Les familles modestes pourraient décrocher

Sous le manège couvert, ils sont huit, hauts comme trois pommes, qui manœuvrent leur poney avec une aisance déconcertante... Formée à la pédagogie pour les très jeunes enfants, Céline Scrittori, monitrice et responsable du Poney club de Sardieu, les suit avec attention. Le cours a débuté à 17 h, un peu après la classe. Ses élèves ? Des enfants de familles modestes qui ont trouvé là l'occasion de pratiquer à un prix raisonnable une activité souvent considérée comme un « sport de riches ». Sur les 340 adhérents du club, 90 % sont des enfants. Inscrits à l'année, leurs parents paient 12 euros 50 l'heure et demi de cours... avec une TVA à taux réduit de 7%. Ces prix sont parmi les plus bas du département. De fait, le passage de la TVA à taux plein (20%) en 2014 risque de dissuader de nombreuses familles. « Une augmentation de 13 points, c'est énorme, affirme Céline Scrittori. Cela représente près de 30 000 euros de TVA par an. Comment allons-nous répercuter cette hausse ? Nous avons déjà anticipé en augmentant un peu nos tarifs cette année, à la rentrée de septembre, mais nous ne pourrons pas continué ainsi : les familles ne suivront pas. »
Le problème est d'autant plus cornélien que la TVA n'est pas la seule à augmenter. Certes, le centre équestre produit près de 80% de son foin et de sa paille, mais les autres postes sont en augmentation constante, notamment en matière de charges salariales. Céline Scrittori emploie en effet deux salariées à l'année et établit des contrats courts pour les stages durant les vacances scolaires. Il faut donc trouver le moyen d'absorber toutes ces hausses. Il a déjà été décidé d'augmenter les tarifs des stages et des pensions de chevaux. Mais cette voie a ses limites.
Passage difficile
Les économies seront donc à trouver du côté des investissements. « Aujourd'hui, l'entreprise est viable, mais ma grosse inquiétude concerne le financement des projets d'amélioration ou d'agrandissement, estime Céline Scrittori. Nous sommes obligés d'investir énormément pour faire de la qualité. Nous avions prévu la couverture de la carrière pour apporter plus de confort aux enfants. Coût : 200 000 euros. Il va sûrement falloir différer les travaux... » Et cela risque de ne pas suffire. Le centre équestre va donc devoir adapter son mode de gestion et ses produits, en proposer de nouveaux, et faire preuve de plus de rigueur encore en ce qui concerne les achats, la production d'aliments. La responsable du Poney club de Sardieu redoute néanmoins un passage difficile. Car à la hausse de la TVA l'an prochain va s'ajouter la réorganisation des rythmes scolaires qui vont supprimer d'office les cours d'équitation du mercredi matin. « Tout cela va constituer un réel frein à l'activité équestre, déplore Céline Scrittori. Mais il faut se battre. » La jeune cavalière ne devrait pas hésiter à monter sur ses grands chevaux lors de la manifestation des directeurs et usagers des centres équestres dimanche prochain à Paris.