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Saint-Vérand

« Les conducteurs, ça ne court pas les rues »

Jean-Rémy Chapre vient d'intégrer la Cuma du Piedmont en tant que conducteur d'engins. Les ensileuses n'ont aucun secret pour lui.
« Les conducteurs, ça ne court pas les rues »

« J'ai appris la mécanique sur le tas. Les machines, c'est toute ma vie », reconnaît Jean-Rémi Chapre, conducteur d'engins à la Cuma du Piedmont à Saint-Vérand. Il a rejoint la coopérative cet été, après avoir travaillé pendant de neuf ans dans une entreprise de travaux agricoles. Sa bête préférée, c'est l'ensileuse. « Il faut au moins trois ans pour connaître une telle machine », prévient-il. J'adore la conduire, j'adore ensiler ». Et cela fait douze ans que ça dure. « J'ai tout de suite eu conscience d'avoir des responsabilités au volant de cette machine. Il faut faire attention à tout. En fin de journée, la fatigue n'est pas que physique, car il y a un gros travail de surveillance. Il faut veiller au tuyau, à la goulotte et aux personnes qui suivent avec les remorques. »

C'est à l'âge de 14 ans, que Jean-Rémy Chapre, issu du milieu agricole, a commencé à piloter ses premiers engins. Il est tout aussi passionné par la conduite que par la mécanique et n'est pas avare de conseils et de bons tuyaux. Il reconnaît un petit penchant pour certaines marques. « Mais je me plie au matériel qu'il y a sur place. Il faut être polyvalent ». Il sait que sa vie professionnelle est auprès des engins. Pour lui, l'année est ponctuée de temps forts : l'ensilage à partir du printemps et le maïs en septembre. Puis vient la récolte des noix, et entre-temps, il y a bien sûr, le pressage de la paille, les foins, les labours, le semis et le compostage.

Une attention particulière

« L'hiver, c'est la mécanique. C'est à la fois simple et compliqué. Il faut avoir certaines connaissances. Mais je ne peux pas tout faire ». Il est conscient de la valeur de ses compétences. « Les conducteurs, ça ne court pas les rues ». Pour la Cuma, ce recrutement est la garantie de disposer d'un parc machines toujours entretenu. « J'ai toujours privilégié la qualité du travail, j'ai une certaine réputation, j'aime bien dépanner et ne jamais laisser un client en difficulté. » Aussi a-t-il beaucoup d'idées pour réaménager l'atelier de la coopérative, acquérir de nouvelles machines d'entretien. En effet, les engins de travaux agricoles s'usent beaucoup et réclament une attention particulière.

Neuf mois sur douze sur les routes du département ; les exploitants et leurs parcelles ; il en connaît beaucoup en Isère. Les coteaux : c'est le top. « Dans la pente, il ne faut pas avoir peur. Je sais quand ça passe. C'est une question de connaissance du terrain et des machines ». Il a ses endroits préférés : la Drôme et le pays Antonin. Homme de contact, le conducteur d'engins ne loupe jamais une édition de la Beaucroissant. « C'est l'occasion de voir du matériel, pas forcément de grosses machines, mais de belles machines. Je me renseigne sur les stands, je discute avec les concessionnaires, je rencontre du monde ».

Un métier varié

Fin  conducteur et fin mécanicien, Jean-Rémy Chapre a déjà gagné un concours de labour, dès sa première inscription. C'était il y a quatre ans, à Saint-Apollinard. « Depuis, je n'ai jamais eu le temps d'en refaire », concède ce passionné. Il conseillerait ce métier à qui aime la campagne, d'autant qu'ils sont peu nombreux à pouvoir afficher de telles connaissances. « C'est varié, on touche à tout. Il y a des coups de bourre et parfois, en été, on ne regarde pas les heures », explique-t-il. Mais là, dans une des plus grandes Cuma du département, il ne boude pas son plaisir. Des semoirs, des tracteurs, des ensileuses, des presses : le parc a de quoi satisfaire son appétit mécanique. Et puis, il le reconnaît : privé d'ensilage de printemps cette année en raison de sa transition professionnelle, l'épreuve a été trop dure à supporter. Il ne peut tout simplement pas s'en passer.

Isabelle Doucet