Les fruits marqués par le printemps

En vallée du Rhône et dans différents secteurs du département, la récolte des fruits bat son plein. Entre la pluie et le froid particulièrement présents ce printemps et le beau temps du mois de juillet, on se souviendra des conditions climatiques de l'année qui ont engendré un retard global des différentes productions et une importante hétérogénéité des récoltes selon les zones.
Le retard s'atténue
Le mauvais temps du printemps avait suscité de fortes inquiétudes aux producteurs de fraises. « Finalement, sauf pour les plein champ, la récolte s'est bien déroulée, avec, malgré dix à 20 jours de retard, des rendements et des prix corrects », indique Robert Juillet, arboriculteur à Ville-sous-Anjou. La production de cerises fut, elle, plus hétérogène. « Le début de saison fut particulièrement compliqué, au regard des conditions climatiques qui ont entraîné une qualité décevante. Cela s'est amélioré par la suite, quand le beau temps est arrivé. Mais, dans l'ensemble, la récolte est restée contrastée », explique Jérôme Jury, producteur à Saint-Prim. La production d'abricots est en repli de 50 %. Autant en Isère, qu'en Rhône-Alpes ou au niveau national. Le printemps froid et humide a causé un déficit de pollinisation, à l'origine d'une mise à fruit laborieuse. Démarrée plus d'une dizaine de jours après les dates habituelles, la récolte fut intense et a duré bien moins longtemps que d'habitude. Le retard s'est naturellement atténué, mais au prix d'une forte pression de ramassage. « S'ils n'étaient pas abondants, les abricots se sont cependant distingués par leurs qualités gustative et visuelle. Avec de bonnes conditions estivales, favorables à la consommation de fruits d'été, l'écoulement de la production fut assez régulier et les cours meilleurs que les années précédentes », avance Jérôme Jury. Les producteurs espèrent donc qu'ils compenseront une partie de la perte liée aux faibles volumes. Sans être tout à fait terminée, la récolte de pêche, qui, dans la zone fruitière de Roussillon, a diminué comme peau de chagrin à cause de la sharka, se situe à hauteur de 70 à 80 % d'une année normale.
Prévisions concernant les fruits à pépins
La récolte de pommes ne commencera pas avant un mois. Toujours en cause, les mauvaises conditions climatiques de ce printemps ont favorisé l'apparition de maladies cryptogamiques, et en particulier de la tavelure, à l'origine d'une dépréciation des fruits. Des traitements supplémentaires ont du être réalisés pour enrayer la propagation du champignon. Mais chez les producteurs déjà atteints, les conséquences pourraient être importantes. Les prévisions de récolte varient d'un secteur à un autre. Il semblerait que la quantité soit importante, mais la qualité et les calibres moindres. « Pour la poire, la saison ne devrait pas démarrer avant le 20 août. Les calibres ne s'annoncent pas très gros et la charge semble être moyenne », estime Didier Serre, arboriculteur à Sablons.
Des noix en quantité
La récolte de noix, elle, s'annonce belle. Dans l'attente des prévisions de la Senura, il est prématuré d'avancer des estimations précises de volumes et de période de récolte. Mais globalement, s'il n'y a pas d'accidents de parcours, « l'année devrait être bonne, avec des quantités au moins équivalentes à celles de l'année dernière », pense Yves Borel, président du CING (Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble). En revanche, il semblerait que les calibres soient plus petits que les années précédentes. Sans qu'ils soient de grande ampleur, quelques épisodes localisés de grêle et de vent ont pu abîmer les noix. C'est le cas dans les communes de Saint-Bonnet-de-Chavagne, Montagne et Saint-Antoine-l'Abbaye. « Pour l'instant, il est difficile d'évaluer précisément les dégâts, mais il est certain qu'il faudra réaliser un tri important des noix récoltées dans ces parcelles, car les impacts sur les fruits sont assez spectaculaires », indique Jean-Pierre Rose, nuciculteur à Saint-Bonnet-de-Chavagne.
Isabelle Brenguier
Les suites de la grêle chez Cyril Brunet-Manquat
Cette année, les arboriculteurs isérois de la vallée du Rhône ont été relativement épargnés par la grêle. Ce ne fut pas le cas de Cyril Brunet-Manquat, producteur d'abricots, de pêches, de pommes et de poires au Cheylas, qui a perdu la majorité de ses productions. Trois mois après le violent orage qui a touché ses vergers, ses craintes sont avérées. En abricot, il n'a ramassé que 50 % d'une récolte normal, a tout commercialisé en second choix, pour la confiture. La pêche a souffert d'un manque de 40 % et a connu la même destination. Concernant les pommes et les poires, il tente de nouer des contacts avec les industriels de la compote, car il sait, dès à présent, qu'il ne pourra pas les valoriser normalement. Mais, pour cela, les fruits ne doivent pas être trop touchés. Sur ce point, l'incertitude demeure encore. Son joker pour sauver son année : les récoltes de blé, colza et maïs.