"Les taxations freinent les investissements"

Pour l'économiste Jean-Paul Betbèze, la crise qui ébranle la France depuis plusieurs années est avant tout celle d'un excès de dette. « Des crises comme celle-ci, il s'en produit tous les 50 ou 60 ans, donc pour nous c'est la dernière, a lancé l'orateur, invité du Crédit agricole sud Rhône-Alpes. Pour en sortir, il nous faudra plusieurs années ». Sa recette : réduire les dépenses publiques et faire repartir l'activité économique privée. L'économiste impute la perte de compétitivité de notre pays à la dette publique. Il s'explique : « Le coût du travail en France est très élevé. Entre ce même coût du travail et le travail net, il y a des charges qui sont les plus importantes d'Europe, cela parce que le coût de l'organisation publique est aussi une des plus importantes en Europe ». En bref, la perte de compétitivité génère du déficit extérieur, qui entraîne du déficit budgétaire, « alors qu'il faudrait revenir à du profit, de l'activité, de l'investissement ». Poursuivant dans le registre libéral et devant un auditoire de dirigeants d'entreprises, l'économiste en appelle à un changement radical, accompagné d'une pédagogie de cette nouvelle dynamique.
Fiscalité et investissement
Pour autant, Jean-Paul Betbèze consent quelques améliorations : « Fondamentalement, cela va mieux... » Les entreprises restockent et améliorent leur profitabilité. « Au quatrième trimestre 2013, nous aurons enfin un peu plus d'investissements. » Il salue l'abandon de la taxe sur l'excédent brut d'exploitation, mais dénonce la tentation d'augmenter l'IS des grandes entreprises. « Grande ou petite, la fiscalité c'est toujours de la fiscalité ». Entendre par là que les grandes entreprises se débrouilleront toujours à reporter le delta de fiscalité supplémentaire sur les petites, à l'image du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (Cice), prévu pour réduire le coût du travail dans les PME, lesquelles subissent la pression des grands groupes qui réclament une part du gâteau. « Il faut réduire la fiscalité globalement », martèle l'économiste.
A la question de la mobilisation des fonds nécessaires pour l'investissement des entreprises, il déclare que « les banques ne sont pas faites pour financer l'innovation. » Ces placements relèvent davantages de fonds spéciaux ; des fonds propres et risqués. Il déplore cependant la rareté de liquidités régionales en la matière, le capital risque ou capital aventure en France n'ayant qu'un an et de demi de stock devant lui. Et revenant à sa logique du trop d'impôts, il estime en effet que c'est l'excès de taxation qui freine la circulation de l'argent.
Et de conclure : « Si nous nous dirigeons vers une croissance à 0,5 ou 0,8 en 2014, nous ne fabriquerons pas de l'emploi durable. Pour que tout le monde soit content, entrepreneurs et économistes partagent la même position, c'est-à-dire une réduction de la fiscalité pour investir, gagnée sur moins de dépenses publiques ».