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Ruralité

Les maires ruraux de l'Isère veillent à leur santé

Le congrès des maires ruraux de l'Isère s'intéressait à l'offre de santé en milieu rural et aux moyens de maintenir des praticiens dans les campagnes.
Les maires ruraux de l'Isère veillent à leur santé

L'égalité de l'accès aux moyens de santé pour tous les citoyens, la répartition des services de santé dans l'ensemble des territoires, le vieillissement de la population, la création des maisons de santé ou encore l'effacement des zones blanches en matières de technologies de l'information et de la communication : les communes rurales ne veulent pas être les parents pauvres de l'offre de santé.

« Il y a des réformes à faire, des choses à revoir », a insisté Gérard Seigle-Vatte, le président de l'association des maires des communes rurales de l'Isère, lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée vendredi 16 septembre à Faramans.

« En milieu rural, il ne faut pas être malade entre 8 heures du soir et 8 heures du matin », a-t-il ajouté avec sarcasme.
Aymeric Bogey, le délégué départemental Isère de l'Agence régionale de santé (ARS) a brossé le tableau de l'offre de soins en Isère.
Il y a 5 084 médecins dans le département et leur effectif a chuté de 9,6% depuis 2007.

L'âge moyen des généralistes est de 50 ans et le nombre de femmes a augmenté de 21,2%.

Le nombre de médecins salariés s'est accru de 12,9%.

La Matheysine, le Trièves, le Sud Grésivaudan, le Voironnais, la Chartreuse, l'Isère Rhodanienne, la Porte des Alpes et les Vals du Dauphiné connaissent une érosion du nombre de leurs praticiens.

Des solutions

« En termes de densité, d'autres départements connaissent des situations bien pire qu'en Isère », temporise Aymeric Bogey.

Il signale cependant un déséquilibre entre l'ouest du département et l'est où les médecins sont plus nombreux.

Il rappelle que plusieurs mesures incitatives sont mises en œuvre pour garantir l'accès aux soins.

Elles s'adressent aux étudiants (stages en médecine générale ou contrat d'engagement de service public) et aux jeunes médecins (contrats de praticien territorial en médecine générale ou ambulatoire). Elles concernent aussi l'augmentation du numérus clausus régional et la présence d'un référent installation.

 

A gauche : Aymeric Bogey, délégué départemental Isère de l'Agence régionale de santé et le docteur Pascal Jallon, président du conseil de l'ordre des médecins de l'Isère.

 

Le délégué insiste sur le souhait des jeunes médecins de travailler en équipe et préconise la création de maisons de santé pluri-professionnelles.

S'il estime que « la télémédecine, n'est pas la solution miracle », elle représente cependant un dispositif complémentaire.

Enfin, l'Etat a choisi d'investir dans les territoires isolés pour garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 mn avec la désignation de médecins correspondants du Samu et en instaurant des groupements hospitaliers de territoire. Trois pôles offrant un parcours de soins existent déjà, autour du CHU de Grenoble, des hôpitaux de Bourgoin-Jallieu et de Vienne.

« Il n'y a pas de réponse unique, mais une palette de solutions », a insisté le délégué ARS.
Yannick Neuder, vice-président de la région et maire de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, mais également chef du pôle cardiovasculaire et thoracique du CHU de Grenoble, est revenu sur « l'importance du retour à domicile » en milieu rural, pour les patients dont les séjours en structures hospitalières sont de plus en plus courts.

Des patients sympas

Le docteur Pascal Jallon, président du conseil de l'ordre des médecins de l'Isère, a pour sa part mis l'accent sur l'évolution du profil des médecins. En raison de la féminisation et de l'âge « il faut 1,6 médecin pour remplacer un départ à la retraite aujourd'hui, il en faudra 2,2 en 2025. »

Il évoque quelques pistes comme le recours à des praticiens étrangers « à conditions qu'ils ne soient pas seuls », et l'accueil de stagiaires en milieu rural « pour qu'ils s'aperçoivent combien les habitants sont sympas ».

Il ajoute : « Les jeunes ont peur du libéral, il faut vraiment que nous les aidions. »
Justement, depuis 4 ans, la MSA Alpes du Nord et l'ARS ont décidé de sensibiliser les jeunes médecins à l'exercice en milieu rural au travers d'une campagne déclinant sept bonnes raisons d'y aller.

Qualité de la relation au patient, travail en coopération avec d'autres professionnels, diversité de soins, expérimentation de nouvelles technologies, qualité de vie, responsabilités sont autant d'arguments destinés à faire réfléchir les professionnels de la santé.

Vanick Berberian, le président de l'association des maires ruraux de France (AMRF), s'est néanmoins ému que les choses évoluent peu en matière de santé en milieu rural. « Il faut revaloriser la notion de ruralité », a-t-il lancé.

Isabelle Doucet

 

Roussillon

La prévention avant tout

Pour Béatrice Krekdjian, adjointe à la santé à Roussillon, la prise en compte des besoins de santé passe avant tout par la prévention.
Avec peu de moyens et une bonne dose de motivation, elle a contribué à l'émergence de nombreuses initiatives comme la mise en place d'ateliers mémoire, de prévention des chutes ou d'ateliers cuisine encadrés par des diététiciens.
Béatrice Krekdjian, adjointe à la santé à Roussillon.

« C'est un travail concret et nous avons des listes d'attente pour ces ateliers. N'oublions pas que les trois quarts des personnes âgées sont hospitalisées suite à une chute », insiste-t-elle.
Tous les ans, la commune organise un forum santé, mais aussi des conférences thématiques, des journées de dépistage du diabète et de l'hépatite C, notamment avec l'association Prométhée. « Elle ne savait pas comment intervenir sur le terrain et a été contente de trouver un interlocuteur », précise l'élue qui pense que les communautés de communes devraient s'emparer de ces questions de santé.
« Nous portons le projet du rétinographe* depuis un an et demi, poursuit-elle. La population du territoire est vieillissante et le taux de patients atteint de diabète augmente dans une proportion très importante comparée aux chiffres régionaux ».
Le secteur de Roussillon a reçu l'aide de l'ARS pour ce premier équipement de télémédecine géré avec le centre hospitalier d'Annonay.
C'est aussi grâce à cet établissement qu'une gynécologue assure régulièrement des consultations. Mais l'adjointe énumère les spécialistes qui font défaut dans le pays de Roussillon : il ne reste plus qu'un ophtalmo et les psychiatres sont de plus en plus rares.
 

* Cet appareil sert à photographier le fond d'œil. Utilisé en télémédecine, il permet, entre autres, d'évaluer les symptômes de rétinopathies diabétique

 

 

MSA

Des enquêtes sur la santé

Denis Martin, médecin-conseil chef de la MSA Alpes du Nord, a livré quelques éléments de l'enquête nationale sur les assurés MSA.
Sur 3,3 millions d'adhérents, 22% sont atteints d'affection longue durée, dont 50% sont des affections cardio-vasculaires car la population est assez âgée.
Parmi ces patients, 8% sont aussi atteints de diabète. La MSA a mis en place un programme d'éducation thérapeutique du patient pour l'aider à prendre en charge sa maladie.
Enfin, l'étude sur le cancer Agrican, menée avec l'Inserm, révèle que les agriculteurs développent moins de cancers que la population générale (-30%).
En revanche, les cancers de la peau et les lymphomes sont deux fois plus fréquents.

 

 

 

Bilan en Isère de la mise en place des territoires de santé

- 20 contrats de praticien territorial de médecine générale signés et un de médecine ambulatoire (Trept, Corps, Autrans, La Mure, Lans-en-Vercors, Méaudre, Vif, Heyrieux, Saint-Just-Chaleyssin, Virieu-sur-Bourbre, Les-Côtes-d'Arey, Montalieu, Saint-Victor-de-Cessieu, Saint-Jean-de-Bounray, Pont-en-Royans, Varces, Saint-Nizier-du-Moucherotte et Crémieu).
- 16 contrats d'engagement de services publics
- 28 médecins correspondant de Samu
- 4 cabinets de montagne labellisés
- 18 structures d'exercice regroupé labellisées par l'ARS (Corps, Domène, Biol, Trept, Lans-en-Vercors, Villard-de-lans, Saint-Victor-de-Cessieu, Monestier-de-Clermont, Beaurepaire, Autrans-Méaudre et MSP multisites de La Mure, La Sure, La Bièvre, Vercors, Saint-Marcellin et Tignieu-Jameysieu.
- 1 protocole de coopération pour le dépistage de la rétinopathie diabétique par télémédecine à Roussillon.