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Salon de l'agriculture

Le safran et les prairies accompagneront la délégation iséroise à Paris

On retrouvera les habitués et quelques petits nouveaux. Le salon de l'agriculture, qui se déroule du 22 février au 2 mars à Paris, accueillera une délégation iséroise composée de 13 exposants de produits participant au concours général agricole ainsi que 13 éleveurs. On peut faire confiance à l'huile de noix produite par la famille Convert, une valeur sûre ou aux saint-marcellin de l'Étoile du Vercors. Un saint-marcellin tout auréolé de sa nouvelle IGP et qui, du coup, sera fêté pendant deux jours, avec la Drôme le 26 février et l'Isère, le 27 février, à l'espace de la région Rhône-Alpes dans le pavillon 7.2 des provinces de France.

Pas de fromage sans vin : cinq viticulteurs des Balmes dauphinoises et du pays savoyard seront du déplacement. Une nouvelle production iséroise fait son entrée au concours général avec le safran Extravagant produit à Anjou. Quant à l'élevage, deux délégations se distingueront : les montbéliardes au nombre de quatre, les villardes en démonstration avec cinq bêtes, mais aussi une prim'hosltein, une abondance et une tarine, sans oublier un producteur ovin, tous témoins de la diversité de la ferme iséroise et dont beaucoup d'entre eux l'ont déjà honorée à Paris.

Liste complète sur terredauphinoise.fr
Le safran et les prairies accompagneront la délégation iséroise à Paris

Quand le Vercors monte à Paris, c'est avec son bleu (deux tonnes), ses vaches (cinq villardes) et son offre touristique. Une de ses ambassadrices est une vache de 12 ans, Taïga. Elle n'en est pas à son premier salon de l'agriculture et son propriétaire ne manque pas d'anecdotes au sujet de cette villarde aux lyres fièrement plantées. Il faut dire que comme ses consœurs, elle peut parfois être un peu vive, surtout au sortir d'un hiver passé bien au chaud dans la stabulation.

Taïga, fière représentante de la race villarde et de la production du bleu du Vercors Sassenage.

Doyenne vertacomirienne

Une journée de transport depuis Corrençon-en-Vercors jusqu'à Paris, via le lycée agricole de la Motte-Servolex où elle retrouve les autres montagnardes comme les tarines et les abondances, l'arrivée au salon, la foule, le brouhaha peuvent avoir de quoi incommoder cette belle bête de 800 kilos. « Il faut faire attention aux cornes, notamment à la traite lorsque toutes les vaches se retrouvent ensemble », explique l'éleveur. C'est ainsi que, lors d'un précédent salon, voyant sa vache baisser la tête à l'arrivée d'une prim'hosltein, Claude Gaillard raconte comment il avait pris le large, mais Taïga, un tantinet énervée, a dévié de la moquette pour se retrouver à plat ventre, les quatre pattes écartées. « J'ai bien cru qu'elle était perdue ». Mais non, la villarde est robuste et la revoilà, doyenne de la délégation vertacomirienne. Pas besoin de grands préparatifs, Taïga sait depuis longtemps marcher au licol et c'est la fille du propriétaire, Marine Gaillard, 15 ans, qui la présentera au concours général. Elle sera accompagnée d'une poignée de ses consœurs villardes, fières représentantes du fromage bleu du Vercors Sassenage et de leur race. Colombe, Taïga, Espérance, Bambi et Faisane, défileront sur le ring bovin Hall 7, dimanche 23, lundi 24, jeudi 27 février et samedi 1er mars.

Race d'origine

Cela fait plus de 15 ans, que Claude Gaillard élève des villardes, avec plus ou moins de chance. Il faut dire que la sélection est balbutiante dans cette race mixte qui a frôlé la disparition. La ferme de Perceneige compte un cheptel de 23 vaches laitières, des abondances principalement, quelques montbéliardes, souvenir du troupeau initial, trois villardes et leur suite. L'exploitation dispose d'un quota de 120 000 litres et transforme 40% de sa production depuis 1997, au moment de l'obtention de l'AOC bleu du Vercors Sassenage. Le reste est collecté par la coopérative Vercors lait : « C'est une chance et une souplesse car la production fromagère est saisonnière », explique l'éleveur. Lorsqu'il a décidé de valoriser son exploitation en produisant du bleu, Claude Gaillard n'imaginait pas que cela puisse se faire sans les vaches d'origine, les villard-de-lans. « Mais les bonnes villardes avaient disparu et nous sommes repartis avec ce que l'on a trouvé », poursuit-il. Il faut savoir qu'une villarde en première lactation produit entre 2 500 et 4 500 litres par an, pour les plus performantes. Taïga est donc le résultat d'un parcours mouvementé en termes de réintroduction de la villarde dans les élevages du Vercors, mais cette vache-là a donné cinq génisses et n'a jamais produit autant de lait que cette année : « 27 kilos, autant que les abondances », affiche son propriétaire. « Les villard-de-lans sont des races très tardives, rustiques, avec une croissance lente. Leur seul défaut est une production aléatoire, mais nous travaillons dessus avec l'OS* », poursuit-il.

S'il est certain de passer un bon moment au salon de l'agriculture en compagnie des amis du plateau, Claude Gaillard est aussi un homme de conviction.  « La villarde a du mal à être reconnue en dehors de sa zone, même si on en trouve quelques unes dans les massifs pyrénéen et central. Nous avons aussi besoin de faire connaître notre fromage. Cette vache nous a permis d'entrer au salon puis de faire connaître notre pays au tourisme, cela représente un tout », explique-t-il. Ses vaches, son fromage, son tourisme : le Parc naturel régional du Vercors sait s'appuyer sur ses trois piliers.

 

 

*Créé en 2009, l'Organisme de sélection races alpines réunies (OS RAR) réunit trois races : l'abondance, l'hérens et la villard-de-lans.

 

Isabelle Doucet

 

Prim'Holstein / Née au Gaec des Verchères à Optevoz, Gascogne sera la plus jeune des prim'holstein à participer au concours agricole général.

Jeune et jolie

Gascogne, prim'holstein benjamine du salon de l'agriculture.
Agée de deux ans et deux mois, Gascogne est une vache de race prim'holstein en première lactation. Précoce, très bien développée, elle s'est rapidement distinguée au sein du cheptel du Gaec des Verchères. L'exploitation compte 250 bovins dont 90 vaches à la traite, qui produisent 580 000 litres de lait pour la collecte et 125 000 pour la vente directe. La SAU de 315 hectares en zone défavorisée comprend 165 hectares enherbés et 75 hectares de maïs dont 35 hectares irrigués. La famille Teste pratique depuis de longues années la sélection génétique et compte régulièrement de très belles bêtes dans son troupeau, habituées des concours. Le Gaec participera pour la deuxième année consécutive au concours général agricole, renouant ainsi avec une vieille tradition familiale. Et c'est la « petite » Gascogne qui portera à elle seule les couleurs holstein iséroises. La bête revendique un pedigree profond, des origines américaines, produit déjà 30 kilos par lactation, présente une superbe mamelle et de très beaux membres. Elle défilera lundi prochain 24 février parmi les 140 bovins de la race sélectionnés. Les prim'holstein assureront la première partie du salon, restant sur place jusqu'au lendemain mardi. Gascogne sera accompagnée de Raoul Monterrat, employé du Gaec dont la double mission consiste d'une part à conduire la bête, mais aussi à faire preuve de pédagogie face aux visiteurs du salon volontiers curieux et critiques. Sur les stands, il est souvent question de bien-être des animaux (avec ou sans cornes), de production laitière et les éleveurs doivent faire face au feu des questions.
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