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Les terres agricoles épargnées

Depuis la création du Médipôle de Bourgoin-Jallieu, 33 hectares devaient être pris pour la mise en œuvre de mesures compensatoires. Un accord vient d'être trouvé pour utiliser d'autres terres que celles à fort potentiel agronomique.
Les terres agricoles épargnées

Il est de ces sujets qui traînent en longueur et dont l'issue inquiète. La recherche de terres pour la mise en œuvre de mesures compensatoires après l'assèchement et l'imperméabilisation de plus de 40 hectares de zone humide pour la création du Médipôle de Bourgoin-Jallieu en 2006 en faisait partie. Au départ, 33 hectares de terres agricoles, propriété de l'Etat mais cultivées par une demi-douzaine d'exploitants, devaient être utilisés. Mais comme il s'agissait de parcelles à fort potentiel agricole, les agriculteurs concernés n'étaient pas disposés à les perdre. Aussi, des comités de pilotage, co-présidés par la DDT et la Capi (la communauté d'agglomération Porte de l'Isère), ont été organisés depuis deux ans pour trouver un accord qui puisse satisfaire autant les agriculteurs que l'Association porte de l'Isère environnement (l'Apie) ou le syndicat intercommunal des marais de Bourgoin-Jallieu. Comme, entre-temps, sept hectares avaient déjà été mis en prairies humides, il restait 26 hectares à trouver dans les environs. En concertation avec les agriculteurs concernés, trois nouvelles propositions - qui utilisaient des terres à moindre valeur agricole - ont peu à peu émergé. Le 4 mars, un accord a été trouvé entre les différentes parties pour utiliser des peupleraies, des bordures de fossé et des parcelles agricoles un peu plus retirées, de façon à créer un réservoir de biodiversité autour des prairies humides et à élargir des corridors écologiques existants.

Une satisfaction

Aujourd'hui, il reste à mettre en place sur le terrain ce qui a été préconisé sur le papier. Et de faire en sorte que les cinq agriculteurs touchés le soient de façon équitable. Pour André Coppard, responsable du comité d'orientation Espace-territoire-environnement à la chambre d'agriculture de l'Isère, « l'aboutissement de ces tractations est une satisfaction. Même s'il est regrettable qu'il y ait eu une emprise sur les terres agricoles, lorsqu'on se souvient de ce qu'elle devait être au début et de ce qu'elle est à l'arrivée, on ne peut que se réjouir. L'expérience montre que, lorsqu'on se met tous autour de la table, il est possible de parvenir à des compromis intéressants ». Ce que confirme François Liénard, président de l'Apie, satisfait des mesures prises et du climat de confiance qui s'est instauré au fil du temps. La réaction de Christian Bonnaire, qui a déjà perdu l'exploitation de six hectares de terres, est plus mitigée. S'il reconnaît avec enthousiasme l'action de la chambre d'agriculture, il reste amer des pertes qu'il a subi, et espère qu'à l'avenir, les constructions ne seront plus réalisées en zone humide.

Isabelle Brenguier