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Spectacle

Médrano fait son cirque (international) à Grenoble

En tournée à Grenoble du 22 au 25 juillet, le chapiteau de Medrano propose son Festival international du cirque qui fait la part belle aux acrobates et aux animaux. Confidences de Carlos Savadra, dresseur de chevaux, de vaches et d'oies.
Médrano fait son cirque (international) à Grenoble

Monter sur un tabouret, tout le monde peut le faire. Quand on est une vache, l'exercice est un peu moins simple. C'est pourtant bien ce que s'applique à faire Sandy, une pie rouge recrutée par le cirque Medrano pour un numéro hors pair. Paisiblement installée sur le bord de piste, pas impressionnée le moins du monde par les flon-flon ni les projecteurs, la vache contemple l'entrée sur la piste de ses complices, censés échapper aux lassos de séduisantes cow-boys en jupettes. La scène est d'autant plus cocasse que lesdits complices, trois porcs laineux originaires d'Autriche, une chèvre et un troupeau d'oies, mettent beaucoup de cœur à l'ouvrage. Quelques secondes plus tard, voilà Nif-Nif, Naf-Naf et Nouf-Nouf qui se glissent avec grâce sous le ventre rebondi de Sandy : le public adore.

Lien de confiance

Millimétré et très rythmé, ce numéro réalisé avec d'authentiques animaux de ferme est l'une des jolies surprises du dernier spectacle Medrano. On le doit au travail patient de Carlos Savadra, un artiste primé au festival international de Monte-Carlo, qui s'est mis à l'allemand pour l'occasion. « Le français, c'est trop doux, explique l'artiste. Les animaux ont besoin de l'intonation claquante et rapide de l'allemand pour bien comprendre ce qu'on leur demande. » Carlos sait de quoi il parle : acrobate de formation, il a déjà dressé des vaches laitières, leur apprenant à faire des pirouettes ou à saluer, genou à terre. Il les connaît désormais aussi bien que les zèbres ou les dromadaires, mais ne travaille pas de la même manière.

Pas facile de dresser des oies quand on est habitué aux tigres… (crédit photo : Médrano).

« Les animaux de ferme, c'est plus compliqué que les exotiques, juge-t-il. Avec un dromadaire, on peut monter un numéro en trois mois. Mais les vaches ou les cochons demandent plus de temps. Il faut beaucoup de confiance entre l'homme et l'animal, et l'on ne peut pas travailler plus de deux heures par jour : un heure le matin, une heure l'après-midi. » Et si la vache n'a pas la réputation d'être aussi féroce qu'un tigre ou un lion, c'est un gros animal, imposant, qui peut vous mettre K.O d'un simple coup de patte. Mais Carlos a un petit faible pour elle : « C'est l'animal le plus intéressant. Ça impressionne au départ, mais c'est une bête intelligente, qui comprend vite et vous peut vous témoigner son affection d'un grand coup de langue. »

Carrousel

Les stars de la ferme risquent-elles de voler la vedette au reste de la ménagerie Medrano ? Pas vraiment. Car entre deux numéros de voltige et de clowns, les animaux exotiques ont aussi leur heure de gloire. Souvent cantonnés au rôle de figurants dans les parades de cirque, chameaux, dromadaires, zèbres, lamas et autres zébus forment ici un carrousel savamment orchestré par l'infatigable Carlos. Ils exécutent quantités de figures que l'on retrouve habituellement dans les démonstrations équestres. Puis c'est au tour des « incroyables éléphants » de la famille Gartner qui, d'un coup de patte, s'amusent à faire voltiger leur dresseur pour le voir atterrir sur le dos de l'un d'entre eux. Tout simplement pachydermique.

Marianne Boilève

 

La machine Medrano

Fondé par un clown d'origine espagnole en 1897, le cirque Medrano se distingue des autres à la fin des années 30, quand Jérôme Medrano, fils du clown Boum Boum, aura l'idée de proposer des spectacles innovants, très rythmés, dans lesquels se produisent les meilleurs artistes de l'époque (Fratellini, Achille Zavatta, Grock et Rhum...). Soucieux de se renouveler en permanence, Medrano invite bientôt des stars du music-hall, comme Buster Keaton ou, dans les années 50, Fernand Reynaud.
Cette tradition d'ouverture est perpétuée aujourd'hui, puisque le directeur artistique du cirque, Christophe Herry, passe une bonne partie de son temps à parcourir le monde à la recherche de talents et de numéros toujours plus ébouriffants. Une obsession qui s'explique par une concurrence très rude (une vingtaine de « grands » cirques sont en tournée régulière) et par les attentes d'un public très sollicité. Avec 280 villes visitées chaque année, quatre shows en alternance et plus d'un million de spectateurs par an, le cirque Medrano ne s'en tire pas si mal. Mais c'est au prix d'une énorme machinerie (150 personnes, dont 40 artistes de 14 nationalités différentes, 40 camions, trois représentations par jours et 20 000 heures de spectacle par an...) qui n'a plus grand chose à voir avec le cirque à la papa imanginé par Boum Boum.
MB