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Alimentation

Les collectivités locales attentives aux circuits courts

Les territoires isérois sont mobilisés autour de la question de l'alimentation de proximité, s'interrogeant sur l'efficacité des modèles mis en ?uvre et la pertinence des initiatives de restauration collective.
Les collectivités locales attentives aux circuits courts

Jean-Pierre Lovet, adjiont au maire de Saint-Victor-de-Cessieu et Florence Renier, chargée des plateformes alimentaires à la chambre d'agriculture de l'Isère.

Du discours aux actions concrètes, en matière d'alimentation de proximité et de restauration collective, il y a souvent une marche que les collectivités ont du mal à gravir. Et cela n'est pas une question de taille. A preuve, la communauté de communes de la vallée de l'Hien, en nord Isère. Elle regroupe dix communes, dont la plus importante est Saint-Victor-de-Cessieu, et compte 8 876 habitants. « Sur huit cantines communales, cinq fabriquent les repas sur place », indique Jean-Pierre Lovet, adjoint au maire à Saint-Victor-de-Cessieu. Elles servent entre 45 et 130 repas par jour, soit 59 500 repas par an. La question que s'est logiquement posée le conseil communautaire est de savoir si la vallée de l'Hien pouvait approvisionner ses cantines à partir du marché local, sachant qu'en 2012, il y avait encore 128 exploitations dans le secteur (contre 300 en 2008), offrant une agriculture diversifiée (production laitière brute et transformée, viande, maraîchage, œufs, petits fruits...) La communauté de communes a donc commandé une étude, à partir de laquelle elle pourrait construire son projet d'approvisionnement en produits locaux. L'ensemble des acteurs a été interrogé. Dans un premier temps, il est apparu que le Gaec des Vaches heureuses approvisionnait à lui seul cinq cantines en viande bovine (soit 1 300 kg), ainsi qu'en légumes et en laitages. Cette ferme produit à la demande, les commandes étant passées une semaine à l'avance. Les yaourts sont livrés en seaux réutilisables ou en portions individuelles et consommés le jour même.

Quantités disponibles

Les résultats de l'enquête indiquent qu'élus, personnels de cantine et parents d'élèves pointent comme principales motivations la qualité, l'origine, la traçabilité des produits et la réactivité de la filière. Les freins demeurent la difficulté à gérer les livraisons, autant du côté des cantines que des agriculteurs. La régularité des approvisionnements, le prix des repas et les problèmes de stockages sont aussi estimés bloquants. Une trentaine d'agriculteurs a été contactée et une dizaine s'est prêtée au questionnaire, comparant les avantages respectifs de la filière courte et des circuits longs en termes de prix, de délais de livraison, de production. Il apparaît clairement que la difficulté majeure porte sur les quantités de produits disponibles, ou par exemple, sur la possibilité de fournir un seul type de morceau de viande, ou des produits laitiers qui ne seraient pas à base de lait cru...

Pour progresser, l'intercommunalité prépare un repas typique de la vallée de l'Hien qui servira de support pour lister les besoins de chaque cantine. Mais l'élu le reconnaît, la mise en place de ce genre d'initiative est avant tout une affaire de volonté des personnes concernées.

PAEN en nord Isère

D'autres collectivités ont tenté de traiter la question en amont, du côté de l'offre. Ainsi, la communauté d'agglomération des Portes de l'Isère (Capi), qui entoure Bourgoin-Jallieu, s'est émue de la pression foncière qui pèse sur les terres agricoles, dans un contexte périurbain. En 2011, la communauté a ainsi lancé le projet de création d'un pôle maraîchage, pensant pouvoir récupérer cinq hectares de surfaces agricoles. L'histoire s'est soldée par l'achat, par l'intermédiaire de la Safer, et grâce à l'association Terre de liens, à la mobilisation de la Capi et de la ville de Bourgoin, de 3,5 hectares contigus de terrains, sur lesquels se sont installés deux maraîchers. La Capi estime à une vingtaine d'hectares le potentiel de surfaces agricoles qu'elle pourrait affecter au maraîchage. Mais les obstacles administratifs sont nombreux. « C'est une secteur où il y a des enjeux stratégiques », reconnaît Mathieu Laveau, responsable du service environnement à la Capi. De sorte que ce territoire du nord Isère devrait prochainement faire l'objet d'un plan de protection des espaces agricoles et naturels (PAEN). « Notre point de départ était de réaliser un pôle d'alimentation à l'échelle de l'intercommunalité, mais nous avons abouti à une réflexion plus globale », conclut le chef de service qui regrette, in fine, que la Capi n'ait pas trouvé les débouchés pour alimenter les cuisines de ses collectivités !

Isabelle Doucet

(+ encadré Scop Païza)