« C'est par où qu'elles font les bébés les vaches ? », demande une petite fille haute comme trois pommes. « C'est comme pour les humains », explique Laura Budillon-Rabatel qui sait que pour familiariser les enfants avec le monde animal, la comparaison avec l'être humain attire leur attention. L'éleveuse de Voiron est une habituée des présentations au jeune public. « Cela fait 30 ans, que ma mère accueille des classes à la ferme », poursuit la vice-présidente des JA. Elle est venue faire équipe avec Sébastien Poncet, président des JA et éleveur à La Bâtie-Mongascon, dans le cadre du 1er Salon des Saveurs dauphinoises qui se tenait à Bourgoin-Jallieu le week-end dernier. Leur mission : intéresser 300 élèves de CP-CE1 aux animaux de la ferme et répondre à toutes leurs questions.  « Elle a quoi sous les pieds », demande une autre petite fille fascinée par cette grosse bête. « Des sabots », répond Sébastien. « Elle en a toujours du lait ? », « Comment elle fabrique le lait, la vache ? ». Les questions fusent du côté de la ferme pédagogique. Face à cet engouement, les deux jeunes éleveurs se répartissent la tâche. Le premier accueille les groupes qui font connaissance avec les animaux : les cochons, la vache et les chèvres, tandis que la seconde fait goûter le lait « frais de ce matin ». « Quand même, il est bon », affirme un connaisseur. L'institutrice les incite à sentir, puis goûter. La plupart adore, surtout si la dégustation se fait avec un peu de sirop local au fond du verre. « Il faut utiliser des mots simples. Avec des enfants de 6 ou 7 ans, c'est interactif. Ils réfléchissent, se posent des questions. Et nous sommes là pour lever les apriori », indique Laura Budillon-Rabatel.

Eveil des sens

Cinq ateliers étaient proposés aux classes, vendredi après-midi, « pour découvrir les goûts et les animaux, les producteurs et agriculteurs du Dauphiné ». Ils s'agissait d'un atelier dégustation animé par un chef avec découverte de produits bruts, puis cuisinés ; d'une dégustation à l’aveugle de confitures de fruits fabriquée à la ferme ; de l’histoire du pays Dauphinois et de ses emblématiques recettes (gratin, ravioles, brioche) par une conteuse ; de la découverte des plantes aromatiques et des fleurs comestibles avec le lycée horticole de La Tour-du-Pin et d'une ferme pédagogique animée par les Jeunes agriculteurs. « C'est une ouverture, je sors un maximum avec les enfants, fait valoir Aude Oger, institutrice à l'école Jean Rostand de Bourgoin-Jallieu. Les histoires, les choses simples, qui peuvent nous paraître anodines, intéressent les enfants. Venir à ce type de manifestation fait partie du programme des classes de CE1 où il s'agit de questionner le monde, de découvrir les cinq sens. Ces enfants ne connaissent pas ces choses. Ils sortent de leur quartier et découvrent par exemple comment on fabrique de la confiture, à partir de fruits.  » Les organisateurs ont dû refuser des classes tellement cette après-midi pédagogique a rencontré du succès auprès des écoles de Bourgoin-Jallieu et alentour. En proposant un temps dédié, avec des professionnels, pour que les enfants éveillent leurs sens, leur curiosité et un esprit citoyen, le Salon des Saveurs a fait mouche. « Le message passe par les enfants, confirme Laura Budillon-Rabatel. Mais il y a du boulot et les maîtresses ne peuvent pas tout faire. Il faut travailler sur ce type d'évément. Les animaux attirent toujours et c'est comme ça qu'on engage le dialogue, y compris avec le grand public. »
Même enthousiasme chez Julie Ruel-Gallay, cheffe du restaurant la Commanderie de Champarey à Bourgoin-Jallieu, qui anime un atelier pour la première fois. « Je fais découvrir aux enfants les fruits et légumes de saison, avec une version salée et une version sucrée », détaille-t-elle. Bien sûr, il y a une légère confusion chez les écoliers entre un brocolis et un artichaud, entre la salade et des épinards, mais ils ne s'en sortent pas trop mal. La restauratrice, qui travaille avec des produits locaux, a préparé une mousse aux pieds de brocolis assortie de graines de courge ainsi qu'une mousse de crème de marron avec une compote de pommes. Curieux, les enfants se précipent pour goûter et faire des commentaires. Le pari est gagné.

Isabelle Doucet

L'excellence agricole et gastronomique d'un territoire

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