Monsanto condamné à payer 289 millions de dollars de dommages

Un tribunal de San Francisco a condamné le 10 août Monsanto à payer près de 290M$ de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup à l'origine du cancer de Dewayne Johnson. Les jurés ont déterminé que Monsanto avait agi avec "malveillance" et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient "considérablement" contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson. Le géant de l'agrochimie a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Le jury a tort selon Scott Partridge
Tombé dans les bras de ses avocats à l'annonce du verdict, partagé entre larmes et sourire, cet Américain de 46 ans réclamait plus de 400 millions de dollars, estimant que les produits de Monsanto avaient entraîné son cancer et que la multinationale avait sciemment caché leur dangerosité. "Le jury a eu tort", a déclaré à des journalistes le vice-président de Monsanto Scott Partridge, devant le tribunal. Si ce dossier est le premier autour du glyphosate à arriver devant un tribunal, c'est parce que la loi californienne oblige la justice à organiser un procès avant le décès du plaignant. Des milliers de procédures contre Monsanto sont en cours aux Etats-Unis, à des degrés divers d'avancement.
Nicolas Hulot évoque le «début d'une guerre» contre les phytos
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a évoqué le 11 août le "début d'une guerre" contre les phytos à la suite de la sévère condamnation de Monsanto aux Etats-Unis pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son produit Roundup. "Nous avons pris une première décision en France mais ce ne doit être que le début d'une guerre que nous devons mener tous ensemble pour réduire massivement les molécules les plus dangereuses", a affirmé le ministre à BFMTV.
Engagement d'Emmanuel Macron
Il se référait à un engagement du président Emmanuel Macron de bannir en 2021 le glyphosate, le principe actif de l'herbicide Roundup. Pour M. Hulot, il ne faut pas "la démonstration absolue" du danger de ces produits "car quand on attend, les poisons auront fait leurs effets et les victimes seront excessivement nombreuses". Il n'a toutefois pas suggéré d'avancer l'échéance de 2021 "parce que malheureusement on ne peut pas faire plus rapide", pointant du doigt les groupes de pression "qui ont pignon sur rue" et tiennent "parfois même la plume des amendements". "J'aimerais bien que nos voisins européens, sans oublier nos amis outre-atlantiques, prennent des décisions aussi rapides et déterminées que nous le faisons en France", a-t-il également dit. Qualifiant l'affaire Monsanto de "cas d'école du principe de précaution", il a rappelé qu'il ne s'agissait pas d'un combat contre les agriculteurs et les agricultrices mais pour eux.