« Nous allons atteindre plus de 1 000 brebis disparues »

« Nous sommes déçus, les officiels ne sont pas passés, regrette Roland Bouvier le vice-président de l'association des éleveurs ovins de l'Isère. Nous aurions aimé leur parler des gros problèmes auxquels nous sommes confrontés en Isère. A la fin des alpages, nous allons atteindre plus de 1 000 brebis disparues à cause de la prédation. Nous espérions rester sur trois chiffres. C'est l'équivalent de trois gros élevages. Nous aurions pu fournir un cheptel gratuit à quatre jeunes qui s'installent. En 2014, les mesures de protection ont coûté plus de 750 000 euros. Avec les indemnisations pour perte nous allons atteindre plus d'un million d'euros et l'on nous parle de faire des économies ? » Cet été, à l'issue de la deuxième rencontre avec le préfet liée aux attaques de loup répétitives, il a été conseillé aux éleveurs isérois de redoubler les demandes de tirs de défense pour entrer dans le cadre des autorisations de battues. « Que tous les éleveurs fassent une demande de tir, c'est valable un an, cela couvrira donc les montées en alpages de 2015 », insiste Roland Bouvier.
« Nous ne sommes pas des chasseurs »
Eleveurs de plaine et transhumants, affichent aujourd'hui une belle unité face aux dangers qui pèsent sur leur métier. « Si l'on totalise tous les problèmes que nous rencontrons en alpage, autant vendre son troupeau. Pourquoi faire de l'agneau d'alpage si c'est pour le faire manger ? », interpelle-t-il. Ce que veulent les éleveurs : « Continuer à produire des agneaux le mieux possible et travailler en alpage. Ce n'est pas aux bergers ou aux éleveurs de régler le problème des tirs de protection. Nous ne sommes pas des chasseurs ». La question des mesures de protection est tout aussi complexe. Un alpage où les brebis sont libres jour et nuit est beaucoup plus productif qu'un alpage où les bêtes sont parquées le soir. Poids, entretien des animaux : les différences sont significatives. Quant à la gestion des chiens de protection, elle reste une affaire délicate notamment dans les zones fréquentées par les promeneurs. « Enfin, les cabanes de nuit ne sont pas toutes équipées et surtout, le berger ou l'éleveur en montagne ne peut pas s'occuper du troupeau la journée et du gardiennage la nuit. Quand dort-il, a-t-il une vie privée ? », interroge Roland Bouvier. Le fléchage des subventions l'insupporte également. « Nous avons besoin d'aides. Les éleveurs sont les premiers écologistes qui entretiennent les espaces », insiste-t-il.
A la recherche d'agneaux
Pour autant, la foire de Beaucroissant reste un temps de grand convivialité et propice aux transactions. « Nous n'avons jamais vendu autant de bêtes. Le stand ovin a très bien marché, quelle ques soient les races. Les échos sont les mêmes sur le foirail avec du bétail qui s'est très bien vendu », constate Jean Ginot, éleveur de moutons charollais à Saint-Antoine-l'Abbaye et cheville ouvrière du syndicat. « L'Isère manque d'agneaux. C'est le premier département de France où la majorité des producteurs sont en vente directe ; les coopératives sont à la recherche d'agneaux par manque de producteurs », confirme Roland Bouvier. Le cheptel isérois s'établit à environ 40 000 brebis et cofmprend de nombreuses races, depuis les races prolifiques de plaines aux plus rustiques de montagne. La romane et la grivette sont les plus répandues aux côtés du mouton charollais, du sufolk ou du mouton vendéen. Quant à la petite agnelle à gagner le week-end dernier sur le stand ovin, elle pesait tout de même 33,4 kg et a été remportée par un visiteur des Hautes-Alpes, la foire attirant un large public venu des départements alentour.