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Environnement

Le plateau de Louze sous pression

Les sources de Louze font l'objet d'une pollution aux nitrates et aux phytosanitaires. L'organisme gestionnaire lance un diagnostic auprès de l'ensemble des acteurs pour établir un plan d'action en vue de retrouver leur potabilité.
Le plateau de Louze sous pression

Moins de 900 hectares : le périmètre de l'aire d'alimentation des source de Louze, au-dessus de Saint-Maurice-l'Exil, n'est pas très important. Mais sur les quatre sources existantes, deux ont déjà été mises en sommeil et sur les deux restantes, une pose problème depuis deux ans. « Nous observons des taux de nitrates supérieurs à la norme de potabilité de 50mg, ce qui pose des soucis d'approvisionnement pour la commune de Saint-Maurice-l'Exil », explique Matthieu Fontaine, technicien du Syndicat intercommunal de gestion de l'eau de l'assainissement de Roussillon du Péage et des Environs (Sigearpe*).
Les sources Francou et Mata sont très anciennes. Elles représentent 16% des ressources du Sigearpe. La mise en stand by de Francou oblige le gestionnaire à faire reposer le principal de sa ressource sur le champ de captage des Iles à Péage-de-Roussillon ou sur le Puits du Golley à Agnin, ce dernier faisant déjà l'objet d'un périmètre de protection. « Nous ne souhaitons pas abandonner la source Francou car nous en avons besoin dans notre plan d'alimentation des communes », insiste le technicien. Fin 2013, les analyses de cette source ont grimpé pour se cantonner de façon très régulière au-dessus des normes autorisées. La présence de produits phytosanitaires pose aussi problème. Changements de pratiques récents, évolution du contexte hydrogéologique ? « Nous avons besoin de poser des diagnostics pour réfléchir avec les acteurs locaux aux actions à mettre en place. Notre but est de récupérer la qualité des eaux », insiste le technicien.

Des pistes réalisables

Après avoir effectué une étude hydrologique, le syndicat a donc lancé un diagnostic territorial des pressions agricoles et des pressions non agricoles. Sont concernés une trentaine d'exploitations agricoles, une vingtaine d'entreprises artisanales ou commerciales, moins d'une dizaine de collectivités et Vinci autoroutes.
L'étude agricole sera conduite par le cabinet Alliance environnement. L'objectif est de connaître l'occupation des sols, de recenser tous les acteurs, de comprendre leurs pratiques. Une enquête individuelle sera menée dans chaque exploitation avec des questions d'ordre général sur le profil de l'exploitant, sur l'historique et les projets de l'exploitation, une description du système de production (assolements organisation du travail), du mode de commercialisation et bien entendu des pratiques agricoles (phyto, fertilisation, stockage, aires de lavage des pulvérisateurs, apports d'intrants etc.). « Ce n'est pas un contrôle », insiste Jean-Matthieu Fontaine. D'ailleurs, les questionnaires seront rendus anonymes. Les forages, en tant que points d'entrée privilégiés des pollutions dans la nappe, seront recensés. Le bureau d'étude s'intéresse « aux actions déjà mises en place par les agriculteurs et celles en réflexion. Il s'agit de faire ressortir des idées. Le but est de s'engager sur des pistes réalisables, dans le cadre d'une étude concertée et participative », affirment les pilotes de l'étude.
Les vulnérabilités intrinsèques aux pressions agricoles et non agricoles seront ensuite croisées. En effet, un travail significatif pourra être engagé sur la question des phytos et du désherbage avec les collectivités ou Vinci autoroute, le secteur étant traversé par deux routes départementales et une autoroute. Pour les nitrates, les principales sources non agricoles sont les réseaux d'assainissement collectifs ou non.

Zone d'action prioritaire

Les résultats des diagnostics seront rendus au mois de juin. C'est à ce moment-là que seront évoquées les pistes d'amélioration. L'ensemble des éléments collectés permettra d'établir des zones d'action prioritaires. Les champs d'actions, même « s'il n'y a pas de solution miracle », comme le reconnaît Jean-Matthieu Fontaine, porteront sur le foncier, le technique et le conseil. Pour l'heure, les possibles mesures d'accompagnement, ne sont pas connues.
Lors de la réunion publique de présentation, qui s'est déroulée la semaine dernière à Saint-Maurice-l'Exil, les agriculteurs présents ont observé un intérêt prudent, s'inquiétant que de nouvelles contraintes pèsent sur les exploitations.

Isabelle Doucet

*Le Sigearpe est composé des communes de Roussillon, Péage-de-Roussillon, Salaise-sur-Sanne, Saint-Maurice-l'Exil, Chanas, Sablons, Anjou et Agnin.