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Bilan

Où se cache le loup ?

Deux fois moins d'attaques sur les troupeaux imputées au loup cette année en Isère : ces chiffres reflètent mal la réalité des alpages. Alors, protection, discrétion, topographie ou météo ? Les explication à ces variations son multiples.
Où se cache le loup ?

A la même date comparée à l'an, le bilan des attaques de loup apparaît en retrait en Isère. «Deux fois moins d'attaques et deux fois moins d'animaux indemnisés»,  annonce Charles Arathoon, le directeur départemental des territoires. Il le reconnaît pour autant : il n'y a pas moins de loups dans le département et d'aucuns savent que des louveteaux sont nés en 2013. Le responsable de l'Etat voit une explication dans la montée tardive des troupeaux en alpages, par une météo clémente facilitant leur gardiennage et par une meilleure protection des troupeaux. Mais Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d'agriculture, préconise une grande vigilance.

Fin août, le loup a en effet attaqué en Belledonne au moment où les bergers rassemblent leurs troupeaux pour descendre d'un étage. Le prédateur enregistrait un léger retard dans ses offensives, sans doute dû au printemps pluvieux et aux naissances tardives. Mais à la Fédération des alpages de l'Isère, le constat reste identique : « C'est une cohabitation imposée, il n'y a pas moyen de mettre des distances entre le loup et les troupeaux », note son directeur Bruno Caraguel. Une présence sur le terrain, une permanence téléphonique sont les seuls moyens dont dispose la fédération pour être à l'écoute des éleveurs qui se sentent harcelés par le loup.

Cellule de soutien psychologique

Car les meutes sont bien présentes dans leurs secteurs habituels en Isère et à proximité des troupeaux. La pression exercée sur les ovins demeure très forte. Les loups se contentaient-ils jusque-là de bêtes isolées ? Ont-ils davantage attaqué sur le versant drômois du Vercors cette année, infléchissant quelque peu les statistiques ? Les secteurs les plus à risques seraient ceux nouvellement colonisés. L'ouverture de la chasse, le blanc-seing donné aux chasseurs par le ministre de l'Agriculture et la descente des troupeaux devraient favoriser un retour au calme.

Mais les blessures restent. C'est la raison pour laquelle Valérie Séchier, élue à la chambre d'agriculture, préconise l'installation d'une cellule de soutien psychologique, à l'image du dispositif déjà mis en place par la MSA de la Drôme et de l'Ardèche. « Notre objectif est de limiter l'impact psychologique lorsque les éleveurs subissent ces attaques. La prédation touche l'agriculteur dans son for intérieur. L'attaque est vécue comme un vrai harcèlement. Nuit et jour, l'éleveur soit suivre son troupeau, ce qui provoque son isolement », indique l'élue. Le principe serait que la MSA mette un numéro d'appel à disposition, à l'image de celui du Sillon dauphinois, avec comme interlocuteurs, des professionnels formés à la détresse psychologique, économique et sociale causée par le loup.

Pour l'élue, les éleveurs se sont détournés du plan loup  parce que « l'accepter revient à accepter le loup en alpages ». Elle émet aussi quelques doutes quant à l'efficacité du dispositif : « Sur 108 affûts, les chasseurs n'ont vu que trois fois le loup et seules deux demandes de prèlèvement ont été déposées. On peut augmenter le nombre de loups à prélever, cela ne changera rien ». Elle résume ce que pense la profession : « L'Etat a accompagné l'arrivée des loups. Il doit gérer tous les problèmes générés par sa présence ».

Isabelle Doucet

Elue à la chambre d'agriculture, Valérie Séchier préconise la création d'une cellule de soutien psychologique pour les éleveurs dont les troupeaux ont été victimes d'attaques de loups.

Moins de victimes ?

Les chiffres de 2013 apparaissent très en retrait comparés à ceux de l'an passé.

En 2012, en Isère, le nombre de victimes déclarées du prédateur, des ovins majoritairement, mais aussi des bovins, s'élevait à 222 bêtes, tuées en 46 attaques. En 2013, les services de l'Etat enregistrent 40 constats (dont 25 indemnisés et trois en cours) pour un total de 107 victimes déclarées et 95 indemnisées. Les dernières attaques ont eu lieu dans les hauts plateaux du Vercors et en Belledonne sur des bovins. Enfin, il n'y a eu que deux demandes de tirs de prélèvements en Isère.