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Le Min de Grenoble lance la livraison mutualisée dans l'agglo

Le marché d'intérêt national fait appel à un prestataire unique, Eurêka Logisitique, pour livrer les professionnels des métiers de bouche dans Grenoble et les villes de la « petite ceinture ». Objectif : réduire les coûts, gagner en efficacité et lutter contre les émissions carbone.
Le Min de Grenoble lance la livraison mutualisée dans l'agglo

« Aujourd'hui, ce n'est pas l'extase, mais nous avons tout de même dix clients à livrer... » Pendant que ses collègues achèvent de filmer les palettes prêtes à partir, Grégory Barthélémy, chef de quai chez Eurêka Logistique, contrôle bordereaux et bons de commande. Ce matin, il n'y a pas énormément de « remises » mutualisées à effectuer : une fois les colis de BF Viandes chargés, il va rester pas mal de place dans le camion frigorifique. Plutôt que de le faire partir à moitié vide, le responsable logistique complète le chargement avec les livraisons de son entreprise...

Tous les matins, l'équipe d'Eurêka logistique pointe les livraisons à effectuer. Eurêka logistique prend en charge les livraisons des clients du Min de Grenoble grâce à des véhicule sous température dirigée.  
Opérationnelle depuis le mois de février, la livraison mutualisée mise en place par le Min de Grenoble prend en charge la logistique du dernier kilomètre pour les grossistes et les producteurs présents sous la voûte qui ciblent une clientèle urbaine (commerces de bouche, restaurateurs, cuisines centrales...). Son rayon d'action : Grenoble intramuros et la « petite ceinture ». L'objectif est triple : « Il s'agit bien sûr de réduire les coûts de livraison (1), explique Bernard Colonel-Bertrand, le directeur du Marché d'intérêt national, mais aussi de permettre aux professionnels de se concentrer sur leur cœur d'activité et de s'adapter au plan de déplacement de la Métropole et du centre-ville de Grenoble, tout en baissant nos émissions carbone grâce à l'utilisation de camions propres. »

Equilibre économique

Le projet démarre en douceur. Assuré par Eurêka Logistique, une entreprise spécialisée dans le transport sous température dirigée, il est encore loin d'avoir trouvé son rythme de croisière, ni son équilibre économique. Ce qui n'empêche pas sa directrice, Isabelle Saury, de le défendre avec conviction. « Mon entreprise est fragile, confie-t-elle. Participer à cette aventure représente donc un risque. Mais je ne pouvais pas laisser passer ça. J'ai décidé de faire l'effort même si, dans un premier temps, ça me coûte cher : le camion que je mets à disposition n'est pas rentable. » Mais elle estime que le jeu en vaut la chandelle : « C'est dans l'air du temps. Bientôt, la mutualisation sera la règle et nous devrons avoir des camions propres. Autant s'y préparer et être dans les premiers à le faire ! »

Même discours chez les quatre grossistes (1) qui ont accepté de jouer le jeu. Tous ont déjà leur propre service de livraison. S'ils ont choisi de mutualiser certaines de leurs « remises », c'est à la fois pour montrer l'exemple et par choix tactique. « A chaque livraison, avant de me décider, je regarde là où nous pouvons être le plus performants, explique Audrey Modeste, responsable commerciale de Provence Dauphiné. En période de pics d'activité, je garde les extérieurs et Eurêka me fait Grenoble tranquillement... C'est d'autant plus rationnel, qu'à terme, l'hypercentre ne sera plus desservi, sauf par les camions propres. Nous n'y sommes pas encore, mais il vaut mieux anticiper que subir. »

Le grossiste en fruits et légumes Provence Dauphiné est l'un des quatre premiers clients de la livraison mutualisée. Pour BF Viandes, faire appel à la livraison mutualisée dans Grenoble permet de dégager du temps pour fournir une clientèle plus lointaine.

Formule de développement

Le raisonnement est tout aussi stratégique chez BF Viandes. « Pour moi, c'est une formule de développement, déclare le gérant, Loïc Lancelon. Avant, j'avais deux tournées. Ça pénalisait l'atelier, car il fallait que je détache un boucher aux livraisons. Si nous voulions nous développer, nous devions embaucher soit un boucher, soit un chauffeur. La livraison mutualisée résout le problème : elle se charge des remises dans l'agglo, ce qui me permet d'envoyer le camion plus loin. »

L'ambition avouée du directeur du Min est de voir le service monter en puissance pour atteindre une quarantaine de livraisons par jour, contre une quinzaine actuellement. « Nous sommes dans la phase d'essai, justifie Isabelle Saury. A chacune de nos tournées, nous distribuons des flyers pour faire connaître le service. Je suis persuadée que ça va marcher. » Bernard Colonel-Bertrand aussi, qui a déjà ferré quelques gros poissons, et entend obliger tout nouveau grossiste installé sous la voûte à recourir à la livraison mutualisée. Sans compter les producteurs du futur box fermier pour qui ce service conditionnait en partie leur installation.

Marianne Boilève

(1) Modulable en fonction du nombre de commandes transmises et du poids de chacune, le coût oscille entre 11 et 19 euros par livraison.
(2) BF Viandes, Provence Dauphiné (fruits et légumes), Promocash (produits alimentaires et équipements), Girard & Roux (offre boulangerie/pâtisserie).