Les Vignerons coopérateurs veulent pérenniser le bio et la HVE
Les Vignerons coopérateurs ont présenté le 8 avril un accord de durabilité pour que les producteurs de vin en agriculture biologique et haute valeur environnementale (HVE) puissent poursuivre leur activité.

C’est à la fois un travail inédit et de longue haleine auquel les Vignerons coopérateurs se sont attelés. Il a été entamé en janvier 2024 entre les responsables de la Coopération agricole et les représentants des DG Agri et Concurrence de la Commission européenne sur un point de règlement « utilisé pour la première fois », a indiqué Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs. En effet, l’accord de durabilité s’appuie sur l’article 210 bis du règlement OCM, qui permet de déroger au droit de la concurrence. Cette dérogation est accordée si « cela permet d’atteindre des niveaux de durabilité supérieurs à ceux imposés par le droit de l’Union européenne ou du droit national », a-t-il précisé. Concrètement, à travers ce dispositif, la Coopération agricole viticole entend ouvrir une brèche pour proposer un prix d’orientation qui permette à chacun (vigneron ou coopérative) de négocier un prix qui permette de sécuriser son revenu et de poursuivre son activité. Ce prix d’orientation est « débattu entre la production et le négoce sur le vrac et son niveau est plafonné à 20 % au-dessus du coût de production », a souligné Joël Boueilh. « C’est un dossier que l’on porte dans un contexte de crise multifonctionnelle », a-t-il ajouté. C’est pourquoi cette démarche est notamment engagée dans les régions les plus impactées par l’arrachage : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Vallée du Rhône.
Bonne base de discussion
Pour Vignerons coopérateurs de France (VCF), le débat sur ce prix d’orientation doit s’effectuer « entre la production et le négoce, au niveau régional. La structure qui organise l’accord peut être l’interprofession mais pas obligatoirement », a indiqué Anne Haller, directrice des VCF. Ces prix se négocieront de manière séparée pour le bio et la HVE. Le niveau de ce prix est plafonné à 20 % au-dessus du coût de production, dont le chiffrage est issu des centres de gestion et d’un panel d’exploitation. Par exemple, en Pays d’Oc, six cépages (deux en blanc, deux en rouge et deux en rosé) ont été retenus. « Si aucun accord n’est trouvé avec le négoce, les producteurs pourront alors prendre l’initiative via leur organisme de défense et de gestion (ODG), mais pas obligatoirement », selon VCF. « Au-dessus du plafond de 20 %, le marché redevient libre et il n’y a pas besoin d’accord », a ajouté Joël Boueilh. Ce prix d’orientation, « une démarche collective avec des prix individuels », n’a pas de valeur contractuelle mais « il donne une bonne base de discussion, ce qui n’existait pas jusque-là », a-t-il dit, vilipendant les prix actuels de certaines bouteilles de vin HVE vendues à 2,50 euros/litre en grande surface. Avec ce nouveau système, « on souhaite moraliser le secteur et on verra mal un négociant revenir sur son prix d’orientation. L’autre enjeu est de réinventer la viticulture pour répondre aux consommateurs et avoir les moyens de se réinventer ». Selon VCF, le négoce est a priori favorable à cette démarche et « aujourd’hui, nous allons apprendre en marchant ». Le dossier est à l’étude auprès de la Commission de Bruxelles et le dispositif, s’il est approuvé, devrait être opérationnel pour les vendanges 2025, à partir du mois d’août.
Christophe Soulard
verres
