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Vétérinaire

Les vétérinaires ruraux pratiquent moins de soins mais dispensent plus de conseils

Depuis dix ans Vincent Chicoineau est vétérinaire, spécialisé dans la discipline rurale. Il a constaté que l'avenir de son métier reposait sur le développement de la prévention et du conseil auprès des éleveurs, pour améliorer la rentabilité de leurs élevages.
Les vétérinaires ruraux pratiquent moins de soins mais dispensent plus de conseils

Vincent Chicoineau avait tout juste cinq ans quand il a décidé de devenir vétérinaire.

Il n'est pas issu du monde agricole mais il avait des animaux à la maison.

Les années ont passé et la passion qui l'animait enfant ne l'a pas quitté.

Originaire d'Izeaux, diplômé de l'école vétérinaire d'Alfort (l'une des quatre de France), le praticien, installé dans un cabinet de La Tour-du-Pin depuis 2008, associé depuis 2013, a effectué des remplacements durant sa première année d'activité, puis a exercé un an dans le Cantal, avant de revenir en Isère.

Formation adaptée

Vincent Chicoineau a toujours été intéressé par la pratique rurale (par opposition à la canine).

« Les rapports humains que l'on peut nouer avec les éleveurs sont particulièrement intéressants », estime-t-il.

Mais, bien qu'encore importante dans le territoire des Terres froides, l'activité de la discipline diminue.

« Dans le cabinet, il y a encore quatre ou cinq ans, nous étions deux à pratiquer la rurale, mais aujourd'hui une personne suffit, explique le vétérinaire. Certes le nombre d'exploitations baisse, mais pas le nombre de bêtes, les éleveurs nous appellent moins fréquemment et surtout qu'en cas d'urgence. En cause, une amélioration de leur propre niveau technique et la mauvaise conjoncture agricole. Leurs dépenses doivent être surveillées de près ».

Aujourd'hui, les interventions du vétérinaire sont principalement en lien avec l'obstétrique, les maladies métaboliques, les mammites, les boiteries, les soins sur les jeunes animaux comme les diarrhées des veaux et les problèmes respiratoires, mais aussi la prophylaxie qui doit être réalisée chaque année auprès des bovins de plus de deux ans.

Selon Vincent Chicoineau, la formation de vétérinaire est assez adaptée, mais il estime qu'il y a « encore beaucoup à apprendre » à son issue. « Entre l'école et le métier, il y a une montagne », juge-t-il.

Féminisation de l'activité

Pour le praticien, le métier a beaucoup évolué.

Les interventions pour maladie diminuent au profit du conseil aux éleveurs qui l'occupe désormais à hauteur de 40 % de son temps.

Le professionnel développe des approches de médecine de troupeau avec des préconisations en alimentation, des suivis de reproduction avec des échographies, sans inséminations.

« Nous sommes davantage dans la prévention. Aujourd'hui, nous avons une approche plus économique qu'exclusivement de soins aux animaux. Notre objectif est de faire découvrir aux éleveurs des pratiques qui peuvent leur rapporter de l'argent. C'est une évolution qui a été initiée il y a quelques années, mais qui s'accentue de plus en plus », détaille Vincent Chicoineau.

Cette mutation est intéressante d'autant qu'elle implique l'établissement d'une relation de confiance entre le vétérinaire et l'éleveur.

Autre changement dans la pratique du métier : les interventions en rurale au cours de la nuit sont bien moins fréquentes qu'auparavant, car les agriculteurs n'habitent plus forcément dans la ferme et ont des conjoints qui exercent une activité professionnelle extérieure à l'agriculture. « C'est une évolution de société », note le vétérinaire.

Vincent Chicoineau est passionné par son métier, mais il reconnaît qu'il peut parfois être physique et dangereux.

« C'est sa principale difficulté, estime-t-il. On peut facilement se prendre des coups de pieds ».

En revanche, si l'activité se féminise, le vétérinaire est convaincu que ses consoeurs ne rencontrent pas de problème dans l'exercice du métier « D'une part, de nouveaux instruments sont inventés et facilitent nos interventions et d'autre part, il y a des gestes et des postures à adopter. En plus, j'ai remarqué que les éleveurs pouvaient être attentifs à cette nouvelle présence féminine et davantage les aider », analyse le vétérinaire.

Isabelle Brenguier