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Syndicalisme

« Nos richesses viennent de notre engagement collectif »

Le congrès annuel de la FDSEA de l’Isère s’est déroulé vendredi 14 mars à Cras. Il a surtout été question des élections aux chambres d’agriculture et du congrès de la FNSEA qui se tient à Grenoble.

Réunion de syndicalistes agriculteurs
Le congrès de la FDSEA s'est déroulé à Cras le 14 mars dernier.

« Nous sommes là pour défendre nos métiers et non pas un système », a lancé Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère, lors du 80e congrès du syndicat qui s’est déroulé à Cras, vendredi 14 mars dernier, devant une petite centaine de participants.

Le retour sur les résultats des dernières élections consulaires a beaucoup alimenté les débats. Constat a été dressé d’une participation certes en retrait, mais aussi d’une défection dans les rangs des électeurs traditionnels de la FDSEA. 

« Le collège des actifs est préoccupant pour nous et peut nous faire basculer, s’est inquiété Aurélien Clavel, le nouveau président de la Chambre d’agriculture de l’Isère. Les prochaines élections commencent maintenant. »

Face aux « ça ne sert à rien », à une Confédération paysanne « à la main du PS et des écolos », un RN « qui est là pour plomber la FNSEA », Jérôme Crozat a rappelé « la liberté de voter pour qui vous voulez » aux adhérents de la FDSEA, syndicat des plus transpartisans, que d’aucuns voudraient pourtant étiqueter à droite.

Pour lui, il importe « de rééquilibrer les choses », « d’avoir du débat pour avancer » : communication, formation, représentation, visibilité sont autant de pistes de reconquête pour la reconnaissance du travail fait par le syndicat majoritaire et ses retombées au bénéfice de tous.

Des questions de fond

Conséquence première du résultat des urnes, le fonds destiné au financement des syndicats est réparti en fonction du score réalisé, rappelle Aurélien Clavel, ce qui ne sera pas sans poser des problèmes à certains syndicats comme les JA.

« La question de fond du financement du syndicalisme et de la réorganisation va faire débat dans les départements », annonce David Chauve, secrétaire général de la FRSEA, récemment élu président de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, et invité du congrès.

Il indique par ailleurs que les positions portées par la région Auvergne-Rhône-Alpes « comptent » au niveau national, car c’est une « région organisée et basée sur des départements forts ».

Le Puy-de-Dôme étant un département ayant connu l’alternance mais regagné haut la main par la FDSEA, il fait part du « traumatisme » vécu par les équipes et « a vu ce que ça a donné ».

Il ajoute : « On refait de la perspective et non pas de la politique à la petite semaine. Nous traitons de vrais sujets pour ceux qui veulent se projeter et dont les chefs d’entreprise comme nous, ont vraiment besoin. L’acte de production, n’est pas un gros mot, surtout dans un climat géopolitique est instable. »

Il dénonce « le double discours des instances publiques » et « des situations instables où rien n’atterrit et qui font le lit du populisme, avec des agriculteurs qui s’éloignent des dossiers, des gens qui se laissent embarquer par un discours anti FNSEA, qui ont du mal à apprécier notre travail ».

Adhérents ou militants

Se penchant sur la carte de France des élections aux chambres d’agriculture, il estime que les départements du sud sont plus soumis à la pression que ceux du nord. « Nous devons retravailler le réseau », déclare David Chauve en s’interrogeant sur les non-votants.

« Ce sont des adhérents et non pas des militants. Et notre travail n’est pas assez reconnu. » Des lignes syndicales plus dures ainsi qu’une redéfinition des missions des chambres d’agricultures sont des propositions portées par le syndicalisme.

Enfin, le secrétaire général de la FRSEA salue le courage des Isérois « pour gérer les élections et le congrès de la FNSEA, deux gros morceaux ».

Des victoires qui ne sont pas les leurs

Dans son discours de clôture, Jérôme Crozat a insisté sur le déficit du budget du syndicat.

« Moins d’adhérents, des manifestations, un ras-le-bol, la baisse des cotisations des associations spécialisées, des frais de congrès, des changements chez les salariés et moins de production : les agriculteurs ont douté et nous avons perdu des points », constate le président de la FDSEA.

 Il espère que l’organisation du congrès de la FNSEA sera un pari gagnant et de nature à « changer quelques visions grâce au travail avec les collectivités locales ».

Le syndicaliste cite la fable du Laboureur et ses enfants et conclut : « Nous n’avons pas de trésor caché. Nos richesses viennent de notre engagement collectif et de notre capacité à semer aujourd’hui les grains du succès de demain. »

Il cite également la fable du Corbeau et du renard, pour « mettre en garde contre les belles paroles et ceux qui s’approprient des victoires qui ne sont pas les leurs. »
Isabelle Doucet

Ils ont dit

Tribune d'élus
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l'Isère, Cyrille Madinier, vice-président du Département et Nicole Di Maria, maire de Cras.

Nicole Di Maria, maire de Cras. La petite commune rurale du Sud-Grésivaudan avait déjà accueilli le congrès de la FDSEA par le passé. Dans son mot d’accueil, la maire a indiqué que « l’agriculture est l’économie essentielle du village ». « Nous avons vraiment besoin de vous », a-t-elle lancé tout en remarquant cependant qu’il y avait très peu de femmes dans la salle.


Cyrille Madinier, vice-président en délégué à l’agriculture du Département de l’Isère, a félicité la FDSEA pour sa victoire à l’élection à la Chambre d’agriculture de l’Isère et Aurélien Clavel, ainsi que son bureau, pour son élection à la présidence de la chambre. « Je vois le travail qui est fait au quotidien », a-t-il insisté en mentionnant le soutien à l’agriculture du Département et de la Région dans le cadre du Feader. « L’agriculture en France n’est pas négociable » a insisté l’élu qui défend la présence des agriculteurs dans les conseils municipaux. « Ce sont eux qui connaissent le mieux leurs communes ! ». Les élections municipales se dérouleront en 2026. L’alimentation locale, le foncier, le PAA, la marque IsHere… : Cyrille Madinier a dressé la liste des dossiers portés en commun avec les agriculteurs. « Nous devons être acteurs de nos décisions et non dans l’attente, mais dans l’anticipation et pour cela, nous comptons sur la FDSEA et la chambre d’agriculture ».

Jérôme Crozat, le président de la FDSEA a demandé à la cheffe du service agricole de la DDT de proposer à la préfète de l’Isère de prendre un arrêté départemental pour surseoir à l’arrêté qui fixe de ne plus entretenir les haies à partir du 15 mars. « Ce qui est ridicule : la neige n’a pas fondu en montagne et les agriculteurs, qui essaient de limiter leurs coûts et travaillent en Cuma, n’auront pas fini avant le 15 mars. Cette directive européenne est une utopie. » De nombreux départements ont déjà obtenu une dérogation.

Ségolène Bailly, cheffe du service agriculture à la DDT a souligné quant à elle « la qualité du climat de dialogue tout au long de l’année avec la FDSEA et le grand nombre d’avancées ». Elle a remercié « tous les représentants de la FDSEA qui siègent en commissions et leur présence assidue ».

 

14 victoires pour la FNSEA et JA

« Avec l’adoption des lois de finances et de finances de la sécurité sociale (PLF et PLFSS) il y a quelques jours et l’adoption définitive de la loi d’orientation (LOSARGA), ce sont 400 millions d’euros qui vont arriver dans les cours de ferme. Enfin ! » s’est exclamé Jérôme Crozat en présentant dans son rapport d’activité les 14 principales victoires que JA et la FNSEA ont obtenues :
- Maintien du tarif défiscalisé du GNR pour 2025
- Augmentation de 20 à 30 % de l’exonération de Taxe sur le foncier non bâti (TFNB)
- Validation de la « provision élevage » permettant de déduire jusqu’à 15 000 € par exploitation pour compenser la hausse de la valeur du cheptel bovin.
- Exonération partielle de 30 % de la déduction pour épargne de précaution (DEP) en cas de réintégration à la suite de la survenance d’un sinistre climatique ou sanitaire ;
- Maintien des deux crédits d’impôt HVE et Remplacement ;
- Application dès 2026 du calcul de la retraite sur les 25 meilleures années ;
- Pérennisation du TO-DE ;
- Augmentation du seuil du régime micro-BA en GAEC de 370 000 à 480 000 € ;
- Dépénalisation de certaines infractions environnementales ;
- Installation-transmission : droit à l’essai pour les jeunes ;
- Installation-transmission : : mesures fiscales pour faciliter la cession à un JA ;
- Installation-transmission : autorisation de cumul des exonérations jeunes agriculteurs avec les réductions de taux de cotisations familiales et maladie ;
- Installation-transmission : Aide au passage de relais en faveur d’une installation aidée.

 

Question de communication

Les dernières élections aux chambres d’agriculture font poser aux syndicalistes de la FDSEA la question des moyens et de leur stratégie de communication. « Comment faire savoir que des choses se font ? Il y a un chantier énorme à mener avec la FDSEA, les JA et la chambre d’agriculture », explique Aurélien Clavel, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère. Côté information, il rappelle que Terre Dauphinoise reste un média « plutôt très lu par les élus », mais regrette que les plus jeunes agriculteurs se montrent « susceptibles » à tout ce qu’ils voient dans les JT.

Images du congrès