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Trièves

Le Trièves explore toutes les pistes de valeur ajoutée

Dans le Sud-Isère, le petit territoire qui monte a fait le bilan de ses nombreux projets lors de la dernière assemblée générale de Sitadel.
Le Trièves explore toutes les pistes de valeur ajoutée

Avec un brin d'émotion, Marie Mallet, l'animatrice de Sitadel, le comité de territoire du Sud Isère, a conduit sa dernière assemblée générale, le 1er mars dernier à Saint-Jean-d'Hérans.

« Après neuf ans passés au service du développement agricole dans le Sud-Isère », comme le souligne le président de Sitadel, Olivier Beaup, Marie Mallet poursuivra une mission dans la vallée de la Bourbre et sera remplacée par Hervé Weisbrod, un conseiller de la chambre d'agriculture spécialiste du foncier.

 

Hervé Weisbrod, le nouvel animateur de Sitadel.

 

Ce qui fait un peu râler les exploitants agricoles, c'est la réduction à un trois-quarts temps de la présence de l'animateur dans le territoire.

« Depuis 30 ans, les initiatives sortent de ce territoire grâce aux techniciens », a lancé Patrick Reynier-Poëte, maire de Saint-Jean-le-Vaux.

Le nombre de projets mis en œuvre en 2016 en apportent la preuve.

Certains sont ambitieux, comme la mise en place de la collecte de lait bio entre le Sud-Isère et les Hautes-Alpes avec Biolait, qui a mobilisé les énergies pendant de longues années.

Pour autant, la problématique du lait de montagne reste entière, si bien qu'un comité de pilotage attaché au projet « Devenirs de la filière lait du Sud-Isère », réunit la chambre d'agriculture, le contrôle laitier, ainsi que l'Irstea, auprès d'un groupe d'éleveurs.

Deux pistes de travail se dégagent : la recherche d'autonomie territoriale au regard des flux des matières premières agricoles et la dynamique collective qui s'inspire des modèles existants ayant fait leurs preuves.

Performance technique

Plus modeste mais d'intérêt territorial, le projet « cultures mellifères en Trièves » a vu la mise en œuvre de ses premiers essais chez Bernard Clavel à Saint-Sébastien avec l'appui de la coopérative Dauphinoise.

Les tests ont été réalisés sur des parcelles accueillant un deuxième blé. Les semis de trèfle ou de phacélie ont été effectués en avril.

« Le trèfle d'Alexandrie a dépassé le blé, la phacélie a disparu et la paille était correcte, a constaté Bernard Clavel. A l'automne, le trèfle est revenu, favorisant la présence de beaucoup d'abeilles. »

Pour l'agriculteur ces essais permettent « d'avoir des éléments de réflexion par rapport au choix des cultures ».

Reste à savoir si ces cultures intermédiaires sont de nature à apporter des éléments azotés pour la culture suivante. En tous les cas, les rendements obtenus ne sont pas inférieurs, voire légèrement supérieurs.

Revoir les productions

2016 a aussi été marquée par la constitution d'un GIEE autour d'un projet de maraîchage.

Il réunit une dizaine d'exploitations entre le Trièves et la Matheysine, dont les surfaces oscillent entre 0,5 ha et 1,5 ha.

« L'objectif était de fédérer le groupe, car nombreux sont ceux qui se sont installés depuis moins de cinq ans », rapporte Rémy Bacher.

Le GIEE permet surtout de favoriser l'accessibilité aux aides. L'axe de travail choisi porte sur la progression technique et la commercialisation. L'ambition est de mieux répondre à la demande locale, qu'il s'agisse des magasins de producteurs ou de la restauration hors domicile.

« La réflexion porte sur la création d'un outil de commande en ligne ou le rapprochement de plateformes déjà existantes », explique Marie Mallet.

Mais Rémy Bacher insiste : « Pour répondre à ce type de demande, il convient peut-être de revoir la façon de produire ; penser une autre organisation qui n'est pas celle de productions diversifiées. »

Collecte des savoirs

Un autre projet baptisé Sembio pour Savoirs écologiques maraîchers biologiques s'applique à la collecte des savoirs développés localement afin de « favoriser le choix d'un itinéraire technique adapté », précise l'administrateur de Sitadel.

La démarche est suivie par AgroParisTech, SupAgro et l'Itab. Elle bénéficie de financements de la Fondation de France pour trois ans à hauteur de 150 000 euros.

Sembio intéresse une petite vingtaine d'exploitations maraîchères.

Rémy Bacher ne manque pas de souligner le paradoxe : les surfaces maraîchères compilées dans le Trièves ne dépassent pas 9 hectares, mais les exploitants, qui ont souvent un atelier complémentaire, partagent le même objectif de performance technique, d'accroissement des volumes et d'amélioration des revenus.
Explorant tous les axes de développement, les adhérents de Sitadel se sont interrogés sur le projet du pôle alimentaire porté par six territoires, le département et la chambre d'agriculture. L'intérêt au regard du bassin de population de 700 000 habitants a été souligné, moyennant probablement un infléchissement des habitudes vers plus de spécialisation.

Isabelle Doucet

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Revenus

De la valeur ajoutée sans transformer ou vendre en direct

« Souvent, les producteurs n'ont pas envie de transformer ou de faire les marchés, explique Marie Mallet. Ils ne se retrouvent pas pour autant dans une impasse. »
Invitée par Sitadel, Fanny Bertrand, conseillère au Suaci, a présenté trois initiatives de la filière laitière censées permettre aux éleveurs de dégager de la valeur ajoutée.
Il s'agit de « En direct des éleveurs », une démarche de production intégrée née dans l'Ouest de la France, de Cant'Avey'Lot, une coopérative du centre de la France et enfin, Montlait, une marque du Massif Central.
En comparant les trois démarches, il apparaît que plus le système est intégré (collecte, transformation, commercialisation) et plus les investissements sont significatifs, plus le retour sur investissement est conséquent, de l'ordre de 35 à 40 centimes par litre.
Les clés du succès résident souvent dans un tandem d'éleveurs moteurs, un réseau de relations dans l'industrie agro-alimentaire ou la GMS, le soutien des collectivités et l'appui du politique et enfin, une campagne de communication qui s'inscrit dans le temps.
Les initiatives où les producteurs ont la main sur la gouvernance et le cahier des charges ont retenu l'attention de l'assemblée de Sitadel.
Kévin Kermen et Amandine Vial, du Box fermier.

Par ailleurs, Amandine Vial, du Gaec de l'Angus et la plume, est venue présenter le projet du box fermier, qui devrait ouvrir ses portes en juin au Min de Grenoble.
Pour ne pas s'essouffler, les sept producteurs impliqués ont recruté un gérant associé, Kevin Kermen, en charge de mettre en œuvre cette initiative qui vise à rapprocher les professionnels de la restauration de producteurs.
« Il n'y a pas de limite », a lancé le chargé de développement qui explore toutes les pistes pour faciliter la tâche des producteurs. « Il y a de la place et des attentes », a-t-il encore indiqué.
Toutes les productions sont les bienvenues : porcs, maraîchage, volaille, fromages, œufs etc.
Rendez-vous a été donné le 20 mars prochain à Seyssins pour un speed-dating entre fournisseurs et clients.
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