Les champignons font leur show

A été pluvieux, mycophile heureux. Météo aidant, la cueillette des champignons a commencé de bonne heure cette année. Mais gare aux amateurs qui ne font pas le bon choix dans les sous-bois : depuis le début de la saison, l'Institut de veille sanitaire recense 40 à 50 cas d'intoxication chaque semaine, soit 240 cas entre le 1er juillet et la mi-août dans le sud de la France et la région Rhône-Alpes, dont trois graves et un décès (contre 95 pour la même période l'an dernier). Il est donc important, quand on s'aventure en forêt, de respecter les dispositions réglementaires, de ne ramasser que les champignons dont on est absolument sûr (en cas de doute, il faut demander son avis au pharmacien) et de faire très attention aux faux amis.
Consciente des risques d'accidents, la Société mycologique du Dauphiné (SMD) organise régulièrement stages, sorties, formations et autres conférences. Chaque année, elle orchestre également des expositions pédagogiques pour permettre au public de se familiariser avec les principales espèces iséroises. « Par sa situation géographique, ses différents biotopes et son climat continental, la région grenobloise est un véritable paradis pour les amateurs de champignons, explique Gilles Bonnet-Machot, membre de la SMD. Mais devant la grande diversité des espèces existantes, du bon comestible au redoutable mortel, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Rappelons qu'il y a eu deux morts l'an passé dans notre région, causées par une amanite phalloïde, et de nombreuses intoxications nécessitant une hospitalisation. »
Table des odeurs
Pour tâter du champignon sans vous empoisonner, rendez-vous donc ce week-end au Pinet d'Uriage (salle polyvalente de Saint-Martin d'Uriage) pour une version réduite de l'expo qui sera présentée dans sa totalité les 27 et 28 septembre prochains dans la grande salle de l'ancien musée de peinture de Grenoble. Les membres de la SMD vous présenteront près de 400 espèces, fraîchement récoltées dans les bois et sous-bois des massifs autour de Grenoble. Vous pourrez ainsi apprendre à reconnaître les caractéristiques ainsi que l'habitat de chaque espèce grâce à la « table des odeurs », mais aussi aux fiches techniques, tableaux et diaporamas qui seront projetés tout au long de l'exposition. Sur les tables, des loupes vous permettront d'observer certains détails, comme les pores, les aiguillons, la cortine (1) ou le réseau de certains bolets. Un sporoscope sera également mis à la disposition des curieux pour voir une pluie de spores s'échapper d'une amanite... Les membres de la société mycologique du Dauphiné répondront à toutes vos questions... et pourront même identifier vos récoltes !
(1) Chez certains champignons, ensemble des filaments réunissant le bord du chapeau au pied.
MB
Exposition annuelle de la SMD : ancien musée de peinture, place de Verdun à Grenoble, les 27 et 28 septembre de 10 à 12 h et de 14 à 19 h (entrée libre et gratuite).
Une version minimaliste de l'exposition sera visible le 11 octobre lors de la 14e édition de la foire aux champignons de Meylan (place de la Louisiane).
Que faire pour ne pas s'intoxiquer ?
- Ne ramasser que les champignons parfaitement connus et au moindre doute sur l'état ou l'identification de l'un des champignons récoltés, faire contrôler sa récolte par un spécialiste (les pharmaciens, les associations ou la société mycologique du Dauphiné)- Cueillir uniquement les spécimens en bon état et prélever la totalité du champignon (pied et chapeau), afin de permettre l'identification.
- Ne pas cueillir près de sites pollués (bords de routes, aires industrielles, décharges).
- Consommer les champignons dans les deux jours au maximum après la cueillette.
- Les déguster après une cuisson suffisante : ne jamais les manger crus.
- Ne jamais proposer de champignons cueillis à de jeunes enfants.
- En cas de symptômes apparaissant dans les 12 heures suivant la consommation (diarrhée, vomissements, nausées, tremblements, vertiges, troubles de la vue, etc.) appeler immédiatement le « 15 » ou un centre antipoison. En effet, les conséquences sur la santé de ce type d'intoxications sont graves (troubles digestifs sévères, atteintes du foie pouvant nécessiter une greffe), voire mortelles.