Min de Grenoble : un Box fermier pour une cuisine de marché

Lancé en décembre dernier, le Box fermier s'est offert un petit coup de projecteur le 11 avril. Une idée lumineuse s'il en est, puisque ce jour-là, le gratin de sa clientèle cible - les professionnels de la restauration - était invité à la 26ème édition du concours de cuisine du Marché d'intérêt national de Grenoble. Comme chaque année en effet, le challenge culinaire était organisé en partenariat avec l'Umih38 et présidé par un chef, André Taormina. Le nouvel étoilé de l'Ambroisie (Saint-Didier-de-la-Tour) n'était pas là par hasard. « J'ai commencé à 14 ans, explique-t-il. La question de la transmission m'a toujours intéressé. Ces jeunes, c'est la cuisine de demain. »
Se simplifier la vie
Le chef a profité d'un moment de liberté pour faire un tour du côté du Box fermier. Coup d'œil expert sur les produits : cochonnailles, fromages fermiers, huile de noix, farine, miels et douceurs parfumées au safran... Surpris et très intéressé, André Taormina a très vite compris l'intérêt de la démarche. « Dans mon secteur, nous sommes plusieurs restaurateurs à proposer une cuisine du marché et à travailler avec des producteurs locaux, mais ça prend du temps, confie-t-il à Jérôme Guillemette, le co-gérant-commercial du Box. Si on pouvait tout centraliser, ça nous simplifierait la vie... »
C'est exactement le service que propose le Box fermier : mettre en lien producteurs et professionnels des métiers de bouche, sans les embarrasser des questions logistiques. Installé au cœur du Min, le Box dispose d'un catalogue de produits fermiers, livrés par deux productrices associées, Thérèse Marion et Sylvie Boulenger, et une vingtaine de dépôt-vendeurs isérois. Il est complété par les arrivages de la semaine, au gré des saisons, des productions, des abattages. Pour la commercialisation, Jérôme Guillemette se charge de tout : trouver des clients, organiser la logistique, les livraisons et la facturation. « Sans lui, rien n'aurait pu se faire, reconnaît Thérèse Marion, de la ferme des Loives. Les démarches commerciales, ce n'est pas notre truc, à nous les producteurs. Le Box, ça permet de vendre en circuit court, mais en quantité importante. »
Faciliter l'accès aux produits locaux
Dans les limbes depuis quatre ans, le projet a mis du temps à émerger. Il a fallu en effet trouver la perle rare, en l'occurrence Jérôme Guillemette, un commercial qui a fait ses classes chez les grossistes mais voulait se réorienter vers les produits locaux. « Aujourd'hui, il y a d'un côté les restaurateurs qui veulent travailler avec du local, des circuits courts, de l'autre des producteurs qui voudraient travailler avec des restaurateurs parce que, pour eux, c'est le Graal, constate Jérôme Guillemette. Mais ils n'ont pas le temps et ne savent pas comment s'y prendre. » C'est là que le Box fermier intervient. Sa raison d'être, c'est de faire le lien entre les deux. « J'avais depuis longtemps en tête le projet d'inverser la logique habituelle, explique ce commercial plutôt atypique. Je voulais partir du produit et proposer au restaurateur de s'adapter. Ça marche si on connaît bien ses produits... et ses clients. »
Suggestions du jour
Chaque matin, le gérant-commercial-chauffeur-livreur embarque la marchandise dans son camion et se rend chez ses clients pour livrer la commande de la semaine, enrichie des suggestions du jour. Une sorte camion-épicerie « à l'ancienne », adapté aux restaurateurs et aux métiers de bouche. « Ils savent quel jour je passe, à quelle heure, et complètent leur panier avec ce que j'apporte. Avec moi, ils n'ont pas de certitude : c'est le produit qui guide l'inspiration. Mais ça ne convient pas à tout le monde. »
Envie
Pour l'instant, la tournée - cinq clients par jour, cinq jours par semaine - se limite à l'agglomération grenobloise. Mais la rencontre avec le chef de l'Ambroisie et le bouche-à-oreille devraient rapidement faire évoluer les choses. En tout cas, ceux qui ont testé le service s'en disent satisfaits. « Pour nous, c'est ce qu'on rêvait de mettre en place dans le restaurant, explique Yannick Rizzi, de La Baratte, à Grenoble. C'est bien de vouloir travailler avec le local, mais s'il faut faire 300 km par semaine, on est à contre-courant. Avec le Box fermier, on passe une commande par semaine et on complète avec ce qu'il y a dans le camion. Voir les produits, ça donne envie ! »
Marianne Boilève