Accès au contenu
Sciences

Mieux connaître les bactéries

Amies ou ennemies, les bactéries assurent différentes fonctions dans la nature. C'est ce qu'ont expliqué trois scientifiques lors du dernier Café des sciences du Grésivaudan.
Mieux connaître les bactéries

« Les bactéries, c'est petit ». Hans Geiselmann est professeur de biologie à l'université de Grenoble-Alpes. Mais c'est avec une grande proximité qu'il sait parler de son métier.

Il rappelle que la taille moyenne de la bactérie est de l'ordre du micron, mμ, et que le corps humain « est composé de dix fois plus de bactéries que de cellules humaines ».

Habitué à « les faire pousser en labo », il indique que ces microorganismes « sont faciles à manipuler génétiquement » et qu'on « peut leur faire faire des choses utiles à l'homme ».

« Tous les êtres microscopiques appartiennent à la catégorie des microbes »

Invité du Café des sciences et citoyens du Grésivaudan, il a partagé avec le public un tout petit pan de ses connaissances, en compagnie de Jacques Croizé, pharmacien biologiste des hôpitaux et maître de conférence, ainsi qu'Emeric Leclerc, ingénieur en traitement des eaux.

« Bactéries amies ou ennemies ? » C'est selon.
« Tous les êtres microscopiques appartiennent à la catégorie des microbes. Il existe quatre groupes, précise Jacques Croizé, les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. »
Tous ne sont pas pathogènes, mais certains se multiplient très vite, comme la fameuse Escherichia coli, qui n'a besoin que de 20 mn pour induire, après une période d'incubation, un processus d'intoxication alimentaire.

 

Hans Geiselmann et Jacques Croizé, pharmacien biologiste des hôpitaux, maître de conférences des universités, laboratoire de bactériologie.

Trois armes

Les plus violentes sont à l'origine de nombreuses maladies infectieuses comme le choléra (Vibrio cholerae), la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis ou bacille de Koch) ou la lèpre (Mycobacterium leprae ou bacille de Hansen), après deux ans d'incubation pour cette dernière.

Mais Hans Geiselmann se veut rassurant : « La limitation majeure des bactéries, c'est quand il n'y a rien à manger ».

 

Hans Geiselmann, professeur de biologie à l'université de Grenoble-Alpes, Laboratoire interdisciplinaire de physique.

 

Jacques Croizé s'est attaché à décrire le phénomène infectieux, issu de la multiplication des bactéries, et la façon de le combattre. « L'antibiotique va aller trouver celles qui sont en surnombre ».

Les antibiotiques ont beaucoup évolué depuis l'invention de Flemming et la pénicilline, pour autant, le principe reste le même : « Les principaux antibiotiques sont des dérivés des produits chimiques sécrétés par des bactéries et des champignons », ajoute le scientifique.

Aujourd'hui, l'enjeu de la recherche est de trouver de nouvelles substances pour faire face aux phénomènes de résistance aux antibiotiques.

Pour autant, le professeur rappelle « trois armes » pour faire face aux attaques bactériennes : les vaccins en prévention, l'hygiène au quotidien et les antibiotiques en thérapie.

« Il ne faut pas avoir peur des bactéries », reprend-il, en précisant que « les gentilles bactéries sont les plus résistantes et les méchantes sont très sensibles. »

Boucle vertueuse

Les gentilles bactéries, ce sont notamment les probiotiques, ces bactéries commensales (qui vivent avec nous) que l'on retrouve dans la flore intestinale et contribuent à nos défenses immunitaires.

Ces probiotiques sont aussi présents dans les yaourts sous le nom de Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus.

Ils sont aussi utilisés dans les stations d'épuration pour dépolluer l'eau.

Leur activité est favorisée par l'apport d'oxygène dans les réacteurs biologiques, à l'instar des installations d'Aquapole où sont traitées toutes les eaux usées de la région grenobloise.

« Nous avons lancé deux nouvelles applications, annonce Emeric Leclerc, son directeur. Les boues d'épuration, riches en matière organique, sont valorisées en les transformant en biogaz. »

 

Le Café des sciences et citoyens du Grésivaudan se réunit désormais au château de la Veyrie à Bernin.

« A partir des eaux usées, nous produisons de l'énergie »

En effet, un nouveau réacteur, dégrade la matière organique en milieu anaérobie pour la transformer en méthane. Le biogaz est directement injecté dans le réseau GRDF.

« A partir des eaux usées, nous produisons de l'énergie », reprend le responsable de la station.

La production de boues est diminuée de 35%. La part restante est incinérée ou épandue.

Le deuxième gros chantier de la Métro, gestionnaire des installations, a été le bâchage des bassins afin de piéger les odeurs.

« C'est une boucle qui se veut vertueuse. La station consomme beaucoup d'énergie et nous sommes encore loin d'une installation à énergie positive », explique le dirigeant.

Mais il n'y a à ce jour que deux stations d'épuration en France aussi abouties en termes de production énergétique.

Isabelle Doucet

Bactéries et agriculture

Les bactéries sont très présentes numériquement dans les sols et contribuent à la transformation de la matière et à la fertilisation. Elles sont en particulier capables de réduire les sulfates, de fixer l'azote et de produire des nitrates. Sur la scène internationale, les derniers travaux des chercheurs anglo-saxons se penchent sur les bactéries favorisant la croissance des plantes. La détection d'un signal émis par la bactérie favorise le développement racinaire.
Le projet Azodure, financé par l'ANR en Nord-Isère, visait à évaluer une technologie d'inoculation de semences de maïs par une bactérie symbiotique qui aide les plantes à développer un système racinaire. L'objectif est de diminuer l'apport d'engrais azoté.
 

 

Pour aller plus loin :

- Agriculteurs et chercheurs unis par une bactérie

- Azodure : la preuve par le champ