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Aménagement

Les Rives du Rhône bâtissent leur territoire

Le syndicat mixte des Rives du Rhône vient de passer de 80 à 127 communes couvrant cinq départements. Il s'engage dans la révision de son Scot que les élus veulent respectueux de la très grande richesse territoriale.
Les Rives du Rhône bâtissent leur territoire

Viticulture sur la rive droite, zones industrialo-portuaires rive gauche, nationale 7 drainant toute une activité commerciale qui flirte avec un fleuve imposant sa partition et son trafic, zones céréalières en concurrence avec le développement économique, pression démographique de Vienne à Annonay : le périmètre du syndicat mixte des Rives du Rhône reflète toute la diversité régionale. Il réunit en effet cinq départements, sept intercommunalités et 127 communes, avec l'arrivée récente de communautés de communes de Nord Ardèche et Nord Drôme. Et ce n'est pas terminé, puisque les élus comptent sur le rapprochement logique de la communauté de communes de Beaurepaire. Le plus gros chantier dès lors, pour cette nouvelle entité de 250 000 habitants, est « la mise en cohérence de l'aménagement territorial », indique Philippe Delaplacette, maire de Champagne (07) et président du syndicat mixte. Un schéma de cohérence territorial, approuvé en mars 2012 sur le périmètre initial de 80 communes, est donc prescrit sur la nouvelle échelle des 127 communes. Si la Drôme n'avait pas de Scot et l'Ardèche disposait d'un schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) qui n'avait jamais été appliqué en revanche, Beaurepaire dépend du Scot de la région urbaine grenobloise.

 

Philippe Delaplacette, président du syndicat mixte et Gérard Banchet, vice-président.

Révision du Scot

Les élus du comité syndical vont dans un premier temps se charger « d'expliquer le Scot aux nouvelles communes », de façon à ce qu'elles se l'approprient et, dans une deuxième phase, mettre en route sa révision. Le chantier devrait être achevé d'ici six ans, à la fin de ce mandat. Les élus souhaitent bien entendu proposer un schéma soucieux « d'un développement équitable en productions comme en richesses ». Dans ses grandes lignes, il s'emploiera au maillage « efficace » du territoire de demain, avec trois pôles structurants, au Nord, au Sud et dans le bassin d'Annonay. Elaborer un Scot, c'est aussi intégrer les obligations en matière de protection de la biodiversité ou tenir compte des problématiques touristiques, culturelles du territoire. Les questions abordées sont nombreuses. En particulier celle qui touche l'agriculture. En 10 ans, 120 à 130 hectares ont été artificialisés dans le secteur. En 2009, le syndicat mixte a mené une campagne de photographies aériennes qu'il reconduira cette année, de façon à « avoir une idée précise de l'occupation du sol », explique le directeur, Cédric Le Jeune. « Quelles sont les cultures agricoles qui progressent - comme la viticulture - et celles qui reculent - comme l'arboriculture -, où sont les surfaces qui s'artificialisent ? », interroge-t-il. Le futur Scot devra donc préserver les espaces et les ressources en apportant une projection sur les territoires de demain. « Par exemple, il importe de préserver, voire de renforcer l'agriculture, mais nous devons également considérer le fait qu'il y a de moins en moins d'agriculteurs. Aussi, devons-nous nous interroger sur les actions que nous mettrons en œuvre pour organiser la relève et préserver les ressources », fait remarquer Philippe Delaplacette. « Nous souhaitons que le développement économique ne s'opère pas de façon anarchique, et éviter la concurrence entre les territoires en jouant plutôt la complémentarité », poursuit-il.

« Faubourg perché »

En ce sens, la nouvelle gouvernance du syndicat mixte observe que l'esprit, chez les élus, évolue. En témoigne le déroulement de son dernier chantier : le schéma de secteur de la côtière rhodanienne, adopté en février 2014. Après concertation, le document propose des orientations dans le sens de la préservation des espaces agricoles et de leurs fonctionnalités, adapte le développement urbain aux capacités d'accueil du territoire, encadre et requalifie l'offre en foncier d'activité. En clair, les espaces agricoles stratégiques, principalement dédiés à la viticulture, voient leur constructibilité limitée. Le développement urbain se devra respectueux des activités agricoles, le travail des exploitations facilité et leur dynamisme économique renforcé. Enfin, le développement urbain a été limité au « faubourg perché », c'est-à-dire le rebord du plateau de Saint-Romain-en-Gal et de Sainte-Colombe. « Les communes de la rive droite sont très contraintes et ce secteur a été reconnu par l'ensemble des élus pour répondre aux impossibilités d'extension et à l'accroissement de l'attractivité de l'agglomération viennoise », explique le nouveau président du syndicat mixte. Des terres sacralisées, des paysages préservés, des limites d'urbanisation spécifiées, un travail sur le renouvellement urbain et la densification : ce schéma directeur révèle le nouveau rapport au territoire des élus, dont certains ont même accepté l'absence de possibilité d'extension urbaine dans leur secteur.

Isabelle Doucet

Sept intercommunalités

- Communauté de communes de Condrieu
- Communauté d'agglomération du pays viennois
- Communauté de communes du Pilat Rhodanien
- Communauté de communes du pays roussillonnais
- Communauté de communes Vivarhône
- Communauté de communes porte de DrômArdèche
- Communauté d'agglomération d'Annonay