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Questions à

Lyon-Turin : « Sécuriser un périmètre intangible »

Jean Papadopulo, président de la communauté d'agglomération Porte de l'Isère (Capi) au sujet des réserves foncières du projet Lyon-Turin en Nord-Isère.
Lyon-Turin : « Sécuriser un périmètre intangible »

De quelle façon la Capi serait-elle concernée par la question des réserves foncières de la LGV Lyon-Turin sur son territoire ?

Il est question de 260 à 270 hectares prélevés en Nord-Isère.

Ils se répartissent de façon différente sur le territoire. La Capi, dans les secteurs de Bourbre-Catelan, serait concernée à hauteur de 49 à 50 hectares.

Nous n'avons pas encore de détail. Nous savons en revanche que la plaine est touchée et qu'il s'agit à 80% de terres agricoles, le reste étant un peu de forêts et des zones humides.

Quelle est votre position ?

Nous sommes en plan Vigipirate écarlate ! Il s'agit de faire passer une ligne ferroviaire. Cela fait partie de l'aménagement du territoire. C'est un sujet national.

Nous travaillons main dans la main avec la chambre d'agriculture de l'Isère, son président Jean-Claude Darlet et André Coppard en charge du dossier. Nous nous tenons mutuellement informés des sujets.

Comment la collectivité compte-elle s'organiser face à la nécessité de constituer des réserves foncières en vue du futur chantier du Lyon-Turin ?

Sur le territoire de la Capi, nous travaillons à la mise en place d'un PAEN(1).

Nous espérons qu'il aboutira et que les agriculteurs seront volontaires.

Il s'agit de sécuriser un périmètre intangible au profit de cette génération d'agriculteurs.

Pour faire passer le Lyon-Turin, il convient de trouver des zones de compensation reconnues des uns et des autres.

Il faut que ces zones, notamment de compensation environnementales, soient réelles et qu'elles aient du sens, qu'elles protègent réellement la faune et des milieux.

Et ces zones seront choisies sur des terrains non agricoles. Ce n'est pas imaginable autrement.

Sur la compensation des zones humides et des zones agricoles, il faudra trouver une cohérence et que l'Etat exprime sa position.

Comment parvenir à sanctuariser les terres agricoles ?

Soit l'Etat en donnera la possibilité. Mais s'il le faut, nous engagerons, via le Psader un dispositif type PAEN ou ZAP. Faisons-le !

Il est important de donner à l'agriculture une visibilité dans le temps. Pas une entreprise ne peut perdurer si elle n'a pas de visibilité.

Aujourd'hui, l'Etat est en train de revoir sa position.

Il possède des centaines d'hectares hérités de la Ville nouvelle qu'il a commencé à trier en fonction de leur destination finale.

Il ne se passera rien dans certaines zones, contrairement aux projets initiaux. Il n'y a aucun grand aménagement prévu.

Il s'agira de revendre ces terres aux agriculteurs. D'autres terrains présentent un impact économique important.

Quelles seront les règles du jeu en matière de compensation ?

Nous définirons une zone agricole protégée.

Nous utiliserons toutes les possibilités qu'offrira la loi d'ici 25 ans.

Il y a beaucoup de réserves, mais elles ne sont pas toutes situées au bon endroit. Il faut trouver les bonnes zones de compensation.

Nous travaillerons pour cela avec l'Epora (2), la chambre d'agriculture et la Capi.

Comment le projet du Lyon-Turin s'intègre-t-il dans le Scot(3) Nord-Isère ?

La DTA de Saint-Exupéry, le Lyon-Turin : nous devons travailler ensemble en tenant compte de ce qui se passe à côté.

Sur le sujet agricole, la Capi se positionne pour un aménagement intelligent.

Le directeur de l'aménagement de la plaine de Saint-Exupéry s'en est emparé.

C'est un seul dossier, une réflexion globale autour de l'agriculture dans l'objectif de protéger au mieux les surfaces agricoles, même si les problématiques ne sont pas les mêmes d'un côté et de l'autre.

Pas moins de 50% du territoire de la Capi, soit 250 km2, sont constitués de terres agricoles. Il y a plusieurs centaines d'exploitations.

Techniquement, quel sera le mode opératoire ?

Le PAEN sera piloté par le département et sollicité par la Capi. Des contacts entre les services sont déjà engagés.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

(1)PAEN : Périmètre agricole et naturel
(2) Epora : Établissement public foncier de l'Ouest Rhône-Alpes qui gère le patrimoine foncier de l'Etat du secteur de la Ville nouvelle.

(3) Scot : Schéma de cohérence territoriale du Nord-Isère actuellement en cours de révision.

 

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