Petit marché gagnerait à être connu

Si seulement ils étaient plus nombreux ! En phase test depuis septembre 2014, les quatre marchés mensuels lancés dans la communauté de communes de l'Isle-Crémieu peinent à trouver leur vitesse de croisière. Les quatre producteurs qui participent à l'initiative, mais aussi leur clientèle aimeraient que l'offre s'étoffe pour rendre le projet plus attractif. Les jours et les horaires conviennent, manque la dynamique. Les marchés ont lieu à Siccieu-Saint-Julien et Carizieu, Annoisin-Chatelas et à Dizimieu (à partir du mois d'avril), un vendredi par mois, de 15h30 à 18h30. Faute de succès, celui de Leyrieu sera sûrement remplacé par un autre village.
Mis en place par la classe de BTSA développement et animation des territoires ruraux (DATR) du lycée Paul Claudel à Crémieu, le projet gagnerait surtout à être connu. « Nous devons développer une offre commerciale. Il nous faut faire connaître les horaires, les dates et le fonctionnement du marché. Mais aussi chercher d'autres producteurs pour participer », reconnaît Clémence Charretton, étudiante en BTSA au lycée Paul Claudel. « Les producteurs sont motivés, ils veulent que le marché fonctionne et partagent ce même souci d'être plus nombreux », poursuit-elle. L'appel est donc lancé. Pour mieux cerner les attentes, une autre classe de BTS conduira une enquête sur les marchés à partir des beaux jours. « Il faudra aussi que s'installe une dynamique, en partenariat avec les municipalités ou le milieu associatif, avec de petites animations », complète Véronique Rochedy, animatrice du comité de territoire de la Boucle du Rhône.
Du choix
« Nous étions très contents de la mise en place de ce marché. Nous avons arrêté celui que nous faisions à Sainte-Foy-les-Lyon, pour ce marché itinérant. Mais c'est microscopique. Cela ne peut intéresser qu'un petit producteur et puis, il faut faire vivre le village autour », explique Claire Hamidi, de la ferme du Chapiron à Parmilieu. Avec son époux, elle élève des porcs en plein air de race gasconne (noirs) ou Duroc (couleur brique). Les animaux sont engraissés jusqu'à l'âge de 15 à 18 mois, puis entièrement transformés. La production est d'une dizaine de porcs par mois. Les éleveurs sont la cheville ouvrière de ce petit marché qui a déjà l'abandon d'un producteur de fromages. « Les gens se déplaceraient plus, s'il y avait plus de choix. Il faudrait un nouveau fromager », note l'exploitante.
Claire Hamidi reconnaît qu'une telle initiative est longue à mettre en place. « Le temps que les gens nous connaissent, cela peut prendre plus d'un an. Ce serait bien d'attirer une clientèle au-delà du village, intéressée par des produits différents et qui s'adapte aux petits producteurs. On s'accroche, on aimerait que ça vive. Certaines mairies s'investissent ». Pour l'heure, les exploitants tournent sur les marchés avec Gilles et Cédric Douillet de Biodou, producteurs de fruits et légumes bio à Saint-Marcel-Bel-Accueil, et sont soutenus par Mickaël Rivoire, de la boulangerie des Girouettes à Panossas. Depuis 2013, ce dernier propose un pain bio au pur levain qui a déjà rencontré son succès alentour. « Nous sommes même dépassés tellement la demande est importante », reconnaît-il. Au maximum de sa production, il fournit 75 kilos de pain par jour, sans pétrin mécanique. Il travaille avec sa compagne et ne dispose pas de point de vente. Alors, quand les étudiants l'ont contacté, il a trouvé l'idée intéressante. « L'édition test à Dizimieu a bien fonctionné, puis cela s'est essoufflé en fréquentation. C'est un équilibre difficile et fragile pour un marché en construction ». Le boulanger sait qu'à long terme il ne poursuivra pas l'expérience. Il reste présent pour soutenir le décollage. « Le souci, c'est de faire changer les habitudes des gens », analyse-t-il. Il attend les résultats de l'enquête menée par les étudiants. « Les quelques clients du marché sont vraiment satisfaits car ils trouvent des produits locaux de qualité, avec des producteurs qui font attention », fait-il valoir.