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Questions à

On sanctionne les personnes qui habitent en milieu rural

Michel Champon, maire de Saint-Geoirs, président de l'association des maires ruraux de l'Isère, vice-président à la solidarité de la CC de Bièvre-Valloire et président du Tacot alors que le mouvement de protestation contre la hausse du prix du carburant est très fort dans les territoires ruraux.
On sanctionne les personnes qui habitent en milieu rural

Pour quelle raison le mouvement de protestation (1) contre la hausse du prix du carburant est si important dans les territoires ruraux ?

Cette question repose sur celle des déplacements.

On sanctionne les personnes qui habitent en milieu rural et ont besoin de se déplacer pour aller travailler.

Ce mouvement ravive les oppositions entre urbains et ruraux. Et les politiques pratiquées, au lieu de regrouper tout le monde, ont tendance à éloigner les populations.

Je suis particulièrement inquiet pour les ménages pauvres que de telles politiques installent dans la misère. C'est une politique pour les urbains, dictée par Paris.

La question des territoires ruraux n'a pas été prise en compte ?

Les régions, les départements, les intercommunalités font très bien leur travail. Il faut se servir de ces leviers pour défendre les territoires.

Je suis pour le regroupement des communes et la mutualisation des moyens humains et matériels qui sont une priorité. Et les premières économies passent par là.

Si le gouvernement faisait l'effort, lui aussi, de faire des économies, sa politique serait mieux perçue.

Surtout, vivre dans la ruralité, c'est une question de qualité de vie. On se bat pour cela. On sait que cela représente un coût. Les intercommunalités mettent en place des outils comme les PLUI(2) qui, bien réfléchis, apportent une plus-value aux territoires.

Quand le foncier dans l'agglomération n'est pas abordable, il faut que les populations trouvent le moyen de se loger.

Mais, avec de telles politiques, on n'offre plus ce choix à ces personnes, étranglées partout où elles passent.

Comment gérez-vous cette question de la mobilité ?

Nous mettons tout en œuvre au niveau de la mobilité. C'est un point noir pour les territoires ruraux. Cela pose la question de la mise en place de la transversalité.

L'association « Le Tacot Bièvre-Valloire Mobilité » reçoit beaucoup de familles en détresse pour lesquelles nous sommes la première roue de secours.

Nous sommes dépassés par la demande et les financements sont de plus en plus difficiles à trouver.

Le problème est celui du manque de moyens et c'est l'utilisateur final qui paye.

La devise de notre intercommunalité est : où que l'on habite, on doit avoir accès aux mêmes services. La culture, la santé, l'emploi etc. ne doivent pas être réservés aux urbains. 

Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?

La hausse du prix du carburant, c'est le trop plein.

Le gouvernement est peut-être allé trop vite sur cette question, comme cela a été le cas avec la suppression de la taxe d'habitation.

Il faut expliquer les choses, mettre de vraies politiques en place dans un souci d'équité, car on va vers une politique des pauvres et une des riches.

Il y a un sentiment d'écœurement chez les élus et les habitants des milieux ruraux, à un an et demi des élections municipales.

Propos recueillis par Isabelle Doucet

(1) Aussi appelé mouvement des Gilets jaunes ou du 17 novembre

(2) PLUI : plan local d'urbanisme intercommunal