Les éleveurs bovins manifestent à Bourgoin-Jallieu

Dialogue de sourds entre Olivier Linakis, le directeur de Buffalo Grill de Bourgoin-Jallieu et David Rivière, éleveur et représentant de la FDSEA Isère. Le responsable du restaurant assure que 60% de ses viandes sont françaises, mais refuse l'entrée de ses cuisines, ne donnant aucun détail sur la provenance de la marchandise.
C'est pour dénoncer cette absence de dialogue qu'une dizaine d'éleveurs bovins de l'Isère s'étaient donné rendez-vous à midi, mardi 19 février, pour manifester devant le Buffalo Grill de Bourgoin-Jallieu. Leur but : défendre une agriculture de française de qualité.
Initié par la FNB* et porté par la FDSEA et JA de l'Isère, ce mouvement répondait à une mobilisation nationale engagée face à des « restaurateurs refusant d’entreprendre une discussion avec les organismes de syndicats agricoles ».
Dans la ligne de mire : les enseignes Courtepaille, Buffalo Grill et Compass.
L'exemple berjallien confirme les craintes des éleveurs, lorsque le directeur du restaurant a déclaré : « Je n'ai aucun avis, ce n'est pas nous qui décidons », avant d'invoquer l'Europe et à la mondialisation.
Pourtant des discussions ont bien lieu au niveau national « et en Isère nous avons une carte à jouer avec le Pôle agroalimentaire pour faire travailler l'abattoir et mutualiser les transports pour fournir tous les commerces qui veulent prendre le train écoresponsable », insiste David Rivière. « On voudrait comprendre, ajoute-t-il. Il existe des cas de GMS où le responsable des achat prend le risque d'un approvisionnement local ».
Pendant une heure, les manifestants ont distribué des tracts à a clientèle du restaurant, au pire indifférente, au mieux bienveillante, souvent compréhesive.
Sécurité alimentaire
Pour les éleveurs, il s'agit de « défendre une agriculture de qualité ».
Ils font valoir les enjeux de sécurité sanitaire, de proximité de production, de maintien de l'activité d'élevage dans les territoires et de l’installation de jeunes éleveurs.
Ils rappellent également la loi sur les viandes d'origine non européenne qui interdit la commercialisation de produits ne répondant pas à la règlementation de l'Union européenne sur les plans de l'alimentation, de la traçabilité de l'utilisation de produits phytosanitaires et vétérinaires.
Les éleveurs font valoir le cahier des charges 100% muscle en viande hachée, garant de la sécurité alimentaire.
Stratégie d'approvisionnement
L'objectif de cette mobilisation est d'inciter la restauration hors domicile à réfléchir sur les objectifs de la loi EGA qui fixe un taux d'approvisionnement minimum de 50% en produits locaux en RHD (dont 20% de bio) d'ici 2022. Aujourd'hui, la part des viandes importées est encore de 70% dans ce secteur.
En octobre dernier, la FNB a interpelé par courrier une trentaine de grands opérateurs nationaux pour échanger sur leur stratégie d'approvisionnement et leur « rappeler les enjeux forts pour les consommateurs et les producteurs de distribuer une viande bovine d'origine française ». Plus de la moitié a répondu à cette demande, « mais d'autres continuent de faire la sourde oreille », dénoncent les syndicats.
Trois d'entre eux ont eu droit à une visite mardi dernier.
Isabelle Doucet
* FNB : Fédération nationale bovine