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Initiative territoriale

Le pôle agroalimentaire isérois veut ramener de la marge aux producteurs

Porté par plusieurs partenaires institutionnels, le futur pôle agroalimentaire doit permettre d'apporter de la valeur ajoutée aux producteurs tout en valorisant les produits isérois auprès des consommateurs.
Le pôle agroalimentaire isérois veut ramener de la marge aux producteurs

Avec 1,2 millions d'habitants, l'Isère dispose d'un beau vivier de consommateurs de produits locaux. Mais comment faciliter la connexion entre le producteur et le client final, voire « retisser du lien entre villes et campagne » ? La vente directe est une solution, mais elle ne convient pas à tout le monde. Et ne suffit pas à assurer des débouchés pour l'ensemble des producteurs, notamment ceux qui sont en filière longue. D'où la volonté des chambres consulaires, du Département et des collectivités territoriales de construire un « pôle agroalimentaire isérois » qui permette de développer des « filières alimentaires de proximité créatrices de valeur ajoutée pour les agriculteurs » en mutualisant les services (vente, recherche, logistique, promotion...) et en valorisant les produits isérois auprès des consommateurs.

Nouveaux circuits de distribution

Le futur pôle répond à une double ambition : « Soutenir les agriculteurs grâce à de nouveaux circuits de distribution » (restauration hors domicile, grandes et moyennes surfaces, industries agroalimentaires...) et « satisfaire les consommateurs en garantissant l'accès à des produits frais, de saison, d'origine connue et de qualité ». Lancée l'an dernier, la dynamique a démarré autour de l'agglomération grenobloise et de territoires satellites (Grésivaudan, Pays voironnais, Sud Isère...). Relayée par les élus locaux, elle s'étend aujourd'hui à l'ensemble du département, la Capi et le Pays viennois s'étant d'ores et déjà déclarés intéressés.

Des bêtes sur mesure

Pour le Département, « c'est une nouvelle manière de faire du commerce ». En effet, suite à un travail d'animation assuré par la chambre d'agriculture et la chambre des métiers, cofinancé par le Département, des éleveurs de charolais et limousines du Nord Isère se sont regroupés en association (Les éleveurs de saveurs iséroises) pour vendre des bêtes, produites selon un cahier des charges répondant aux attentes des clients (les bouchers). Au-delà de ce débouché spécifique et face à la crise économique que traverse l'élevage, les éleveurs ont ensuite démarché la grande distribution. Après une phase de test réussi, un contrat d'approvisionnement a été passé avec le Super U de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs qui leur achète deux bêtes par semaine. Au mois d'octobre, un test a été réalisé sur cinq magasins Provencia, à raison de deux bêtes par semaine, mais uniquement sur les quartiers arrière. Le Département a donc engagé un test équivalent sur les quartiers avant, en proposant aux collégiens de l'agglomération grenobloise un bourguignon à base de viande locale qui, selon nos sources, a été « fort apprécié ». Afin d'aller plus loin, Les éleveurs de saveurs iséroises se sont dotés d'un commercial à mi-temps pour suivre et développer ces nouveaux marchés garantissant aux éleveurs une juste rémunération de leurs productions, tout en faisant fonctionner l'économie locale puisque ces animaux sont abattus et découpés sur les abattoirs du Fontanil.

Structuration

Exemplaire, ce modèle de circuit de proximité en cours de structuration devrait rapidement être reproduit dans d'autres filières (veau, agneau d'alpage, produits laitiers...). Il existe des initiatives semblables pour les fruits et légumes (les plateformes ReColTer et Isère A Saisonner par exemple). Mais ce n'est que lorsqu'il disposera d'un bouquet d'offres suffisamment étoffé que le pôle agroalimentaire isérois pourra se targuer d'avoir réussi son pari.
MB