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Les immeubles grande hauteur vont tirer la filière vers le haut

Daniel Bignon, président de Bois des Alpes, l'association qui réunit les acteurs de la filière bois régionale depuis 10 ans.
Les immeubles grande hauteur vont tirer la filière vers le haut

Bois des Alpes vient de fêter ses 10 ans. Les objectifs de l'association ont-ils été remplis ?

C'est compliqué de démarrer de zéro, mais nous avons bien avancé. Notre objectif était de vendre du bois de la région et de travailler avec les entreprises locales. Aujourd'hui, il y a 63 entreprises certifiées, parmi lesquelles de nombreux scieurs. Nous observons depuis peu l'arrivée du négoce, notamment depuis six mois, 21 agences de la Samse ont rejoint le réseau. Si de telles entreprises s'intéressent à Bois des Alpes, le réseau peut vite décoller. Nous comptons aussi une trentaine de charpentiers certifiés. Enfin, les lamellistes sont en train de nous rejoindre, ce qui nous permet de résoudre la question du bois lamellé-collé.

Et en termes de réalisations ?

Il y a aujourd'hui entre 50 et 60 bâtiment construits avec du Bois des Alpes, dont un collège à Beaumont-les-Valence qui mobilise 1 000 m3 de bois. D'autres collèges sont à venir.

Avez-vous réussi à structurer la filière ?

Le bois est issu de forêts PEFC du massif alpin et respecte une origine géographique précise. Lors de la coupe en forêt, il est identifié et dirigé vers une scierie certifiée, puis vers un charpentier lui aussi certifié. La traçabilité est totale. Si le bois passe par une entreprise non certifiée, il perd sa qualification Bois des Alpes. Et nous allons bientôt pouvoir introduire des puces sur les grumes pour un suivi à la pièce près.

Les architectes, bureaux d'études jouent-ils le jeu ?

Il y a quelques moteurs parmi les cabinets d'architecture, dont certains sont membres du conseil d'administration de Bois des Alpes. Lors du dernier congrès HLM, qui s'est déroulé à Marseille début octobre, les architectes se sont posé la question des immeubles en grande hauteur. Sait-on les construire en bois ? A Bordeaux, Grenoble et Saint-Etienne, des projets sont en cours. Et, dans le cadre des Matinales Bois des Alpes, qui est un groupe de travail que nous avons initié depuis deux ans, nous avons porté notre réflexion sur l'homogénisation des sections, notamment au niveau des longueurs, pour que les scieries puissent scier d'avance. Les immeubles grande hauteur vont tirer la filière vers le haut.

La commande publique est-elle porteuse ?

Jusqu'à trois ans en arrière, on ne pouvait pas inscrire le Bois des Alpes dans les appels d'offres. Ou alors, on ne savait pas faire juridiquement. Aujourd'hui, nous avons établi un guide à l'intention de toutes les collectivités pour leur dire que l'on peut mentionner dans un appel d'offre public "Bois des Alpes" ou équivalent. Rappelons que ces entreprises sont locales et que le bois vient de la région, cela participe à la dynamique d'un territoire.

Quels sont les projets de Bois des Alpes ?

Il reste du travail comme la révision du référentiel Bois des Alpes sur laquelle nous travaillons avec la Cofrac. Les immeubles de grande hauteur et les immeubles en général sont au cœur de notre réflexion. Il y a des appels d'offres en cours, en Seine et Marne et à Marseille, et il est important d'être présents et d'entrer dans la partie logements sociaux.

Les entreprises de la filière sont-elle prêtes à se mettre en ordre de marche ?

Les choses vont se faire. Dans la Drôme, en Isère et dans les Savoie, les entreprises sont prêtes. Bois des Alpes reçoit des aides en faveur de l'investissement dans les entreprises. Au titre du Feder(1) et du FNADT(2), nous disposons de 12 millions d'euros pour le programme 2014-2020 pour aider les entreprises à avancer avec nous.

 Existe-t-il une concurrence entre les différentes certifications ?

Nous avons signé une convention de partenariat avec Bois de Chartreuse dont l'AOP est en cours d'instruction. Nous signons des conventions avec l'ensemble des acteurs qui demandent un label, afin que ne pas s'éloigner de la démarche. On travaille ensemble, pas en concurrence. C'est à nous de nous structurer pour avancer tous ensemble pour que le bois français se distingue des importations qui représentent encore envion 70% du bois d'œuvre en France. Nous sommes aussi les premiers à signer une convention avec Bois de France, signe que nous nous intégrons parfaitement dans le paysage national.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

(1) Fonds européen de développement régional

(2) Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT)