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Elevage porcin

Porc : attention à la gale

Les parasites externes ne causent pas de pertes directes par mortalité. Mais s'ils sont négligés, leur impact sur les performances de l'élevage peut avoir de sérieuses incidences économiques.
Porc : attention à la gale

Les poux et la gale sont les deux parasites externes qui affectent le porc. En régression depuis plusieurs années, les premiers sont généralement le signe d'une dégradation sanitaire de l'élevage. Bien visible grâce à sa grande taille (3 à 6 mm), le pou du porc (haematopinus suis) est un parasite assez plat qui pique, surtout dans les régions à peau fine (arrière des oreilles) pour se nourrir du sang de son hôte. La femelle pond trois à quatre œufs par jour, qui évoluent en nymphe en 12 à 20 jours. Les symptômes se traduisent par du grattage (prurit), une anémie plus ou moins sévère, voire un agacement des animaux qui peut conduire à un écrasement des porcelets sous la mère.

Impact économique

Bien plus fréquente, la gale est une maladie dont l'importance économique est souvent sous-estimée. Elle peut avoir un impact non négligeable sur les performances de l'élevage, notamment en ce qui concerne la conversion alimentaire en engraissement, la vitesse de croissance des animaux (les porcs passent plus de temps à se gratter qu'à manger, d'où une baisse du gain moyen quotidien de 5 à 10%), et même la reproduction. Plus nerveuses, les truies infestées peuvent en effet représenter un risque pour les porcelets (mortalité périnatale, mise-bas longue, cannibalisme, bagarres, écrasement...). Enfin, même si la gale n'est pas source de saisie à l'abattoir, elle entraîne des pertes en raison du parage des carcasses qui, une fois échaudées, présentent des lésions cutanées.

Hypersensibilité

Le responsable de ces difficultés est un petit acarien, le sarcopte scabiei suis, qui se transmet par contact avec des animaux ou des matières infestées (le bardage bois pas exemple). Chez les porcelets en lactation, la contamination par la mère est rapide, mais ne présente que peu ou pas de symptôme. En revanche, chez le porcelet sevré, on constate un phénomène d'hypersensibilité, qui se traduit par une forme allergique généralisée plus ou moins intense.

En extérieur, le cycle de vie du sarcopte scabiei suis est de deux à quatre semaines, selon les conditions (le frais humide est favorable à sa survie). Fécondée une seule fois, la femelle, pond un à trois œufs tous les jours pendant un mois et les œufs éclosent au bout de cinq à sept jours. Des données à ne pas négliger au moment de l'application des traitements. 

Diagnostic

Le diagnostic ne pose généralement pas de problème. Il s'opère soit par raclage cutané et analyse clinique en laboratoire, soit par calcul de l'index de dermatite (ID) à l'abattoir. Dans les ateliers naisseurs-engraisseurs, la détection de la gale sur les carcasses échaudées des porcs à l'engraissement permet de dire si la gale est ou non maîtrisée au sein de l'élevage.

Il existe plusieurs types de traitement. Parmi les molécules préconisées par le docteur Patrice Naval, sollicité par la section Porc du GDS38, on retrouve l'ivermectine (recommandée en sous-cutanée) ou le phoxim qui se pulvérise sur la ligne du dos. L'ivermectine se présente également sous forme orale, mais « c'est un aliment médicamenteux. Il est donc soumis à ordonnance conforme », prévient le vétérinaire. Quant au phoxim, qui présente l'avantage d'être coloré, « c'est une bonne alternative, mais si vous êtes en bâtiment et que vous traitez tout le monde, pensez à aérer. » A noter : ces traitements sont aussi efficaces sur les poux et les tiques. En alternatif, les éleveurs peuvent recourir à l'huille essentielle d'arbre à thé (tea  tree) en dilution dans un support huileux (« C'est important pour déloger la gale dans sa galerie : ça l'étouffe », précise le docteur Naval), ainsi qu'à l'huile de lavande. En homéopathie, psorinum peut être associé aux remèdes des symptômes et lésions.

Protocole de traitement

Face à la gale, le traitement par bande limite mieux le risque de transmission aux porcelets. Il permet aussi de répartir le travail (et la dépense) dans le temps. Mais il présente un risque de re-contamination rapide au sein du troupeau de truies. En cas d'infestation importante, il vaut mieux traiter le cheptel entier pour limiter une re-contamination rapide), mais cela représente un coût et une mobilisation de main-d'œuvre non négligeables. Le docteur Naval met aussi en garde contre le risque de transmission aux issus, plus facile pour certaines bandes.

En dépit d'une rémanence faible des produits, le traitement par pulvérisation a la faveur du vétérinaire, dans la mesure où cela permet une action sur l'environnement des animaux (cages, cases...). Mais il ne faut pas hésiter à procéder à deux applications à deux ou trois semaines d'intervalles. « Si on ne le fait qu'une fois, ça rechute, surtout dans les cas avancés », avertit Patrice Naval qui ajoute : « La gale n'est pas résistante. Les traitements marchent, mais c'est souvent l'application qui pèche. » Fréquentes, les erreurs de traitement sont généralement dues à un problème de dosage, à une mauvaise estimation du poids des animaux ou à l'oubli de certains animaux (verrats, cochette en quarantaine). Un échec suite à une administration intragraisseuse d'invermectine peut aussi être dû à une aiguille trop petite ou un lieu d'injection inadéquat.

Marianne Boilève