Surprendre les gens au plus près de chez eux : telle est la vocation des BarBares, ce festival au long court qui, d'octobre à mai, colporte des spectacles de qualité dans des communes rurales peu habituées à en accueillir. Pour la soirée d'ouverture, vendredi 2 octobre, les Barbares sortent le grand jeu avec trois spectacles et un repas festif proposés dès 19 h à la maison des territoires de Bourgoin-Jallieu (repas à réserver au 04 74 93 10 63). Au programme, une « confrontation symbolique » entre le DJ Captain XXI et le peintre Matt. B qui, le temps du repas, se défieront par musiques, sons, formes et couleurs interposés. Cette expérience à part sera suivie des divagations d'une clown philosophe (« Le cœur au bord des lèvres », par la compagnie Oups) et de « Surya (feu originel) », un spectacle mêlant danses, pluies de braises et jongleries graphiques qui se déroulera à 22 h 30 dans le parc des Lilas.

Lieux insolites

Cette soirée hors normes donne le ton d'une édition placée sous le signe de l'innovation. Cette année en effet, le festival, qui se déroulait les fois précédentes dans des bars de petites communes rurales du Nord Isère (d'où son nom), sème ses soirées dans des lieux insolites du territoire d'Isère, Porte des Alpes : une taverne, un château, une église, une yourte, une ferme... Jusqu'en mai, chaque dernier vendredi du mois, le public est ainsi invité à partager un moment de convivialité autour d'un spectacle et d'un repas ou d'une « assiette barbare », au cœur d'un site ou d'une structure non estampillés « temple de la culture ».

A l'origine de ce projet, une idée simple : décentraliser et désacraliser la culture. Depuis 2002, les BarBares affichent leur volonté « d'amener les arts et les artistes au plus près du public », explique le programmateur, Gaël Gaborit. En filigrane, on décrypte la volonté des élus de montrer qu'il est possible d'enraciner partout une programmation culturelle ambitieuse pour peu qu'elle soit portée par une volonté politique. « Nous avons voulu créer un festival de qualité, en invitant des compagnies professionnelles, et mettre cette offre à la portée de tous, explique Georges Colombier, le président d'Isère, Porte des Alpes. Chaque année, la programmation des Barbares est conçue de façon à faire se rencontrer un lieu et un spectacle, mais aussi à attirer un public très large, aussi bien rural qu'urbain. » D'où la proposition de repas, pris en commun avant ou après le spectacle, moment privilégié permettant aux habitués des salles obscures de côtoyer et d'échanger avec des gens qui le sont moins.

16 000 spectateurs en 13 ans

A en juger par le succès des éditions précédentes (16 000 spectateurs en 13 ans), le pari est plutôt réussi. Et c'est heureux, car le festival, né dans le cadre du « contrat global de développement », ancêtre du contrat de développement durable (CDDRA), et à ce titre soutenu par la Région, devient de plus en plus difficile à porter. « La participation des spectateurs (7 euros, NDLR) ne suffit pas à financer le budget du festival, indique Georges Colombier. Nous sommes parvenus à maîtriser les coûts, en internalisant certaines fonctions et en investissant dans du matériel, mais sommes loin de l'équilibre. Si, pour des raisons d'économie, la Région décidait de ne plus subventionner les Barbares, nous devrions trouver de nouvelles solutions. Mais je me refuse à faire de la culture la variable d'ajustement de nos politiques publiques. » Une position courageuse, surtout en ces temps de disette budgétaire.

Marianne Boilève

Prochaine soirée BarBares : le vendredi 30 octobre à Saint-Chef. La Taverne rustique proposera un repas sous yourte et accueillera le collectif Les Baltringues pour Cœur cousu, un spectacle mêlant théâtre d'objet, marionnettes et chant flamenco. Spectacle (7 euros) : 19 h ou 21 h 30. Repas (10 euros) : 20 h ou 22 h 30. Repas à réserver au 04 74 92 42 97.