Accès au contenu
PRÉDATION

Loup : l’arrêté sur les tirs pour les bovins attendu avant l’été

La FNSEA espère la publication, en juin, de l’arrêté permettant d’octroyer aux élevages bovins des tirs de défense simple contre le loup.

Loup : l’arrêté sur les tirs pour les bovins attendu avant l’été
Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO).

L’arrêté permettant d’accorder aux éleveurs bovins des dérogations de tirs contre le loup devrait être disponible d’ici l’été, a indiqué la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes (coordinatrice du Plan national loup), le 16 mai. Le sujet a été abordé en Groupe national loup (GNL) qui s’est tenu le même jour. « L’arrêté est prêt, mais pas encore signé », a indiqué Claude Font, le secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO). Selon lui, deux étapes doivent encore être franchies : un avis du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) et une consultation publique. Le texte doit permettre d’octroyer des tirs de défense simple aux éleveurs de bovins dans les mêmes conditions qu’aux éleveurs ovins. En hausse ces dernières années, « les attaques sur bovins représentent désormais plus de 10 % du total », selon les pouvoirs publics. En vertu d’un arrêté interministériel du 7 février 2025, les élevages bovins prédatés peuvent bénéficier de dérogations de tirs sans avoir mis en place de moyens de protection classiques (chiens de protection, clôtures), alors que les élevages ovins sont soumis à cette obligation. En contrepartie, les élevages bovins doivent justifier de démarches engagées en matière de réduction de vulnérabilité face au loup. « Le ministère voulait trois mesures de réduction de vulnérabilité et nous en demandons une seule », a expliqué Claude Font, évoquant aussi un dissensus sur le périmètre (au lot d’animaux ou au troupeau). « Nous avons proposé une liste de mesures suffisamment longue pour s’adapter à tous les systèmes de production. »

Plus de 11 000 victimes en 2024

Autre texte en chantier : un arrêté revalorisant l’indemnisation des pertes indirectes (hors mortalité), « attendu de longue date et prévu en juin », selon Claude Font. Le travail n’est pas tout à fait abouti sur le volet génétique, jusque-là inexistant. « Il y aura bien une revalorisation, mais il y a clairement un manque de budget », déplore l’élu de la FNO. Par ailleurs, la réunion du GNL a été l’occasion de présenter le bilan 2024 des dommages dus à la prédation lupine : l’année dernière, les attaques de loups ont connu une hausse sensible dans les territoires où l’espèce est récemment arrivée, selon la préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes. Sur un an, les attaques y ont augmenté de 40 % et le nombre de victimes de 70 %. Au contraire, dans les Alpes, zone historique de prédation, ces deux indicateurs reculent : — 4,9 % pour les attaques et — 13 % pour les victimes. Bien que contrasté selon les territoires, le bilan au niveau national fait apparaître une hausse des attaques (+ 4,2 %) comme des victimes (+ 5,7 %), alors que la population de loups se stabilise autour des 1 000 individus. En 2024, la France a subi 4 176 attaques (constats indemnisables et en cours d’instruction) pour 11 224 victimes, selon le bilan chiffré de la préfecture. Conséquence de la forte extension territoriale de Canis lupus : 78 départements sont désormais éligibles aux aides à la protection (chiens de protection, clôtures électrifiées), contre 69 l’an passé. Globalement, les demandes d’aide à la protection sont en « hausse de 10 % ». Concernant le début d’année 2025, Claude Font se dit « inquiet » du nombre important de prélèvements de loups déjà réalisés, signe selon lui d’une « pression de prédation qui augmente au niveau national ». D’après l’éleveur, 53 loups ont déjà été abattus (dont une dizaine de manière illégale), sur un total de 192 pour l’année. « On est largement en avance », note-t-il, craignant des restrictions si ce rythme se maintient. Le plafond de destructions est fixé en fonction de l’estimation de la population de loups : 17 % plus 2 % à la discrétion du préfet coordonnateur. Pourraient s’y ajouter encore 2 % supplémentaires si le plafond est atteint en cours de campagne.

Y.G