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Beaucroissant

Le terroir à la reconquête de la foire

La 798e édition de la foire de Beaucroissant sera placée sous le signe du terroir. Les producteurs seront les invités de marque dans le cadre d'une dynamique départementale et régionale qui entend sensibiliser le consommateur aux produits locaux.
Le terroir à la reconquête de la foire

La Beaucroissant - le nom a été déposé cette année - affiche plus que jamais son attachement au terroir.

A l'aube de sa 800e édition, qui se jouera en 2019, la plus ancienne foire de France revendique haut et fort ses racines terriennes. Encore faut-il le prouver. Car il ne suffit pas de s'appeler foire agricole, car celui qui recherche de l'authentique, du terroir doit pouvoir s'y retrouver.

Sous l'impulsion de contraintes extérieures ou par souci d'adaptation, la foire a certes évolué. Mais, à l'écoute de la demande sociétale, ce sont les collectivités qui endossent le rôle d'ambassadrices de cette envie de terroir.

Binôme cusinier-producteur

Le Conseil départemental de l'Isère est présent au cœur de la foire depuis longue date, mais a souhaité, cette année encore davantage, mettre les produits isérois à l'honneur.

Le département a donc invité sur son stand une quinzaine de chefs cuisiniers et pâtissiers isérois, qui réaliseront leur recette en direct, avec en binôme, le producteur d'un des ingrédients de la réalisation culinaire.

Bleu, noix, saint-marcellin, les trois AOC/AOP seront largement présentes, mais aussi des producteurs d'escargots, de champignons, de bière, de porc, de fruits, de légumes, de miel et de formage.
« Beaucroissant est une foire qui marque son territoire en tant qu'événement. Et pour les producteurs de noix, c'est une date emblématique car elle lance la saison », assure Franck Adiard, nuciculteur à La Rivière qui a repris l'exploitation familiale en 2015.

 

Franck Adiard sera en binôme avec Pascal Delannée, pâtissier à Tullins.
Nacho-Grez-Photographe

 

Il sera présent dimanche après-midi, au côté du pâtissier de Tullins, Pascal Delannée, qui réalisera de petits choux craquelin noix, crémeux caramel.

Franck Adiard a lancé la gamme de produits transformés Des trucs à la noix afin de développer l'activité et la rentabilité de la ferme.

Seul dans l'exploitation, il transforme environ un cinquième de la récolte et apprécie de faire plusieurs métiers. Une bonne partie de la production est vendue en circuit court.

« C'est une belle ouverture sur autre chose », s'enthousiasme le producteur qui évolue entre tradition et modernité, avec d'un côté la défense de l'AOP « une vraie richesse » et d'un autre, la présentation de nouveaux produits comme les noix salées et épicées, dans un packaging pétillant.

C'est bon signe

A la brasserie des Cuves, à Sassenage, on se réjouit également puisque Gaëtan Tarade, Masterchef 2013, exécutera sa recette des gaufres à la bière artisanale avec les bières de ces jeunes brasseurs, Stéphane Louvin et Nicolas Fernandez, installés depuis seulement deux ans et demi.

Après deux déménagements, la production est passée de 80 hl à 1 800 hl, bien au-delà du prévisionnel.

« Nous avons voulu faire un produit le plus populaire possible, avec une bière douce et légère », explique Stéphane Louvin. La brasserie se distingue en produisant une bière bleue réalisée avec de la spiruline. Elle a été baptisée la bleue de Sassenage, clin d'œil entendu au fromage.

 

La bleue de Sassenage.

 

Se démarquer tout en revendiquant une identification forte au territoire, la recette semble rencontrer du succès chez les nouveaux installés.

« La foire de Beaucroissant : nous avons essayé plus d'une fois d'y participer et c'est bon signe lorsqu'on n'arrive pas à rentrer sur un événement, reconnaît Sébastien Louvin, heureux d'avoir obtenu son sésame grâce à son tandem avec Gaëtan Tarade. « Au final, nous rentrons par la grande porte. C'est une forme de reconnaissance, notamment vis-à-vis de nos principaux clients que sont les restaurateurs. »

Il ajoute : « C'est important de montrer qu'il existe des compétences en local, de savoir les conserver et les transmettre. »

Reconnaissance, c'est aussi le terme qu'emploie Arnaud Fréchat, producteur de porc bio en plein air à Sardieu, qui vend en direct  ses produits transformés à la ferme. « Il faudrait arriver à travailler en circuit court, avec ce qu'il y a autour de nous, quel que soit le mode de production », insiste-t-il. 

Il sera présent à la foire en tandem avec Jonathan Grek, chef de l'Insolite à Voiron, qui cusinera un pied de porc confit.

 

Les porcs bio élevés en plein air de la ferme du Rival à Sardieu.

 

Le département de l'Isère s'est largement positionné en appui aux filières locales, puisqu'il porte, avec de nombreux acteurs, le projet de pôle agro-alimentaire, qui devrait permettre aux producteurs locaux de valoriser leurs produits et aux consommateurs d'accéder à ces mêmes produits. Dans les cartons, une déclinaison de la marque Alpes(is)here en Agr(is)ere ou Alim(is)here ou un label ressemblant, permettra de distinguer les produits de la ferme Isère.

Consommer local

La région Auvergne Rhône-Alpes s'est aussi engagée dans la défense des productions locales.

Avec un temps d'avance, elle a lancé en juin dernier sa marque La région du goût et labellisé plus de 600 produits*. En tant que partenaire majeur de la foire, elle sera présente avec un foodtruck de démonstration.
Concurrentielle, complémentaire ou en résonnance, la présence de ces deux collectivités majeures à la foire de Beaucroissant pour valoriser la production locale est un signe fort en direction du consommateur.

Elles offrent une belle campagne de communication aux agriculteurs de l'Isère, au cœur d'une manifestation dont les producteurs ont pu se sentir repoussés à la marge.

A preuve, les producteurs de Bienvenue à la ferme, après quelques tentatives de présence à Beaucroissant, ont dû renoncer faute d'une clientèle suffisamment habituée à consommer de nouveau local.

« C'est bien de remettre les produits locaux en avant », insiste Franck Adiard.

Et pour les amateurs de viande de bœuf made in Isère, Charolais Sud-Est a tué quatre génisses (1 800 kg) pour toute la durée de la foire, à déguster au restaurant charolais ou sur le point de vente de dégustation rapide « Le burger saveur charolais », ouvert en continu jusqu'à 18 heures.

Isabelle Doucet

*Produits bruts issus des exploitations agricoles ou transformés et comprenant 100% de production agricoles régionale (produit ici) et produits composés d'une majorité de matière première régionale (fabriqué ici). Pour les produits transformés contenant de la viande et des produits laitiers, 100% de la matière-là doit être régionale

 

Parménie / Le site historique de la naissance de la foire affirme son partenariat avec La Beaucroissant.

Des liens étroits

La foire de Beaucroissant est née d'une question de logistique.
L'histoire est connue : dans la nuit du 13 au 14 septembre 1219, le barrage naturel de Bourg-d'Oisans rompt occasionnant des milliers de victimes en aval, notamment à Grenoble.
L'année suivante, en 1220, s'organise un pèlerinage commémoratif sur la colline de Parménie, lieu de résidence des évêques de Grenoble.
La foule est si nombreuse qu'il convient de l'approvisionner, si bien que le rassemblement attire son lot de commerçants et de camelots. La foire de Beaucroissant est née et conservera toujours des liens étroits avec le site de Parménie, occupé depuis l'époque romaine.
La chapelle du XIIe siècle est un des points d'intérêt du site de Parménie.

La présence religieuse est attestée dès le VIIe siècle, bien avant l'édification de la chapelle qui date du XIIe siècle.
En 1714, Parménie accueille la visite de Jean-Baptiste La Salle, le fondateur de l'Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, ordre voué à l'éducation.
Le site a connu de nombreux outrage durant ses siècles d'existence jusqu'à ce qu'il soit restauré en 1965 par le frère Léo Burkhard et devienne un centre lassallien.
Pousser la porte
Pour Nicolas Fontanel, le directeur laïc du centre, le site mérite aujourd'hui d'être valorisé. Il bénéficie d'un fort potentiel de développement, mais ne s'est ouvert que tardivement à l'accueil de groupes extérieurs.
« Il y a un enjeu économique : celui de rentabiliser le lieu », évoque le responsable.
La chapelle, la table d'orientation sont autant de points d'intérêt, mais les frères lassalliens, qui sont au nombre de six, comme les quatre employés, souhaitent encourager les visiteurs à pousser la porte du centre.
Aujourd'hui l'établissement dispose de 22 chambres d'hôtellerie et de chambrées avec 70 lits en couchage collectif. Il possède deux salles de restauration et quatre salles de réunion.
D'ici un à deux ans, la capacité d'accueil en hôtellerie devrait plus que doubler et le site sera entièrement rénové. Il bénéficiera d'un nouveau hall d'accueil et de salles de réunions supplémentaires.
Le montant du projet est évalué entre 7 et 10 millions d'euros.
« Les gens ne connaissent que les extérieurs. Nous souhaitons faire savoir ce qu'on fait », reprend le directeur. C'est la raison pour laquelle le centre est devenu cette année partenaire de la foire où il sera présent pour faire valoir ses activités.
« Dans le secteur, de nombreuses entreprises recherchent des hébergement et des salles. D'autres cherchent à sortir de la ville et trouver un site avec un cadre et un accueil chaleureux. Ici, le lieu se suffit à lui-même », lance encore le responsable.
 

 

 

Le programme des animations de la foire 

Vendredi 15 septembre :
- Foire au bétail toute la journée
- 9h30 : inauguration du stand du Conseil départemental avec Thierry Court, puis animations culinaires pendant trois jours
- 9h50 le matin : France3 à Beaucroissant
- Inauguration de la foire à 11 heures
Agrivillage :
C'est une vingtaine de stands présentant les organisations professionnelles agricoles. Les conseillers seront à l'écoute des visiteurs.
- Vendredi 15 septembre : animations sécurité routière, dont un atelier de simulation de l'état d'ébriété au volant.
- Samedi 16 et dimanche 17 : concours de dessin « Dessine-moi l'agriculture » pour gagner un goûter à la ferme. Jeu sur la biodiversité : totems explicatifs, jeu de questions parcours de marelle etc.
Stand ovin
Cette année, 18 races ovines seront représentées.
Les visiteurs pourront gagner un agneau en participant au jeu-concours « Devinez le poids de l'agneau ».
Présentation du label agneau d'alpage.
- Vendredi 15 septembre : à partir de 9h, Ovinpiades découverte pour les jeunes des écoles
- Samedi 16 et dimanche 17 septembre : démonstration de tonte et de chiens de troupeau (une en fin de matinée, deux dans l'après-midi)

22e concours charolais
Seront présents 28 éleveurs venus de l'Ain, des Hautes-Alpes, de l'Isère, de la Loire, la Haute-Loire et du Rhône et 136 animaux.
Le 22e concours régional charolais réunira les 140 plus beaux bovins de la race en région Sud-Est.
Vendredi 15 septembre :
- 10h : concours de pointage bovin par les jeunes des centres de formation agricole de Rhône-Alpes
- 12h30 : remise des prix
- 14h à 17h30 concours des bovins reproducteurs mâles charolais
- 17h30 : prix d'honneur du public
Samedi 16 septembre :
- 9h : concours des reproductrice femelles
- 12h30 : prix d'honneur vaches adultes
- 15h30 : challenges interdépartementaux (par lots d'animaux)
Dimanche 17 septembre :
- défilé et présentation des lauréats du concours, remise des prix