Accès au contenu
Exposition

Le parcours du son

A La Côte-Saint-André, le musée Hector Berlioz invite le visiteur à cheminer à travers l'histoire de la capture et de la restitution du son en prolongeant cette exposition temporaire jusqu'au 30 septembre.
Le parcours du son

L'enregistrement et la capture d'un son par un appareil est une histoire récente, qui débute un peu avant la fin du XIXème siècle, lorsque Charles Cros et Thomas Edison inventent le phonographe, la même année, en 1877. Au musée Hector Berlioz, le visiteur est accueilli par une frise des enregistrements de la Symphonie fantastique à travers un siècle d'évolutions technologiques. C'est une des premières œuvres musicales enregistrées sur 78 tours en 1924. Il fallait alors six disques. « Aujourd'hui nous sommes dans la dématérialisation totale du son avec les plateformes téléchargeables », commente Antoine Troncy, directeur adjoint du musée Berlioz. C'est ce parcours du son qu'invite à poursuivre l'exposition temporaire « La musique, du phonographe à Internet », présentée au musée de La Côte-Saint-André jsqu'au 30 septembre. Deux écouteurs sont accrochés au buste du musicien, comme un fulgurant raccourci de l'histoire.

 

L'exposition temporaire rassemble une somme d'objets dont la beauté le dispute à la rareté.

Appel aux Dauphinois

A travers cette fabuleuse collections de phonographes, jusqu'aux tourne-disques portatifs Teppaz ou les fameux Nagra si chers aux reporters radio, on remonte le temps, à la recherche du son, de sa pureté, de sa puissance, de sa légèreté. Il a d'abord été capté, sur des cylindres, fragile et grésillant, parfois tout juste perceptible. Pour retrouver ces gramophones à cylindre, le musée a lancé un appel aux Dauphinois, sur les réseaux sociaux et les sites dédiés. « Les retours ont été importants, de la part de collectionneurs comme des particuliers », ajoute Antoine Troncy. Il y a notamment ce couple de Chambéry, Sylvie et Pierre Rubod, qui, non content d'apporter son importante collection de phonographes, propose une mise en musique des instruments en redonnant vie aux antiques appareils. Ces animations attirent près d'une centaine de personnes. L'émotion le dispute à l'admiration. Il y a à la fois ces sons extirpés du passés et la beauté de l'instrument sur lesquels ils sont reproduits.

 

Deux antiques gramophones à cylindre.

 

Bois précieux et pavillons en cuivre, en porcelaine, ou en simple tôle. « Dès le début, il y a eu une réflexion sur la forme du pavillon. En obus ou chauve-souris, en col de cygne ou de forme florale, ils devaient restituer le son de la meilleure façon possible, » explique Antoine Troncy. Leur taille répondait aux besoins de sonorisation des espaces. Et l'esprit mercantile n'était pas loin puisque dès le début du XXème siècle arrivent les appareils équipés d'un monnayeur.

Des creux et des vibrations

Le premier phonographe à disque apparaît en 1890. Une invention d'Emile Berliner immortalisée par le bull-terrier Nipper de La voix de son maître. « Il y a deux technologies du 78 tours, précise Antoine Troncy. Soit l'enregistrement se fait au fond du sillon et le saphir passe sur ces bosses et fait vibrer la membrane du pavillon. Soit l'enregistrement est latéral au sillon et l'aiguille vibre de façon latérale. » Au début des phonographes, le pavillon reposait d'abord sur les cyclindres, puis sur les disques, ce qui les abîmait. L'évolution technologique portera donc sur les enceintes. « La caisse va devenir l'espace de résonnance et le pavillon sera intégré », poursuit le spécialiste. On module les sons avec l'ouverture du coffre, les pavillons deviennent en papier, les appareils se miniaturisent et les phonographes de voyage apparaissent en 1925. Les enfants sont rapidement une cible commerciale. L'exposition montre une poupée parlante de 1925.

Appareils de légende

Jusque dans les années 30 ces appareils restent l'apanage d'une classe aisée. « Avec le changement de siècle et l'arrivée de l'électricité, la bande magnétique se développe parallèlement au disque », poursuit le directeur adjoint. C'est l'arrivée des enregistreurs sonores Nagra, à partir de 1951, qui deviendront des appareils de légende. Le son se décline désormais sous toutes les formes et se démocratise : récepteurs radio, jukeboxe dès les années 40, transistors. L'exposition temporaire compte un « combiné » ancêtre de la chaîne stéréo. Après guerre, les moulages plastiques donnent un nouveau design à tous ces appareils, tourne-disques ou mange-disques, lesquels ne laissaient aucune chance aux 45 tours. « Nous constatons toujours le même souci de miniaturisation », note Antoine Troncy. Dans le film Le corniaud, la Cadillac DeVille est une des premières voitures équipée d'un autoradio. Les années 60 sont aussi celles de l'emblématique tourne-disque Teppaz fabriqué à Lyon.

 

Le fameux tourne-disque Teppaz.            Le combiné, ancêtre de la chaîne stéréo.


Les années 80 seront celles du walkman, puis du baladeur CD dans les années 90, du MP3 dans les années 2000 et des tablettes. « Bref, la génération Y qui rappelle l'affiche de l'exposition avec Berlioz et ses écouteurs, lance le directeur du musée. Cette exposition crée un pont entre les générations, en même temps que technologique. Chacun retrouve un support qu'il a connu ». A travers cette exposition, le musée touche un plus large public que ses 15 000 visiteurs annuels. Un public qui n'est pas forcément berliozien et qui découvre cet écrin de culture au cœur de la Bièvre.

Isabelle Doucet

 

Un environnement complètement berliozien

Restaurée en 2003 la maison Berlioz a retrouvé le décor dans lequel évoluait Hector Berlioz de 1803 à 1821, année du départ du compositeur pour Paris. A l'étage de la cette maison musée, toutes les pièces sont d'époque et s'enrichissent régulièrement des dons et d'objets retrouvés. « C'est l'histoire en marche », sourit Antoine Troncy en désignant un vieux fusil qui porte la mention « 1865, à M. F. Faures, souvenir de M. Hector Berlioz ». L'objet avait été sauvé dans une déchetterie à Gières, car la famille Berlioz possédait une ferme à Muriannette. Dans la chambre bleue du compositeur, trônent ses diplômes de double bachelier en lettres et en sciences, obtenus en 1821 et 1824. On chemine de la salle d'apparat aux salons où se déroulaient des cours de musique du jeune musicien. Les meubles Haches habillent les pièces de cette maison bourgeoise. Le dernier étage est dédié aux récits de voyages avec des manuscrits, des œuvres musicales et des objets rares ayant appartenu à Hector Berlioz.
Au rez-de-chaussée, à côté des salles d'exposition temporaire, un auditorium offre 130 heures d'écoute aux mélomanes.
Après la bibliothèque nationale et la bibliothèque municipale de Grenoble, le musée départemental de La Côte-Saint-André recueille un des fonds Berlioz les plus importants. La maison accueille d'ailleurs une cinquantaine de chercheurs par an, mais aussi des chefs d'orchestre et des étudiants.

 

 

Le musée Hector Berlioz, à La Côte-Saint-André.

 

Des visites pour tous

 

Visites guidées gratuites dans la limite des places disponibles

L'exposition temporaire La musique. Du phonographe à Internet
Le dimanche 29 mars 2015 à 15h30
Le mercredi 15 avril 2015 à 15h30
Le dimanche 19 avril 2015 à 15h30
Le mercredi 22 avril 2015 à 15h30

 

Viens fabriquer ton phonographe !
Ateliers pour enfants (à partir de 10 ans) de 15h à 17h suivis d'un goûter.
Vacances de printemps : jeudis 16 et 23 avril et vendredis 17 et 24 avril 2015.
Chaque enfant repartira avec son appareil.
Participation gratuite. Inscription obligatoire auprès du musée : 04.74.20.24.88

 

Comment ça marche ?
Animations musicales à 11h, 15h et 17h.
Sylvie et Pierre Rubod, collectionneurs de phonographes, commentent l'exposition et font jouer les appareils exposés.
Dimanches 12 et 26 avril

 

Le musée et les pièces historiques de la maison natale
Le dimanche 5 avril 2015 à 15h30

 

Pour en savoir plus, le site du musée Hector Berlioz