Lutte contre les vols dans les exploitations : les précautions à prendre

Depuis 2010, la gendarmerie constate une recrudescence des vols et des actes de malveillance dans les exploitations agricoles. En Isère comme dans la France entière, maraude, vol de production, de carburant, de métaux, de produits phytosanitaires, d'équipements ou d'engins se multiplient. Les exploitations sont d'autant plus vulnérables qu'elles sont isolées. C'est ce qui a conduit la préfecture, la chambre d'agriculture de l'Isère et le groupement départemental de gendarmerie à signer une convention de partenariat « visant à conjuguer leurs efforts pour lutter efficacement contre les vols et les atteintes volontaires visant les exploitations agricoles ».
Chaîne d'alerte
Parmi les outils et dispositifs de prévention mis en place (organisation de visite, réalisation gratuite d'une consultation sûreté par un gendarme référent, développement des échanges entre officiers de gendarmerie et exploitants agricoles...), l'alerte par SMS est celle qui rencontre le plus d'adhésion auprès des agriculteurs. La chambre d'agriculture dispose déjà d'une chaîne d'alerte par l'envoi de SMS grâce au réseau des organisations syndicales ou professionnelles. Dans le cadre de la convention, il est prévu de renforcer ce dispositif : dès que la gendarmerie aura connaissance d'un acte malveillant susceptible d'intéresser les agriculteurs, elle difusera un message alerte par courriel, qui sera repris in extenso par un SMS collectif de la chambre d'agriculture auprès des adhérents à ce dispositif. « Les messages seront zonés, explique le lieutenant-colonel de gendarmerie David Navet. Il y aura des messages pour les secteurs arboricoles, maraîchage, noix et le reste du département.» Expérimenté dans d'autres départements, le système a déjà fait ses preuves. « C'est un bon système qui permet d'éviter des razzias, estime David Sève, arboriculteur à Sablons et à Beaucaire. Mais pour que ça marche, il faut qu'un maximum de gens le reçoivent.»
Prévention des cambriolages
Les alertes ne sont pas les seuls moyens d'action. La gendarmerie compte aussi sur l'échange d'informations, la prévention et la limitation des risques. Elle diffuse pour cela une certain nombre de conseils pratiques pour protéger les exploitations contre les vols et les dégradations. Comme pour n'importe quelle habitation, il y a risque de cambriolage lorsque les malfaiteurs estiment que l'entreprise est facile et qu'ils peuvent en tirer un gain substantiel. La gendarmerie recommande de signaler les absences prolongées à des proches et de protéger les accès par un verrouillage systématique des ouvrants, de mettre en place un éclairage extérieur avec détecteur de mouvement, voire d'installer un dispositif de vidéoprotection ou un système d'alarme. Elle préconise aussi de se montrer discret dans certains cas (livraison de produits coûteux, rentrées d'argent...) ou de prévenir la gendarmerie pour qu'elle exerce une surveillance accrue à certains moments (récolte, stockage de fruits en caisses...). « Certains malfaiteurs travaillent à la commande, précise le colonel Navet. Ils ont le temps, sont malins, équipés et savent ce qu'ils prennent. Il faut être prudent, notamment quand on passe de grosses commandes.»
Miser sur les high tech
Concernant les vols sur l'exploitation elle-même, les malfaiteurs ciblent particulièrement la production stockée, les matériels de plein champ ou entreposés sous des hangars, les cuves et les réservoirs des engins et des machines. Il est donc recommandé de protéger les accès de lieux de stockage, en marquant bien les limites de la propriété (ce qui peut également permettre de limiter le maraudage occasionnel...), en bloquant les chemins et accès inutilisés, en garant les engins dans des bâtiments à l'abri des regards extérieurs, voire en les bâchant, en installant des antivols et en déployant des systèmes de vidéoprotection ou d'alarme. Les gendarmes conseillent aussi de compliquer la tâche des cambrioleurs en ne laissant jamais les clés sur le contact bien sûr, en retirant les dispositifs de démarrage, et en organisant le rangement de façon à placer les matériels les plus sensibles loin des accès. Ils rappellent par ailleurs que les objets non indentifiés sont plus faciles à écouler, notamment vers certains pays étrangers, via des filières internationales. Pour contrer ces trafics et augmenter ses chances de retrouver son matériel, voire ses bêtes, il n'est pas absurde de les marquer, voire de les équiper d'un système de géolocalisation. Les malfrats ont souvent recours au high-tech, autant utiliser les mêmes armes qu'eux.
Marianne Boilève