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Aménagement

"Ne pas agrandir le périmètre Seveso"

La zone industrialo-portuaire (ZIP) de Salaise-Sablons, sur le fleuve Rhône en Isère, entre dans une nouvelle phase de développement. Daniel Rigaud, le président du syndicat mixte de la ZIP, explique les enjeux de cette opération.
"Ne pas agrandir le périmètre Seveso"

Daniel Rigaud, président du syndicat mixte de la zone industrialo-portuaire de Salaise-Sablons et conseiller général de l'Isère.

Que signifie la signature de ce partenariat entre la ZIP de Salaise-Sablons, l'AEPI et Isère aménagement ?

C'est une étape décisive. Nous scellons ainsi notre partenariat avec l'AEPI* et la société publique d'aménagement de l'Isère. Désormais nous pouvons engager des démarches de prospection, de commercialisation et lancer le début des travaux d'aménagement de cette zone de plus de 170 hectares, pour accueillir de nouvelles entreprises.

Le projet d'agrandissement prévoit l'aménagement de 170 hectares supplémentaires et la création, à terme de 2 à 3 000 emplois.

Cette zone, qui a 40 ans, avait besoin d'être redynamisée ?

Il nous fallait d'abord redéfinir quels étaient les grands enjeux de cette zone industrielle, dont une partie est déjà occupée. Nous avons eu de nombreux débats, pour concilier développement industriel et développement durable, dans un secteur fortement marqué par l'industrie, mais aussi par la pollution. C'est la raison pour laquelle nous avons élaboré une charte, pour définir les bases de l'accueil de nouvelles entreprises sans échapper aux grand enjeux industriels. Notre première résolution a été de ne pas agrandir le périmètre Seveso, voire de le réduire à la source.

Vous souhaitez accueillir un certain type d'entreprises, vous accueillez déjà des coopératives agricoles, mais l'industrie alimentaire ne fait pas partie des orientations affichées ?

La porte n'est pas fermée. Nous devons faire en sorte que toute implantation ne vienne pas agrandir le périmètre Seveso, car nous nous trouvons à proximité d'une ville et d'activités humaines. Nous regardons et analysons tous les dossiers qui se présentent.

Plusieurs coopératives agricoles sont installées sur le pôle multimodal.

 

Vous avez déjà réalisé une belle prise avec l'Américain Hexcel* ?

Cette entreprise s'installera à l'extrémité de la plateforme chimique de Roussilon et à proximité de la zone industrialo-portuaire. Il y aura des investissements communs entre le syndicat mixte et Hexcel, dans des conditions que nous avons examinées ensemble, comme l'aménagement d'une voie ferroviaire. L'arrivée de cette entreprise sur le site chimique représente un signal supplémentaire pour le développement de cette zone. La création de plus de 200 emplois est prévue, voire plus, à terme.

Avez-vous d'autres contacts ?

Des investisseurs nous contactent et viennent nous voir. Nous allons développer nos propres outils de communication. C'est un port très bien géré par la CCI Nord Isère et nous allons tout faire pour que plus personne n'ignore cette zone.

Les entreprises présentes couvrent des secteurs d'activités tels que la chimie, les transports, les BTP, mais aussi la coopération agricole.

Le site est en fait un véritable pôle multimodal ?

C'est le grand intérêt du secteur où les échangent s'opèrent entre le port, la route et le rail. Nous avons pour objectif d'améliorer les accès routiers et il y a de fortes possibilités de développement par voie d'eau, sur trois kilomètres de berges. Nous sommes prêts à répondre à tous les nouveaux utilisateurs, y compris à aménager un port pour les conteneurs si nécessaire. Avant la crise, il était question de saturation du port Edouard Herriot à Lyon sur le trafic conteneur. Ce n'est plus le cas. Mais nous devons rester attentif aux évolutions. Le trafic fluvial est en développement constant, y compris en période de crise ; il faut dire qu'il est parti de tellement bas !

La zone industrialo-portuaire de Salaise-Sablons est situé à un carrefour stratégique de Rhône-Alpes.

En quoi vont consister les aménagements ferroviaires ?

En complément du combiné rail-route, nous voulons améliorer les entrées-sorties des convois. Ce sont des aménagements auxquels procèdent la région et la Compagnie nationale du Rhône (CNR), au fur et à mesure de l'expression des besoins.

A quoi étaient affectés ces 170 hectares que vous allez aménager ?

Ce projet date des années 80. Il entre dans le cadre du Sdau* de la vallée du Rhône qui avait désigné ces espaces pour le développement économique, au détriment de l'agriculture. Depuis les années 80, les agriculteurs savent cela. Mais comme ils ne voyaient rien venir, ils ont pensé que le projet était abandonné. Nous avons discuté, de 2009 à 2011, avec la chambre d'agriculture, les syndicats agricoles d'irrigants et le conseil général pour élaborer un protocole pour l'achat des terrains et les compensations données aux irrigants. Nous ne voulions pas présenter un protocole mal fait. Nous avons acquis tous les terrains, avec l'aide de la Safer. Il n'y aura au final qu'une ou deux expropriations. Ce sont de très grandes parcelles et 24 agriculteurs étaient concernés. Nous essayons aujourd'hui de trouver des terres sur la rive droite.

La zone industrialo-portuaire accueille 21 entreprises qui emploient 900 personnes.

Quels est le montant du projet d'aménagement ?

Il s'élève à 130 millions d'euros et le reste à charge des collectivités (communauté de communes, conseil général et conseil régional) sera de 78 millions d'euros, une fois les terrains revendus. Nous souhaitons garder une grande maîtrise publique sur ces aménagements pour ne pas dérailler. Nous avons fixé des règles éthiques, notamment en matière de préservation de l'environnement.

Propos recuieillis par Isabelle Doucet

 

Trafic /

La zone portuaire de Salaise-Sablons

Le site de 330 hectares situé sur les deux communes est le seul port de l'Isère. Il se décompose en 100 hectares concédés par l'Etat à la Compagnie nationale du Rhône (CNR), dont 13 hectares de port public géré par la CCI du Nord Isère et 25 hectares qui accueillent sept entreprises. 110 autres hectares sont occupés par 13 autres entreprises, générant un total de 900 emplois. La nouvelle opération d'aménagement portera sur 170 hectares. Les activités attendues devraient être orientées vers l'écologie industrielle, les techniques et les énergies durables, les matériaux renouvelables, et la distribution intelligente.
Le port accueille des péniches, mais ne peut opérer de conteneurs. L'équipement dispose de 650 m de quais. Pas moins de 800 000 tonnes de marchandises transitent par cette plateforme logistique multimodale (fleuve, route, rail) dont 20% par voie fluviale.

*AEPI : Agence d'études et de promotion de l'Isère

*Hexcel : Le leader mondial de la fibre carbone (5 000 salariés, CA : 2 milliards de dollars) est déjà implanté aux Avenières en Isère. Une parcelle de 15 hectares accueillera le nouveau site de Roussillon en 2015, représentant un investissement de 400 millions d'euros.

*Sdau : Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme.