bien-être et à l'autonomie. L'installation étant équipée de deux robots de traite, les vaches n'auront plus qu'à aller se faire traire, à leur rythme et selon leur besoin. Les éleveurs, qui visent à terme une production annuelle de 1,2 million de litres de lait (le double de la production actuelle), tablent même sur une augmentation sensible de la productivité grâce à la robotisation.
Au départ, Mickaël et ses associés ont pensé se contenter d'agrandir le vieux bâtiment. Celui-ci étant installé en zone inondable, il fallait le rehausser de quatre mètres : autant construire du neuf. Mais pas n'importe quel neuf : une structure atypique de 85 mètres de long sur 32 de large, constituée de trois petits bâtiments lumineux, eux-mêmes surmontés d'une élégante charpente en bois de Chartreuse. Aérée par des filets brise-vent laissant passer l'air mais pas les courants d'air, la stabulation (2 350 m2 couverts) accueille 123 logettes, auxquelles s'ajoutent une dizaine de places en aire paillée. Les caillebotis sont équipés d'un racleur mécanique à corde, qui trie automatiquement les déjections. De part et d'autre, des « portes intelligentes » permettent d'orienter les animaux : d'un côté les vaches fragiles, de l'autre celles qui ont besoin d'un soin. A l'autre bout de la stabulation, même système : la porte permet aux bêtes de naviguer et d'aller pâturer comme bon leur semble, mais retient celles qui restent à traire. Une installation toute en cohérence et en intelligence, qui a valu à Mickaël Bel de remporter le prix de l'innovation lors de la première édition du concours Agri-Talent en novembre dernier.